

Khaled Fazaa/AFP
(Rédaction internationale) ? Il y a tout juste un mois, un Airbus A330 d'Air France qui effectuait la liaison Rio-Paris disparaissait en mer, faisant 228 morts. Dans la nuit de lundi à mardi, un nouveau drame est venu relancer la polémique sur la sécurité du transport aérien : un Airbus A310 opéré par la compagnie Yemenia reliant Sanaa (Yémen) à Moroni (Grande Comore) s'est abîmé à proximité des côtes comoriennes avec à son bord 153 personnes (voir notre article). A ce jour, une seule survivante a été retrouvée. Si les causes du crash sont encore inconnues, il ne fait aucun doute pour la communauté comorienne que l'accident aurait pu être évité
La communauté comorienne sous le choc
La plupart des victimes du crash de l'A310 étaient originaire des Comores, "un choc terrible"pour Stéphane Salord, consul des Comores à Marseille. La diaspora comorienne en France est estimée à 260.000 personnes -dont environ 100.000 pour la seule ville de Marseille- dont beaucoup ont la nationalité française. Certains se rendent régulièrement aux Comores, en particulier en été, et n'ont guère d'autre choix que de voyager à bord des appareils de la compagnie Yemenia qui dispose d'un vol régulier entre Paris et les Moroni, via Marseille et Sanaa.
Si la première partie du voyage se passe correctement, la seconde laisse à désirer, et la communauté comorienne dénonce depuis longtemps les conditions de vol sur cette ligne : les places ne sont pas attribuées, certains fauteuils sont déchirés ou dévissés, les coffres à bagages ne ferment pas, les ceintures de sécurité sont défectueuses, etc. Une association, SOS voyage aux Comores, a d'ailleurs été mise en place l'année dernière. En août 2008, à l'appel de l'association, 300 personnes avaient manifesté devant l'aéroport de Marignane. Pour beaucoup, cet accident était prévisible, mais aurait pu être évité. Le président de l'association dit d'ailleurs avoir alerté "il y a encore moins d'une semaine, les ministères français des Transports, des Affaires étrangères et de l'Intérieur".
"Liste noire"et "avions poubelles"
Pourtant, malgré ces dénonciations répétées, rien n'a changé. Le secrétaire d'Etat aux Transports Dominique Bussereau, déclarait hier que lors de l'inspection de l'avion en 2007, "de très nombreux défauts"avaient été constatés. Et si la compagnie Yemenia n'avait jusqu'à présent connu aucune catastrophe aérienne et ne figurait pas sur la "liste noire"européenne des compagnies aériennes, elle était classée dans la catégorie C, faisant l'objet d'un "contrôle renforcé", et l'appareil incriminé était interdit d'accès au territoire français.
Mais le crash de lundi vient mettre en évidence les limites de ce fichage : s'il est possible d'interdire à ces compagnies d'effectuer des vols en France, rien ne les empêche d'être présentes sur d'autres destinations. Quant aux restrictions imposées à certains avions, les compagnies aériennes peuvent facilement la contourner : dans le cas du vol Paris-Moroni, le vol depuis la France jusqu'au Yémen est assuré par des appareils aux normes européennes, puis, lors de l'escale à Sanaa, les passagers qui poursuivent leur route changent d'avion pour emprunter un A310 interdit de vol en Europe.
L'Union Européenne a proposé de mettre en place une "liste noire"mondiale. Mais l'idée semble difficilement envisageable. Actuellement, une seule organisation est responsable de la réglementation du transport aérien au niveau mondial: l'Organisation de l'aviation civile internationale (Oaci). Mais elle n'a aucun pouvoir de contrainte et se contente de contrôler et d'émettre des rapports, dont les Etats sont libres d'appliquer ou non les recommandations.
Audrey Vassalli (www.lepetitjournal.com) mercredi 1er juillet 2009
Pour en savoir plus :
La liste noire de l'Union Européenne
Le Figaro : L'UE réclame une liste noire aérienne mondiale
Le Figaro : Yemenia: un vol annulé à Marseille


































