Christian Pilard, Le Petit Musée du Monde, Hong Kong

Acheter des produits en Chine pour les revendre en Europe, même en faisant attention à l’aspect humain en usines et aux normes environnementales, n’a jamais été suffisant à combler mon envie daller plus loin pour une planète tellement belle mais également tellement malmenée, et souvent abusée. Cette volonté de ne pas accepter le “c’est comme ça” s’est traduite tout d’abord par la création, avec mon épouse, en 2002, d’Eco-Sys Action Foundation, une petite ONG, pour aider des acteurs du terrain se battant au quotidien pour préserver la biodiversité de la planète. Très rapidement, nous avons compris qu’il fallait aider les communautés locales à bénéficier de leur environnement. Au Kenya, par exemple, demander à des villageois de considérer le guépard comme un trésor national et le protéger est presque indécent, alors que ce même félin peut parfois tuer leurs chèvres si précieuses, que leurs enfants ne sont pas toujours scolarisés et qu’ils meurent trop souvent prématurément avant 5 ans. Si, par contre, vous réussisez à développer une économie locale (la fabrication de miel ou la culture du piment par exemple), et à pouvoir soigner ou envoyer leurs enfants à l’école, le guépard devient alors un bienfaiteur. Nous avons ainsi aider de nombreux projets au Kenya (rhinocéros, guépards lions), en Sierra Leone (chimpanzés), en République Démocratique du Congo (gorilles, bonobos), en Inde (gibbons), au Kyrgyzstan et Mongolie (panthère des neiges), et bien d’autres encore. Nous apportons une assistance soit financière, soit graphique (design de posters et autres supports) pour les aider à développer des actions sociales et pédagogiques. Par ailleurs, nous avons permis la création de plusieurs tournois de football communautaires (Madagascar, Kenya, Guyane, entre autres) afin de pouvoir réunir plusieurs villages dans une atmosphère festive où il est plus convivial de parler de problèmes sociaux et environnementaux. De vrais moments extraordinaires ! En plus des projets de terrain que nous soutenons, nous avons souhaité sensibiliser le public, et notamment les jeunes, sur Hong Kong (et un peu en Chine). J’ai ainsi fait plusieurs intervention dans des écoles sur différents sujets environnementaux. Nous avons également été à l’origine du changement progressif de mentalité vis à vis du commerce de l’ivoire à Hong Kong et de son aspect légal en soutenant une jeune adolescente hongkongaise qui souhaitait “faire quelque chose pour les éléphants”, et qui a finalement entamé une révolution ! Le pouvoir des jeunes est énorme ! Il y a eu aussi une étape primordiale dans le développement d’Eco-Sys Action Foundation avec la naissance de la mascotte de l’association, un petit moineau orange nommé Boopy. Il représente la Paix, la force et l’espoir pour tous les enfants du monde (et les adutles aussi comme j’ai pu le constater avec joie). Nous avons même créé le drapeau de Boopy, et le but est qu’il devienne un symbole fort à travers le monde. Utopique ? Peut être pas tant que ça parce que Boopy a plus d’un tour sous ses ailes ! Il a déjà aidé de nombreux projets, et accompli des voyages extraordinaires, mais vous devrez attendre encore quelques lignes avant de savoir lequel est le plus fou ! En un peu plus de 20 ans, nous avons pu reverser plus de 250 000 euros dans ces projets, envoyer des enfants à l’école, s’assurer de leur bonne nutrition et de leur santé tout en préservant le nature. C’est beaucoup et c’est peu. A notre petit niveau, cela démontre certainement le pouvoir que nous avons tous d’agir et d’apporter une petite contribution au monde qui nous entoure si seulement nous décidons de mettre toute notre passion et notre énergie au service de la cause qui nous est chère. Pour moi, cela n’était cependant pas suffisant, il y avait un goût d’inachevé dans tout cela, d’un manque de moyens pour aller plus loin. Et puis, consciemment et inconsciemment, toutes mes passions d’enfance, jamais vraiment oubliées car me considérant toujours comme un grand enfant, sont remontées en moi, et ce sont combinées à cette amertume et à un changement professionnel nécessaire. Le résultat, c’est The Little Museum of the World, un espace pédagogique réalisé à Hong Kong où nous expliquons l’histoire du monde pour mieux le comprendre et construire un futur plus pacifique et responsable. C’est très certainement, et sans prétention, la concentration d’objets symboliques la plus forte au monde ! Au Petit Musée du Monde, vous pouvez tenir entre vos mains une météorite de Lune ou une dent de Tyrannosaurus, caresser une véritable peau de mammouth, soupeser un bracelet d’esclave du 19ème siècle ou méditer sur une mine anti-personnel. Il y a un cheminement, une histoire racontée pour essayer d’apporter un peu d’humanité dans un monde qui en manque trop souvent. Il y a quatre pilliers au Petit Musée du Monde. Le Petit Prince pour sa fantastique philosophie de voir avec le coeur. Nelson Mandela pour son esprit de réconciliation. Jules Verne pour l’imaginaire qu’il nous procure. Et puis Boopy, notre petite mascotte évoquée un peu plus haut. Vous voulez connaître son voyage le plus incroyable ? Et bien Boopy est allé dans l’espace avec des cosmonautes russes, et a séjourné plus de trois mois dans la Station Spatiale Internationale ! Pour ceux qui ne peuvent se rendre au musée, nous avons conçu une visite virtuelle en 3D où cette histoire de voyage dans l’espace et de plus d’une centaine d’objets est racontée. Le vrai but du musée, c’est de devenir à la fois un musée de Paix et d’actions humanitaires, environnementales et culturelles à travers le monde pour amplifier, et même décupler, les efforts d’Eco-Sys Action Foundation. Alors si vous me demandez ce qui me rend le plus fier, même si le mot n’est peut -être pas le bon et que nous ne parlons pas de mes enfants, alors c’est sans aucun doute d’avoir construit une machine de Paix prête à fonctionner. Et pourtant, le plus dur reste maintenant de la faire marcher à la hauteur de mes espérances.