À 26 ans, le musicien brao Youn Mondet redonne vie aux traditions autochtones du nord-est cambodgien, mêlant instruments ancestraux et rythmes contemporains.


Une jeunesse engagée au service des traditions
Youn Mondet, artiste brao originaire de la province de Ratanakiri, s’impose comme une figure montante de la scène musicale autochtone au Cambodge. À seulement 26 ans, il utilise sa voix et sa musique pour faire connaître la culture de l’un des peuples les moins visibles du pays.
« J’aime les arts, la musique, la culture et les traditions autochtones parce qu’ils me permettent d’exprimer mes émotions », confie-t-il. « La culture, c’est notre identité. C’est notre héritage, transmis de génération en génération, et elle mérite d’être préservée. »
Un patrimoine méconnu
Le peuple brao est l’un des 22 groupes autochtones officiellement reconnus au Cambodge, selon un rapport national publié en 2024 par le ministère du Plan et l’Alliance des peuples autochtones du Cambodge.
La majorité des Brao vivent dans les districts montagneux et boisés de Ta Veng et Vern Sai, ainsi que dans celui de Siem Pang, dans la province voisine de Stung Treng. Proches du parc national de Vireakchey, ces communautés entretiennent un lien profond avec la nature, qui leur fournit nourriture, abri et repères spirituels.
Malgré la richesse de leur patrimoine, leur langue, leurs rituels et leurs instruments traditionnels — comme le thas, le gong, le gong ring, le mim, le boung ampong ou le hethot — restent méconnus au-delà de leurs territoires.
Une démarche musicale pour faire revivre la culture
Depuis 2020, Youn Mondet s’efforce de faire rayonner les traditions musicales brao à travers la composition et l’interprétation.
« Les jeunes doivent préserver, valoriser et promouvoir nos traditions autochtones. Beaucoup de gens n’en ont jamais entendu parler. Je veux partager notre culture avec la communauté de l’ASEAN et au-delà », affirme-t-il.
Son style mêle mélodies ancestrales et rythmes contemporains, ce qui lui permet d’atteindre des publics nationaux et internationaux. L’une de ses chansons phares, Our Natural Resources, met en lumière la relation étroite entre les peuples autochtones et leur environnement.
« Nos forêts sont plus que des arbres », explique-t-il. « Elles sont notre source de nourriture, de logement et de survie économique. »
Dans un autre titre, Preserve Our National Culture, il lance un appel à la protection des coutumes qui composent l’identité des peuples autochtones du Cambodge. Ces œuvres sont soutenues par l’Organisation des peuples autochtones du Cambodge, qui encourage l’expression culturelle comme outil de sensibilisation.

Entre autodidactisme et reconnaissance académique
Faute de reconnaissance pour la musique autochtone et de moyens techniques, Mondet a longtemps manqué de plateformes pour se faire connaître. Il s’est formé seul à la pratique des instruments traditionnels, mettant l’accent sur la transmission orale et émotionnelle de la musique.
Il a ensuite intégré l’Université royale des beaux-arts de Phnom Penh, devenant en 2024 le premier jeune brao du nord-est cambodgien à obtenir une licence en musique. Il avait auparavant terminé ses études secondaires à Ratanakiri en 2017.
Une musique comme acte de transmission
Au-delà de ses objectifs artistiques personnels, Youn Mondet cherche à susciter une prise de conscience plus large sur les cultures autochtones cambodgiennes.
« Les jeunes ont la responsabilité essentielle de préserver et de promouvoir leurs traditions, leur culture et leur identité — chez eux comme à l’international », souligne-t-il.
Ses chansons vont au-delà de la simple performance : elles sont un acte de préservation culturelle, un outil d’apprentissage et une forme d’engagement. À travers chaque parole et chaque note, il donne une voix nouvelle aux Brao et aux autres peuples autochtones, contribuant à faire perdurer leur héritage.
Avec l'aimable autorisation de Cambodianess, qui nous permet d'offrir cet article à un public francophone.
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