Un rapport national met en lumière les défis et progrès des 27 communautés autochtones au Cambodge, soulignant des besoins persistants en éducation, santé et droits fonciers.
Un rapport pour mieux comprendre les peuples autochtones
Le Rapport national sur la situation démographique et socio-économique des peuples autochtones au Cambodge, publié en 2024 par le ministère du Plan et l'Alliance des Peuples Autochtones du Cambodge (CIPA), s'appuie sur les données du recensement national de 2019. Ce document vise à offrir une vision exhaustive de la situation des peuples autochtones, afin de guider les politiques publiques et sensibiliser les acteurs concernés.
Une diversité reconnue, mais encore à préciser
Le Cambodge reconnaît 27 groupes autochtones, bien que le nombre officiel varie selon les sources : 24 groupes selon la Politique nationale de développement des peuples autochtones, 22 selon le recensement général et 19 selon la base de données communautaire. Ces disparités appellent des recherches supplémentaires pour une meilleure précision.
En 2019, la population autochtone totale s'élevait à 172 980 personnes, soit 1,11 % de la population cambodgienne. Ces communautés vivent principalement dans les provinces de Ratanak Kiri, Mondul Kiri, Kratie, Preah Vihear, Stung Treng et Kampong Thom. Six groupes majeurs (Bunong, Tompoun, Jarai, Kreung, Kui et Prao) représentent 85,7 % de cette population.
Des tendances démographiques révélatrices
La population autochtone est nettement plus jeune, avec un âge médian de 21 ans, contre 26 ans pour l’ensemble du pays. Si la proportion de jeunes de moins de 15 ans a diminué, passant de 41,7 % en 2008 à 34,8 % en 2019, la part des adultes en âge de travailler (15-59 ans) a atteint 59,2 %. Les familles autochtones comptent en moyenne 4,6 membres, et les mariages surviennent plus tôt que dans le reste du pays, à 24 ans pour les hommes et 20,6 ans pour les femmes.
Les migrations restent limitées (6 %), surtout en milieu rural, contrairement à la moyenne nationale de 21,5 %. Les déplacements vers les villes concernent davantage les femmes que les hommes.
Des progrès en éducation, mais des défis persistants
Le taux d’alphabétisation en khmer parmi les communautés autochtones est passé de 34,3 % en 2013 à 56,5 % en 2019, avec une réduction des écarts entre hommes et femmes. La scolarisation des enfants de 6 à 13 ans a également progressé, passant de 49 % à 75,4 % sur la même période. Cependant, des obstacles demeurent : retard scolaire, absentéisme et abandons fréquents, surtout en milieu rural. La plupart des adultes autochtones n’ont qu’une éducation primaire.
Une économie centrée sur l’agriculture
Le taux de participation à la population active des autochtones est supérieur à la moyenne nationale, notamment chez les femmes. Cependant, 49,3 % des travailleurs sont non rémunérés et 44 % sont indépendants. L’agriculture domine, employant 92,2 % des actifs, tandis que l’industrie (1,7 %) et les services (6,1 %) restent marginaux.
Santé et hygiène : des progrès à poursuivre
Les conditions de santé restent préoccupantes. Les maladies les plus courantes incluent la grippe, la dengue et la fièvre typhoïde. L’accès aux soins est inégal et repose souvent sur des cliniques privées ou des pharmacies. En matière d’hygiène, 56 % des foyers autochtones n’ont pas accès à des toilettes, contre 17,2 % au niveau national. L’accès à l’eau potable s’est amélioré, mais les écarts entre zones urbaines et rurales persistent.
Améliorations dans le logement et les infrastructures
En 2019, 93 % des ménages autochtones possédaient leur logement. L’accès à l’électricité a fortement progressé : 31,3 % des foyers utilisent le réseau national, contre seulement 5 % en 2008. Les ménages urbains disposent aussi davantage d’équipements modernes tels que téléviseurs, réfrigérateurs et gaz pour la cuisine.
Progrès limités dans les droits fonciers
En novembre 2024, 198 communautés autochtones avaient obtenu des certificats d’identification, et 154 étaient enregistrées en tant qu’entités légales. Les titres fonciers collectifs couvrent 33 899 hectares, bénéficiant à 3 235 familles. Malgré ces avancées, la couverture reste limitée par rapport au nombre total de communautés.
Ainsi, selon le rapport, malgré des progrès notables en éducation, démographie et infrastructures, les peuples autochtones du Cambodge restent en retard sur de nombreux indicateurs socio-économiques. L'accès à l'éducation, aux soins, à l'hygiène et aux droits fonciers nécessite des efforts accrus pour garantir un développement équitable et préserver ces cultures uniques.