L’IA, nouvel horizon du développement humain au Cambodge

 

Un rapport qui bouscule les certitudes

À Phnom Penh, le 19 juin 2025, l’ONU et le ministère cambodgien des Postes et Télécommunications ont présenté le nouveau Rapport sur le développement humain 2025. Son titre, « Une question de choix : populations et possibilités à l’ère de l’IA », donne le ton : dans un monde en mutation, les décisions prises aujourd’hui pèseront lourd sur notre avenir collectif.

Et les constats sont sans appel : malgré les espoirs de rebond post-pandémie, les progrès en matière de développement humain marquent le pas. L’indice de développement humain (IDH), qui mesure santé, éducation et revenus, progresse à peine. Pire : le fossé se creuse entre les pays riches et les pays pauvres.

 

 

 

Le Cambodge progresse, mais l’équité reste un défi

Le Cambodge enregistre un IDH de 0,606 pour 2023, contre 0,602 en 2022. Il se hisse à la 151e place sur 193 pays, dans la catégorie des pays à développement humain moyen. Depuis 1990, les progrès sont nets : +15 ans d’espérance de vie, +4,3 ans de scolarisation attendue, et un revenu national brut par habitant multiplié par plus de 3.

Mais une ombre persiste : une fois les inégalités prises en compte, la valeur de l’IDH chute de 26,7 %. Autrement dit, les fruits du développement ne profitent pas à tous de la même façon.

 

 

L’IA : menace ou opportunité ?

Pour le PNUD, le message est clair : tout dépend des choix que nous faisons. « Le développement, c’est une affaire de priorités : mettre les capacités humaines au cœur de la technologie, orienter l’innovation vers le bien commun », a souligné Alissar Chaker, représentante du PNUD au Cambodge. L’intelligence artificielle, si elle est bien encadrée, pourrait devenir un accélérateur de progrès.

Du côté du gouvernement cambodgien, on se prépare déjà à l’avenir. Le ministre des Postes et Télécommunications, Chea Vandeth, a confirmé l’élaboration d’une stratégie nationale pour l’intelligence artificielle, axée sur l’inclusion, la formation et les garde-fous. « L’IA doit être un levier pour l’humain, pas un outil d’exclusion », a-t-il insisté.

 

 

Une société cambodgienne prête à s’emparer de l’IA

Selon une enquête mondiale intégrée au rapport, les perceptions sont nuancées mais plutôt optimistes : 60 % des personnes interrogées estiment que l’IA créera plus d’emplois qu’elle n’en détruira. Au Cambodge et dans les pays à IDH moyen, près de 70 % pensent que l’IA boostera leur productivité. Deux Cambodgiens sur trois prévoient même d’utiliser des outils d’IA dans leur quotidien professionnel ou personnel d’ici un an.

 

 

 

 

Trois priorités pour un futur technologique plus juste

Le rapport trace trois lignes directrices pour que l’IA soit au service de l’humain :

• Coopérer avec l’IA plutôt que la subir ;
   
• Maintenir un vrai contrôle humain à chaque étape, de la conception à l’usage ;
   
• Adapter en profondeur l’éducation et la santé aux défis du XXIe siècle.
   

Le PNUD appelle à une démocratisation de l’intelligence artificielle, encadrée par des politiques claires, des infrastructures solides et des formations adaptées. L’enjeu : faire de l’IA un allié du développement humain, et non un facteur d’exclusion.