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Benoit Guénard, Professeur et chercheur en biologie, protection de la biodiversité, Hong Kong

Hong Kong, Hong Kong
Trophée Environnement, Grand Prix du Public Banque Transatlantique, Autre domaine
J’ai choisi de faire un travail exceptionnel qui consiste à faire grandir ma passion pour mieux la partager aux autres. Etre biologiste, c’est étudier la vie. Dans mon cas, j’essaie de comprendre où et comment la vie s’est diversifiée, et quelles sont les menaces actuelles qui planent sur ces organismes pour mieux les protéger ensuite. Il y a plusieurs aspects dans mon travail qui me satisfont grandement, comme découvrir une nouvelle espèce, un nouveau comportement jamais décrit auparavant, ou un nouveau patron d’organisation de la vie qui n’avait pas encore été discerné. C’est fascinant, intellectuellement très stimulant et souvent surprenant. Créer de nouvelles connaissances afin de les partager à autrui est un plaisir sans fin et une grande source de satisfaction. Comme écologiste, je suis aussi amené à voyager dans des régions souvent reculées et à rencontrer des femmes et des hommes dont la simplicité du mode de vie et le bonheur des échanges vous font aimer l’Humain. Ça peut en surprendre certains, mais pour moi vouloir protéger la biodiversité c’est avant tout vouloir protéger l’Homme. Notre espèce appartient à l’arbre évolutif de la vie dont nous faisons pleinement parti intégrante. De là où nous nous tenons, nous ne voyons qu’une toute petite partie de cet arbre et malheureusement nous nous sommes lancés dans un comportement d’élagage abusif, sans doute involontaire, mais pas inconscient ; où en fin de compte nous finirons par couper notre propre branche. Combien de branches aurons été perdues au final par notre faute ? Peu importe, car la vie contrairement à notre espèce d’à peine quelques centaines de milliers d’années joue sur un temps long qui se compte en millions, voire de centaines de millions d’années, et présente une résistance et une adaptabilité absolument fascinantes. Donc au final, en dégradant notre environnement et la vie dont nous sommes tellement dépendant, malgré tout notre orgueil pour l’accepter pleinement, c’est notre bien-être que nous diminuons et encore plus celui des générations à venir. C’est cela qu’il faut comprendre et endiguer dès que possible. Pour cela, l’éducation à la nature est fondamentale. Enseigner, c’est naturellement échanger des connaissances, mais surtout, c’est partager une passion du savoir. Une de mes plus grandes fiertés provient de mes étudiants et étudiantes qui progressivement développent cette passion du savoir et deviennent de nouveau émetteurs, partageant leurs connaissances et leur passion, mais aussi deviennent créateurs de nouvelles connaissances. Avec l’ouverture du Hong Kong Biodiversity Museum, on insuffle cette étincelle de curiosité chez des milliers de personnes, jeunes et moins jeunes, simplement en leur montrant et en leur expliquant la diversité, la complexité mais aussi la beauté du monde vivant. Lorsque l’on montre sous le microscope une mouche syrphide qui imite une guêpe, une aile de papillon qui ressemble à un tableau impressionniste, ou une fourmi pas plus grande qu’une tête d’épingle à nos visiteurs on leur fait découvrir un monde souvent insoupçonné et qui pourtant était juste là, sous leurs pieds. J’ai beaucoup de gens, par exemple, qui me disent « avant je n’aimais pas les insectes, ils me faisaient peur, mais maintenant je les trouve fascinant » ; c’est sans doute cela une de mes plus grandes fiertés ; car on a aboli les peurs et on instille à la place cette curiosité sur un nouveau monde jusque-là insoupçonné ou même méprisé. C’est la première étape vers le respect et la protection du vivant. Sans être naïf, ça ne marche pas naturellement pas avec tout le monde, mais certains de ces visiteurs changent leur regard sur le monde et à leur tour vont propager cette enthousiasme pour la biodiversité et sa protection. Etre capable de changer le regard d’autrui sur la façon dont ils ou elles abordent, envisagent et regardent le monde, c’est vraiment une chance énorme.

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