A Poïpet dans la province de Banteay Meanchay cent soixante-huit personnes ont été infectées par le virus du chikungunya (CHIKV ), diagnostic confirmé par l'Institut Pasteur de Phnom Penh le 22 juillet.
Un virus connu depuis les années cinquante
D'abord considérée par les autorités sanitaires de la région comme une « maladie mystérieuse », les symptômes présentés par les malades ont rapidement été identifiés comme ceux du chikungunya. Signalé la première fois en 1952 en Afrique, le nom africain de cette maladie signifie : « qui se recourbe, qui se recroqueville », la traduction en français signifie « maladie de l'homme courbé » car elle occasionne de très fortes douleurs articulaires associées à une raideur, qui donne aux malades une attitude courbée très caractéristique. Le CHIKV est un arbovirus, transmis par les moustiques femelles uniquement. Il n'y a pas à ce jour de preuve d'une contamination d'humain à humain, donc pas de contagiosité. Les symptômes de la maladie apparaissent entre quatre et huit jours après la piqûre. Elle est très invalidante, se manifestant par l'apparition brutale d'une forte fièvre, accompagnée de violentes douleurs articulaires, en particulier aux poignets, doigts, chevilles et pieds. Des douleurs musculaires et des maux de tête, des éruptions cutanées, ressemblant à celles de la rougeole, sur le torse, les jambes et la face peuvent les compléter. Chez les enfants, l'infection par CHIKV se traduit souvent sur le plan symptomatique, comme une simple grippe. Des douleurs abdominales et des diarrhées sont présentes dans la moitié des cas.
Les moustiques, toujours et encore
La transmission de CHIKV passe par les moustiques femelles de type Aedes aegypti et Aedes albopictus, ces mêmes espèces responsables de la transmission de la fièvre dengue. Ces moustiques piquent plus facilement tôt le matin et en fin d'après-midi, mais peuvent également piquer en cours de journée. Pour se prémunir de ces insectes, il convient de respecter les consignes à présent bien connues, mais qu'il faut répéter et surtout mettre en pratique. Porter de préférence des vêtements couvrant bien le corps, jambes et bras compris, utiliser des répulsifs à moustiques corporels, utiliser des moustiquaires pour le sommeil ou les siestes, particulièrement pour les enfants. Eviter de laisser des eaux dormantes autour des maisons, et de façon plus générale, dans tout l'environnement. Réservoirs d'eaux, bassins dormants, pots de fleurs, gamelles à animaux, mares et flaques, tous ces lieux sont les endroits de pontes des moustiques, et leur sont essentiels. L'utilisation encore bien trop rare au Cambodge de moustiquaires sur cadres aux portes et aux fenêtres devrait être mise en place de façon systématique, comme c'est le cas dans l'immense majorité des pays de la région. Il reste assez inexplicable que cette installation, fort peu coûteuse, ne soit pas systématisée dans le pays. Une compagnie présente au Cambodge propose également des systèmes divers et efficaces pour éradiquer et empêcher la reproduction des moustiques. Dans le cas du CHIKV comme de la dengue, prévenir c'est guérir.
Un virus sans vaccin ni traitement
Il n'existe à ce jour, comme pour la fièvre dengue, aucun vaccin permettant de se prémunir contre le CHIKV, même si divers essais sont en cours, en particulier depuis l'épidémie très grave qui a touché La Réunion en 2005 et 2006. Celle-ci a affecté près de 40% de la population. De même, il n'existe actuellement aucun traitement contre ce virus du chikungunya, et ceux qui sont appliqués ne sont que des traitements des symptômes : anti-inflammatoires, anti-douleurs et traitement de la fièvre. La vigilance et la prévention sont par conséquent à considérer, comme pour le COV19 comme une forme de traitement préventif.
Un rappel à ne pas négliger, en cette période où l'attention de tous se porte sur la pandémie COV19 : en 2017, le paludisme a fait 417.000 victimes dans le monde, et la fièvre dengue plus de 20.000 morts. Les infections dues aux moustiques emportent chaque année près d'un million de personnes, dont beaucoup d'enfants. Le vrai responsable est le manque de prévention pour éviter la reproduction de cet animal, le plus meurtrier pour l'homme. Ce fléau ne mérite-t-il pas que l'on y consacre un peu plus d'énergie, de recherches et d'attention ?