Plus de 100 organisations civiles ont saisi 18 ambassades et l’ONU pour dénoncer des violations de souveraineté et de droits humains liées aux récents affrontements frontaliers avec la Thaïlande.


Plus de cent organisations de la société civile et syndicats ont déposé une pétition auprès d’au moins 18 ambassades présentes à Phnom Penh ainsi qu’auprès des Nations unies. Objectif : demander des consultations coordonnées face aux violations présumées de la souveraineté cambodgienne et aux atteintes aux droits humains, dans le contexte des tensions frontalières avec la Thaïlande.
Selon Ros Sotha, directeur exécutif de la Cambodian Human Rights Action Coalition, une vingtaine de représentants des 106 organisations signataires ont remis la pétition aux ambassades parties aux Accords de paix de Paris. Ils réclament la tenue urgente d’une réunion pour protéger la souveraineté et la paix au Cambodge.
« Le Cambodge est une nation souveraine qui ne peut être envahie et qui est protégée par l’accord en tant que signataire », a-t-il affirmé, estimant que l’intégrité territoriale du pays était aujourd’hui menacée.
Dénonciations des bombardements et des blocages
Ros Sotha a condamné les bombardements ayant endommagé le temple de Preah Vihear et provoqué, selon lui, des milliers de victimes civiles dans cinq provinces. Il a également mentionné la mort d’un laïc bouddhiste, organisateur de cérémonies dans un monastère, ainsi que les blocages routiers causés par des barbelés et des pneus, qui ont forcé des habitants à quitter leurs foyers.
La semaine dernière, l’armée thaïlandaise a installé des barbelés dans les villages de Prey Chan et Chok Chey, à O’ Bei Choan (province de Banteay Meanchey), le long de la frontière avec Ban Nong Chan en Thaïlande (province de Sa Kaeo). Cette initiative a contraint plusieurs familles cambodgiennes à fuir, Bangkok affirmant que leurs habitations se trouvaient sur le territoire thaïlandais.
« C’est une violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale d’un pays. Seule la communauté internationale peut aider à protéger la souveraineté du Cambodge », a déclaré Sotha. « Nous pensons que nos voix peuvent renforcer l’attention portée à ce conflit. »
Un appel à prévenir les abus pour l’avenir
Le responsable a rappelé que plus de 800 ans de conflits avec la Thaïlande devaient être réglés pour les générations futures. « Le Cambodge a connu des violations des droits humains et des décennies de guerre. Nous n’en avons plus besoin. Si vous ne pouvez pas aider le pays à résoudre ses problèmes, n’en créez pas de nouveaux », a-t-il exhorté, plaidant pour la prévention des abus.
Il a souligné que les Accords de Paris garantissaient la souveraineté et l’engagement pour une paix durable. « Évitez de construire une maison remplie de guerre pour la prochaine génération. Ce n’est pas un accomplissement d’être fier de détruire les autres pour son intérêt personnel », a-t-il ajouté.
Réactions diplomatiques et appels à l’action
Ros Sotha a indiqué que l’ambassade de France s’était engagée à transmettre la pétition au nouvel ambassadeur, afin de garantir le respect de la paix et de la souveraineté.
De son côté, Vorn Pao, président de l’Independent Democracy of Informal Economic Association, a demandé la convocation immédiate des signataires des Accords de Paris pour examiner la situation et aborder les violations des droits humains entre le Cambodge et la Thaïlande.
Début août, ces organisations avaient déjà adressé une lettre réclamant la libération inconditionnelle des 18 soldats cambodgiens détenus par la Thaïlande, considérés comme prisonniers de guerre par Bangkok. Elles avaient aussi insisté sur la nécessité de respecter pleinement le cessez-le-feu.
Entre le 24 et le 28 juillet, des affrontements armés ont contraint des milliers de civils cambodgiens et thaïlandais à se déplacer. Chaque pays accuse l’autre d’avoir violé le cessez-le-feu conclu le 28 juillet.
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