Le Cambodge envoie trois chiens démineurs en Ukraine et partage son expertise dans la lutte contre les mines, forte de décennies d'expérience sur le terrain.


Le Cambodge s’apprête à envoyer trois chiens démineurs en Ukraine afin de participer aux opérations de déminage sur le terrain. Ces chiens, récemment acquis, seront bientôt acheminés vers leur nouvelle mission, a annoncé Heng Ratana, directeur du Centre cambodgien d’action contre les mines (CMAC).
Depuis l’invasion russe, l’Ukraine fait face à une large contamination par des mines terrestres et des munitions non explosées. Le Cambodge soutient ses efforts de déminage depuis 2022, notamment grâce à un programme de formation pour démineurs ukrainiens mené avec l’appui de l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA).
Une longue expérience internationale du déminage canin
Les chiens démineurs cambodgiens sont reconnus à l’échelle mondiale. Environ 50 d’entre eux, formés au Cambodge, ont déjà été déployés dans des pays comme la Turquie, la Syrie, le Soudan du Sud, l’Éthiopie ou encore la Colombie.
Actifs depuis plus de vingt ans, ces chiens jouent un rôle clé dans la détection des mines antipersonnel et des restes explosifs de guerre (REG). Leur contribution est essentielle aux opérations menées par le CMAC, qui a débuté son programme de formation canine avec l’aide du gouvernement suédois entre 1996 et 1997. À l’époque, le centre dépendait largement de l’expertise et du matériel fournis par des partenaires étrangers.
Un centre désormais autonome et performant
Aujourd’hui, le CMAC est devenu autonome. Il gère ses financements, forme ses chiens localement et assure même leur élevage. Il collabore de près avec l’organisation de formation animale APOPO, spécialisée dans le dressage de rats et de chiens détecteurs.
Le centre dispose actuellement de près de 300 chiens de déminage, répartis entre phases de formation et missions actives. Par ailleurs, dix chiens ont été spécifiquement formés à la détection de drogues pour le compte de la police nationale cambodgienne.
Une formation exigeante et spécialisée
La formation des chiens débute très tôt, dès l’âge de deux semaines, pour se poursuivre jusqu’à huit mois avec un programme de base. Ensuite, les chiens passent trois examens avant d’obtenir leur licence opérationnelle.
Selon leurs aptitudes, ils sont orientés vers des spécialités précises : détection de mines, détection humaine, maintien de l’ordre en situation de protestation ou encore repérage de munitions non explosées. Cette phase de spécialisation peut durer jusqu’à six mois. En général, il faut environ un an pour former un chien à la détection de mines ou de drogues, bien qu’un entraînement combiné homme-chien puisse parfois suffire en trois à quatre mois.
Une carrière active de près d’une décennie
La durée de vie opérationnelle d’un chien démineur peut atteindre 12 ans. Toutefois, d’après Heng Ratana, dans la réalité du terrain, leur carrière s’étend plutôt sur huit à neuf ans, certains prenant leur retraite plus tôt ou décédant en service.
Grâce à cette expertise forgée sur des décennies, le Cambodge exporte aujourd’hui non seulement son savoir-faire, contribuant à la sécurisation de zones sensibles à travers le monde.
Avec l'aimable autorisation de Cambodianess qui nous permet d'offrir cet article à un public francophone.
Sur le même sujet
