On peut souvent voir au Cambodge, des fleurs à l’aspect tout à fait particulier : il s’agit d’inflorescences composées de fleurs à quatre pétales rouges, de forme lancéolée, se dressant sur une longue « tige »
Avant que la fleur ne s’épanouisse, elle se présente sous la forme d’une longue aiguille :
Renseignements pris auprès d’une Khmère amoureuse de la flore de son pays, il s’agit d’une espèce que les Cambodgiens ont dénommée « fleur croûte de riz » (ផ្កាបាយក្ដាំង [phka bay kdang]). La raison de cette appellation singulière demeure mystérieuse. L’est moins, en revanche, un autre nom khmer de la même espèce : « fleur aiguille » (ផ្កាម្ជុល [phka mchul]). Voici les aiguilles en question (j’ai emprunté la photo ci-dessous sur le site de l’Université du Connecticut) :
Quelques recherches prestement menées m’ont permis de découvrir, sans grandes difficultés, que l’espèce est connue des botanistes sous le nom d’Ixora javanica. J’ai découvert à la même occasion qu’un nombre important d’espèces du genre Ixora était présent au Cambodge. A ma connaissance, cette espèce ne possède pas de nom commun en français. Les jardiniers français appellent tout simplement ces fleurs « ixora ». Peut-être pourrait l’appeler « ixora de Java » ?
I. javanica est présente sur une large aire, qui s’étend du Sri Lanka aux Philippines. L’espèce n’est pas connue en Chine, mais on y trouve d’autres espèces du même genre, qui est joliment appelé « fleur de bateau-dragon » (龙船花属 [lóngchuánhuā shǔ] – 属 [shǔ] signifie « genre » dans le sens biologique du terme).
J’ai trouvé sur le site Useful Tropical Plants quelques informations concernant notre ixora javanaise.
Les fleurs sont comestibles (ce qui m’a été confirmé par l’amie précitée), ainsi que les jeunes fruits (confirmé également). La saveur est plutôt acide. Les jeunes fleurs et les jeunes fruits sont utilisés par les Thaïs pour confectionner une soupe de légumes épicée, appelée « kaeng liang ». Mon garnement me dit par ailleurs qu’on trouve aussi ces fleurs au Lycée Descartes (le lycée français de Phnom Penh). Il m’explique que les enfants cambodgiens détachent la fleur épanouie de son réceptacle, appuient du pouce sur le stigmate pour faire ressortir le pistil à la base ; ils tirent ensuite sur le pistil jusqu’à l’extraire complètement, et se régalent de la goutte de « jus » sucré qui s’échappe de la base de la fleur.
Toujours selon Useful Tropical Plants, les extraits de la plante ont montré une activité antitumorale prometteuse. Les fleurs et les feuilles sont encore utilisées pour confectionner une infusion présentée comme une panacée.
Ci-dessous, un arbuste d’I. javanica portant quelques fleurs, devant un restaurant de Phnom Penh :
Cet article a été initialement posté sur Tella botanica