Dans le cadre du festival de la luz (130 expositions photos dans 30 villes argentines), la française Catherine Balet expose pour la première fois un travail étonnant qu'elle a appelé "Strangers in the light". Ses photographies sont visibles jusqu'au 21 septembre à l'Alliance Française de Buenos Aires.
Comment vous est venue l'envie de ce projet photographique ?
Je travaille toujours sur des sujets contemporains de société. J'étais peintre avant mais cela fait dix ans que je me suis tournée vers la photo. J'ai donc une approche artistique de sujets contemporains : je suis toujours à la recherche de quelque chose de nouveau à dire. En 2006, j'ai vu, un jour, un couple qui se prenait en photo dans la mer avec un téléphone portable. Il y avait un magnifique clair de lune : j'ai senti un flash très fort et cela m'a fait penser à la peinture classique allemande. En même temps, ces jeunes qui se prenaient en photos partageaient ce moment avec leurs amis sur les réseaux sociaux. L'espace-temps est très différent aujourd'hui qu'autrefois. Un rapport contemporain – classique s'est imposé à moi.
Pourtant ces photos décrivent des situations tout à fait contemporaines... Votre travail doit être vu comme une critique et une dénonciation de l'usage des technologies ?
J'ai commencé à faire des portraits de jeunes d'aujourd'hui. A quoi ressemblent-ils ? Ils ont tous une prothèse numérique à la main, un casque sur les oreilles. C'est en réalisant le portrait de deux jeunes filles dans leur chambre que j'ai eu l'idée de garder les sources de lumière venant des appareils.
Quand j'ai démarré ce projet, j'ai visité les musées en étant obsédée par la lumière des ordinateurs et je réinterprétais les tableaux éclairés par les objets technologiques. J'ai commencé les premières photos en m'inspirant de tableaux. Il y a certaines photos qui sont plus en référence aux peintures classiques mais plus j'avançais dans le projet, plus j'avais envie de raconter comment les technologies avaient envahi notre quotidien. J'ai essayé de décliner tous les environnements où les technologies sont désormais présentes. Parfois le sujet l'emporte sur la référence au tableau.
Comment avez-vous été sélectionné pour le Festival de La Luz ?
Depuis deux ans à Arles, je participe à des rencontres appelées Portfolio où des jeunes photographes présentent leur travail à des professionnels afin d'avoir un feed-back sur leurs réalisations. C'est là que j'ai rencontré Elda Harrington (directrice du Festival de la Luz) à qui le projet a beaucoup plu et elle m'a proposé d'exposer. Ces photos sont destinées à être publiées dans un ouvrage qui sortira à la fin de l'année en France.
Par ailleurs, des rencontres portfolio sont organisées dans le cadre même du Festival de la luz.
Article et vidéo par Caroline Béhague (www.lepetitjournal.com - Buenos Aires) lundi 20 août 2012




































