Édition internationale

Hun Sen mise sur la CIJ et promet d’aider les étudiants cambodgiens

Face à la montée des tensions à la frontière avec la Thaïlande, Hun Sen réaffirme la volonté du Cambodge de résoudre le différend territorial par la voie juridique, en saisissant la Cour internationale de Justice. Il appelle la communauté internationale à soutenir cette démarche pacifique, tout en assurant la protection des étudiants et travailleurs cambodgiens affectés par la crise.

TheHague_PeacePalace_016_5772TheHague_PeacePalace_016_5772
Le siège de la Cour Internationale de Justice à la Haye. Photo : Ludvig14 / Wikipédia
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 17 juin 2025

Le Cambodge plaide pour une résolution pacifique par la Cour internationale de Justice

Le président du Sénat cambodgien, Hun Sen, a renouvelé hier le 16 juin son appel à la communauté internationale pour soutenir la décision du Cambodge de porter devant la CIJ le différend frontalier avec la Thaïlande. Ce contentieux concerne notamment la zone de Mom Bei et les temples de Ta Moan Thom, Ta Moan Touch et Ta Krabei. L’intervention de Hun Sen a eu lieu au lendemain du 63e anniversaire du jugement historique rendu par la CIJ le 15 juin 1962, qui avait accordé au Cambodge la souveraineté sur le temple de Preah Vihear, dans une autre affaire opposant déjà les deux pays.

Hun Sen a tenu à préciser que le recours à la justice internationale ne visait en aucun cas à provoquer ou à déclencher un conflit. Selon lui, les négociations bilatérales se sont révélées insuffisantes pour résoudre durablement le litige et seul un arbitrage international permettra d’éviter une escalade militaire. “La seule option viable est de porter l’affaire devant la Cour mondiale”, a-t-il affirmé, en soulignant que “ceux qui refusent la justice sont coupables”.

Il a également critiqué les partisans d’une réponse militaire et affirmé que le Cambodge ne cherchait pas l’affrontement, tout en rappelant que le pays dispose des moyens nécessaires pour défendre son territoire si besoin. 

Il a par ailleurs mis en avant les précédents de la CIJ en matière de résolution pacifique de conflits frontaliers, notamment entre l’Indonésie et la Malaisie ou encore entre Singapour et la Malaisie. Un jugement de la Cour, a-t-il ajouté, offrirait aux gouvernements concernés une réponse impartiale permettant de faire face aux pressions politiques internes.

 

 

Vers un possible débat au sommet de l’ASEAN

Hun Sen a évoqué la possibilité que le différend avec la Thaïlande soit abordé lors du prochain sommet de l’ASEAN, prévu en octobre en Malaisie. Il a toutefois indiqué ne pas vouloir imposer ce dossier à l’organisation régionale.

Dès le 6 juin, le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, président en exercice de l’ASEAN, avait appelé les deux pays à la retenue et à privilégier un règlement pacifique conforme aux principes de l’organisation. Il a mené des discussions séparées avec Hun Manet et la Première ministre thaïlandaise Paetongtarn Shinawatra à ce sujet. Hun Sen a enfin souligné que le Cambodge continuerait à mobiliser ses partenaires internationaux pour appuyer sa démarche devant la CIJ.

 

 

Appel aux étudiants cambodgiens en Thaïlande et promesse d’aide financière

Dans le même discours, Hun Sen s’est adressé aux étudiants cambodgiens installés en Thaïlande et affectés par la montée des tensions à la frontière. Il les a encouragés à rentrer au pays si leurs conditions de vie devenaient trop difficiles, promettant de financer personnellement leurs frais de scolarité dans le cas où le gouvernement ou le ministère de l’Éducation ne pourrait pas le faire.

“Si vous pouvez poursuivre vos études, restez. Mais si cela devient trop difficile, rentrez”, a-t-il déclaré. “Des bourses seront disponibles. Et si l’État ne peut pas les fournir, je m’en chargerai.”

Khoun Vicheka, porte-parole du ministère de l’Éducation, a confirmé que les autorités travaillent avec l’association des étudiants cambodgiens en Thaïlande pour faciliter les retours. Actuellement, les ressortissants cambodgiens y poursuivent 11 diplômes d’associé, 1 372 licences, 1 diplôme de troisième cycle, 361 masters et 126 doctorats.

 

 

Mesures d’urgence face à une éventuelle expulsion massive

Le gouvernement cambodgien a préparé un plan de réponse en cas d’expulsion massive de travailleurs. Plus de 400 bus ainsi que des centres de transit et de placement ont été mobilisés pour accueillir les personnes concernées.

Le regain de tension a été alimenté par la décision unilatérale de la Thaïlande de modifier les horaires d’ouverture du poste-frontière international de Daung, dans la province de Battambang, fermé depuis le 13 juin. En réaction, Hun Sen a lancé un ultimatum de 24 heures, menaçant de fermer l’ensemble des points de passage aux importations de fruits et légumes si Bangkok ne revenait pas à l’horaire initial de 6 h à 22 h.

 

 

Une démarche juridique le jour de l’anniversaire du jugement de 1962

Le Cambodge a officiellement soumis sa requête à la CIJ le 15 juin, date coïncidant délibérément avec l’anniversaire du jugement de 1962 sur le temple de Preah Vihear. Cette action marque une nouvelle étape dans la stratégie de Phnom Penh pour obtenir une résolution durable.

Toutefois, la Thaïlande a déclaré ne pas reconnaître la compétence de la Cour dans cette affaire. Son ministère des Affaires étrangères a affirmé que les discussions bilatérales et le processus de mise en œuvre conjointe se poursuivraient. La prochaine réunion spéciale de la Commission mixte sur la frontière (JBC) est prévue en Thaïlande en septembre 2025.

Avec l'aimable autorisation de Cambodianess qui nous permet d'offrir cet article à un public francophone.

 

Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.

Flash infos