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Thomas Baude: “Les Français posent très peu de problèmes à Chiang Mai”

Consul honoraire Chiang Mai Thomas Baude Consul honoraire Chiang Mai Thomas Baude
Catherine VANESSE - Thomas Baude est le consul honoraire de Chiang Mai depuis 1995
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 29 octobre 2019, mis à jour le 9 juillet 2020

Doyen des consuls honoraires à Chiang Mai, Thomas Baude évoque son rôle au sein de la communauté française et les changements au sein de celle-ci, une communauté qui fait face à peu de problèmes. 

Né à Bangkok, Thomas Baude a passé presque toute sa vie en Thaïlande. Après un début de carrière à l’Alliance française de Bangkok en tant que professeur de français, il est venu s’installer à Chiang Mai à la fin des années 1980 pour assurer la fonction de directeur de l’Alliance française de Chiang Mai et depuis 1995, il est consul honoraire dans la Rose du nord, une ville qu’il affectionne beaucoup, en particulier pour la gentillesse et l’amabilité de la population locale. 

Qu’est-ce qui vous a amené à devenir consul honoraire de l’ambassade de France à Chiang Mai ?

Je travaillais comme professeur de français à l’Alliance française de Bangkok, à un moment donné, ils ont eu besoin de quelqu’un à Chiang Mai, j’étais le seul volontaire. Il faut dire que j’avais le bon profil, j’étais célibataire, je parlais un peu le thaïlandais, donc j’ai pris mes fonctions à l’Alliance française de Chiang Mai à la fin des années 1980 en enseignant le français et en organisant des animations. 

En 1995, l’ambassade de France m’a demandé si je pouvais prendre la fonction de consul honoraire en remplacement de monsieur Vals, qui avait été le premier consul honoraire à Chiang Mai. En fait, j’assurais déjà un peu cette fonction sans avoir le titre. À l’époque, il n’y avait pas 50 avions par jour avec Bangkok, donc il m’arrivait d’aller visiter les expatriés français, d’identifier des touristes décédés… 

Quel est votre rôle aujourd’hui ?

Nous avons un rôle de lien entre l’ambassade et les autorités locales ainsi qu’entre l’ambassade et la communauté française. Comme nous sommes sur place, nous connaissons les gens, le chef de la police ou le gouverneur, cela facilite les relations. 

Mais surtout, j’assure une permanence tous les matins de 10h à 12h à l’Alliance française de Chiang Mai. En général, les Français viennent me voir pour obtenir des certificats de vie, faire légaliser des papiers ou des traductions, même pour les Belges. 

Et bien sûr, je suis joignable 24h/24 s’il y a un pépin. Souvent, c’est l’ambassade qui m’appelle, parfois la police locale, à 4 heures du matin pour me dire qu’il y a eu une bagarre, un mort ou un accident de bus. Les appels au milieu de la nuit, ce ne sont jamais de bonnes nouvelles. Après, nous pouvons nous retrouver à accueillir l’équipe de rugby de Saint-Cyr qui vient affronter pour un match amical l’armée thaïlandaise et là, on s’amuse!

Parfois je prends aussi le rôle de confesseur. 

Vous pouvez fournir des documents aux Belges ?

Il devrait y avoir prochainement un consul honoraire belge. En attendant, il m’arrive de tamponner des documents, à partir du moment où le ressortissant fait partie de l’Union européenne. Le consulat de Belgique m’a déjà appelé en me demandant d’aller rendre visite à un Belge pour m’assurer qu’il était toujours vivant. 

À Chiang Mai, nous sommes une vingtaine de consuls honoraires et je suis le doyen. Entre nous, on s’entend assez bien et on s’entraide entre les consuls de l’Union européenne. Si l’un de nous n’est pas disponible, il peut donner ses tampons à un autre consul pour valider les documents. En fait, il ne devrait y avoir qu’un seul consul avec une équipe de secrétaires pour l’Union européenne. 

Qu’est-ce qui a changé au sein de la communauté française en 25 ans ? 

La population française a un peu changé et les problématiques ne sont plus les mêmes. Aujourd’hui, il y a environ 800 Français inscrits à Chiang Mai, auxquels il faut ajouter environ 500 non-inscrits et les touristes de passage. La majorité des Français sont retraités, il y en a de plus en plus parce que Chiang Mai est une ville très agréable, mais il y a aussi des professionnels qui travaillent pour différentes entreprises françaises à Lamphun ou dans les call-centers, et puis il y a aussi des restaurateurs, des boulangers-pâtissiers, des hôteliers, etc. 

En 1995, il y avait beaucoup plus de problèmes avec les touristes et les jeunes à cause de la drogue : overdose, trafic, consommation, etc. À l’époque, j’effectuais plus de visites à la prison que maintenant. Actuellement, il n’y a qu’un seul Français à la prison de Chiang Mai, pour une histoire de drogue justement, il a pris 30 ans! Mais il n’est pas seul, il a de la famille ici. Mon rôle en tant que consul, c’est d’intervenir quand les gens sont seuls, on sert de relais avec la famille. 

Quelles sont les problématiques que vous rencontrez aujourd’hui ?

Il n’y a pas vraiment de problèmes. Il y a trois mois, le chef de l’immigration m’a confié que les Français étaient la population qui posait le moins de problème à Chiang Mai, j’étais le premier étonné! 

Pendant la saison touristique, nous rencontrons plus de problèmes avec les touristes, généralement pour cause de perte ou de vol de passeports. Je touche du bois, il y a assez peu d’accidents de la route avec des Français. 

Récemment, beaucoup de Français ont paniqué avec les changements de régulations quand les ambassades britanniques et américaines ont cessé de délivrer les certificats de revenus. Le TM30 a aussi suscité quelques inquiétudes même si c’est retombé depuis. La Thaïlande, c’est la politique du bambou, il y a toujours une flexibilité. 

Quelles sont les activités que vous organisez à l’Alliance française de Chiang Mai ?

Nous organisons des cours de français. Actuellement, toutes classes confondues, nous avons 300 étudiants. De plus en plus de nos étudiants sont des épouses thaïlandaises ou des futures épouses. Nous projetons également un film par semaine, il y a une bibliothèque et nous mettons en place des expositions de temps en temps, même si c’est plus rare. 

Vous êtes en Thaïlande depuis 40 ans, quels sont les changements majeurs que vous avez pu observer ?

Je trouve qu’à Chiang Mai, la population locale n’a pas du tout changé, elle est toujours aussi gentille et aimable. L’aspect de la ville a par contre beaucoup changé, les condominiums, les centres commerciaux ont poussé dans tous les sens. Le trafic routier a considérablement augmenté. Avant, la route de Thapae était une deux voies, beaucoup de routes étaient en terre et inondées en saison des pluies, il n’y avait pas de trottoirs, il y avait des serpents partout! 

Je suis né à Bangkok en 1955, mon père travaillait pour le quai d’Orsay et je suis resté dans la capitale thaïlandaise jusqu’en 1964 avant de partir pour la France et de revenir à Bangkok en 1979. Entre 1964 et 1979, j’ai trouvé que la ville n’avait pas beaucoup changé mis à part un ou deux immeubles. Le grand changement, c’est l’urbanisme depuis la fin des années 1980.

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