Avec la fin de l’amnistie pour les visas qui sont arrivés à expiration au 26 septembre, le consul honoraire de France à Chiang Mai, Thomas Baude fait face à des demandes plus nombreuses qui dépassent les limites de sa fonction.
Thomas Baude exerce la fonction de consul honoraire de France à Chiang Mai depuis 1995. Un poste qui après plus de 25 ans lui tient toujours à coeur, d’autant plus que la communauté française dans le nord du pays "pose assez peu de problèmes", selon lui, même en période de crise.
L’épidémie du nouveau coronavirus a bien entendu changé un peu la manière de travailler avec l’arrêt des permanences en présentiels entre le 26 mars et le 1er juin, sans pour autant interrompre la délivrance des documents nécessaires. Au début du mois de juin, Thomas Baude a eu un accident cardio-vasculaire qui l’a mis au repos forcé pendant quelques jours et, depuis le mois de juillet, il est de nouveau disponible tous les jours de la semaine de 10h à midi dans les bureaux de l’Alliance française de Chiang Mai.
S'il reçoit toujours les Français dans les locaux de l'Alliance française, Thomas Baude a par contre pris sa retraite de son poste de directeur de l'Alliance française, sa remplaçante devrait arriver au début du mois d'octobre.
Après une période relativement calme, la fin le 26 septembre de l’amnistie pour les visas arrivés à expériration, plusieurs touristes viennent le voir dans l’espoir de trouver une solution ou de se voir délivrer une lettre pour bénéficier d’une extension de 30 jours supplémentaires auprès de l’immigration, un document qu’un consul honoraire ne peut pas fournir.
Lepetitjournal.com/chiang-mai a rencontré Thomas Baude pour faire le point sur les problèmes auxquels fait face la communauté française de Chiang Mai, les changements au sein de celle-ci et les relations avec l’ambassade de France à Bangkok.
Qu’est-ce que le Covid-19 a changé dans votre manière de travailler ?
Je suis les directives de l’ambassade de France à Bangkok. Pour rentrer dans mon bureau, les gens doivent porter le masque, se laver les mains, je ne prends pas la température parce que je fais confiance.
Au mois de mars, au tout début de la pandémie, j’avais fait un discours devant une centaine de personnes dans le jardin de l’Alliance française de Chiang Mai. Il y avait surtout des jeunes en visa touristique, ils se demandaient ce qu’ils devaient faire : rentrer ou rester. J’ai été très direct, avec le sourire évidemment, je leur ai conseillé de se rapprocher de Bangkok et qu’il valait mieux rentrer en France, qu’au moins là-bas, ils seraient couverts, car s’il arrivait quoique ce soit ici, ce n’était pas certain que les assurances les prennent en charge. D’autant plus que la plupart ne sont pas assurés.
Avec les retraités qui ont des visas longs séjours, comme d’habitude il n’y a pas de problème, mais il y a encore des Français avec des visas de touristes et qui en dernière minute se tournent vers moi.
Avec la fin de l’amnistie pour les visas le 26 septembre, quelles sont les solutions qui existent pour les Français ?
Les consulats de provinces n’ont pas l’autorité pour signer les lettres que l’immigration demande, il faut la signature de l’ambassadeur et lui-même n’accorde ce document que s’il n’y a pas d’avions -et il se trouve qu’il y a des vols vers la France et d’autres pays d’Europe- ou pour des raisons médicales.
Les Français qui sont en difficultés par rapport à leur visa peuvent envoyer un mail à l’ambassade à cette adresse : coronavirus.bangkok-amba@diplomatie.gouv.fr.
Après, les Thaïlandais ne vont sans doute pas laisser tomber complètement les personnes qui sont en difficulté avec leur visa. Même s’ils ont prévenu plusieurs fois que ce serait la dernière amnistie, ils vont peut-être venir avec quelque chose en dernière minute.
J’ai aussi quelques compatriotes qui sont venus me voir après avoir entendu que les autorités allaient mettre en place un visa de touriste long séjour. Ils me viennent me voir pour savoir s’ils peuvent en bénéficier, mais sur ces questions, il faut aller voir les Thaïlandais ou l’immigration, ce sont eux qui donnent les visas, pas moi!
A tous les coups, je m’attends à voir venir des Français dans mon bureau le lendemain de la fin de l’amnistie!
Combien de Français avec un visa touristique souhaitent rester en Thaïlande ?
C’est une bonne question à laquelle je ne peux pas répondre. Je ne peux qu’avoir une idée avec les personnes qui viennent me voir, mais ce ne sont pas des statistiques fiables. Hier, j’ai eu 4 personnes qui sont venues me voir et qui étaient dans cette situation-là.
Depuis le mois de mars, quels sont les changements que vous avez pu constater au sein de la communauté française ?
Il y a une partie de la communauté qui est toujours absente depuis le mois de mars, ce sont les personnes qui ont des visas longs séjours et qui sont coincés en France, leur femme ou leur compagnon peuvent rentrer, mais pas eux, pour d’autres leur famille les attendent ici depuis le mois de mars.
Depuis le début de l’année, il y a eu une vingtaine de mariages entre des Français et Thaïlandais. Un chiffre stable par rapport aux années précédentes. Par contre, il y a un nouveau phénomène, j’ai eu 6 ou 7 mariages de Françaises avec des Thaïlandais. C’était très rare avant et cela fait quand même plus de 25%! En général ce sont des hommes français qui se marient avec des Thaïlandaises.
Je reçois aussi plus de personnes qui résident à Chiang Rai ou dans d’autres provinces où il n’y a pas de consul honoraire. Pour le moment, c’est la période des visas et des certificats de vie, j’en vois donc beaucoup plus qui font la route pour venir me voir. J’ai aussi quelques Belges qui viennent de temps en temps, cela va sans doute changer vu qu’il y a un nouveau consul honoraire de Belgique à Chiang Mai.
Quelles sont les relations avec l’ambassade de France à Bangkok ?
Les relations sont bonnes et pendant les premiers mois de l’épidémie, ils réagissaient très rapidement. Tous les matins, j’allais sur le site internet de l’ambassade pour voir s’il y avait des changements. Nous avons aussi eu plusieurs réunions en visioconférence avec l’ambassadeur Jacques Lapouge et la consule.
En août, il y a eu une petite période où je ne savais plus vers qui me tourner en cas de pépin, mais c’est normal. Ici, les Thaïlandais ne comprennent pas trop que certains services s’arrêtent en août, mais dans l’administration française, ce n’est pas inhabituel. Heureusement, il ne s’est rien passé à Chiang Mai et donc je n’ai pas eu besoin de contacter l’ambassade.
Il y a peu, j’ai aussi reçu des appels de Français de Hat Yai ou Songkhla qui me demandaient un rendez-vous, ils me disaient qu’il n’y avait plus de consul honoraire à Phuket. Des rumeurs. (NDLR : Le consul honoraire de Phuket, Claude de Crissey continue d’exercer ses fonctions jusqu’en février 2021. La consule honoraire de Prachuap Khiri Khan, Anne-Marie Toudic assure son rôle également jusqu’en février 2021. L’Isan se retrouve sans consul honoraire depuis le 31 juillet 2020, Jean-Michel Perroy qui assurait la fonction de consul honoraire à Khon Kaen ayant atteint l’âge limite pour exercer sa fonction. Le consul honoraire de Suratthani, Alexandre Caporali est toujours en poste).
Combien de temps pouvez-vous être consul honoraire à Chiang Mai ?
Officiellement mon mandat arrive à terme en août 2023, j’aurais 68 ans à ce moment-là, donc s’il n’y a personne d’autre, je peux encore rester 5 ans. A ma connaissance, je ne vois personne qui serait intéressé à reprendre le poste pour le moment. Il faut quelqu’un qui parle thaïlandais, qui ne soit pas là juste pour le prestige du titre, mais parce qu’il s’intéresse à la communauté française.
Parler thaïlandais est une compétence nécessaire pour exercer le poste de consul honoraire ?
Pour avoir de bons rapports avec les officiels thaïlandais, oui bien sûr c’est utile.