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COMMUNAUTE – Le fondateur de Krousar Thmey décoré

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 8 décembre 2011, mis à jour le 5 janvier 2018

Krousar Thmey est une Organisation Non Gouvernementale (ONG) créée en 1991 par Benoît Duchâteau Arminjon. Peu après la sortie d'un livre dans lequel il raconte la progression de cette ONG, il recevra demain l'Ordre du Mérite

Benoît Duchâteau Arminjon a récemment publié la genèse de Krousar Thmey. (Crédit photo : Laure Delacloche)

Benoît Duchâteau Arminjon, connu sous le surnom de Bénito, est le quatrième enfant d'une famille de cinq. Il grandi en Savoie d'où sa famille est originaire et c'est un stage de fin d'études chez Accor qui l'emmène loin de sa terre natale, à Bangkok. Là, il travaille dans le secteur du contrôle de gestion. Parallèlement, il parraine un enfant tibétain. Il décide de devenir parrain une seconde fois, d'un enfant cambodgien dans les camps de réfugiés thaïlandais. C'est en allant le rencontrer qu'il prend conscience de la précarité des conditions d'existence en vigueur à Site II. Cette situation ne le laisse pas indifférent : il prend une année sabbatique durant laquelle il enseigne la comptabilité dans le camp. Il ne reviendra jamais travailler chez Accor.

Krousar Thmey, un état d'esprit
Benoît Duchâteau Arminjon apprend peu à peu à gérer les problématiques complexes de l'humanitaire et essaie de répondre aux besoins dont il est témoin. En mars 1991, Krousar Thmey (signifiant "nouvelle famille") est fondée. L'association a pour but de recueillir les enfants abandonnés, difficiles, ou ceux dont les parents ne veulent pas s'occuper. Benito a auparavant été volontaire dans plusieurs ONG. Il est convaincu de la nécessité de ne pas faire grossir les structures d'accueil, mais au contraire de les multiplier : ainsi naîtra l'idée des maisons familiales, en plus de centres d'accueil plus classiques. Dans ces structures, des parents ayant un ou deux enfants sont rémunérés en échange de l'accueil d'une dizaine de protégés de Krousar Thmey. En plus de ce choix organisationnel contraignant, Bénito et ses proches collaborateurs insistent sur trois valeurs qui vont guider le développement de l'ONG, qui a reçu en 2010 le prix UNESCO-Chine pour l'éducation. L'identité est importante : "les aider, c'est leur permettre d'être Khmers", comme aime à le souligner ce savoyard. La dignité, qui passe par le travail et l'intégration sont les deux autres mots-clé.
Le 23 octobre 1991, les accords de paix sont signés. Bénito en garde un souvenir ému : "Cela va changer ma vie et celle de Krousar Thmey". Avec son équipe, il prépare le rapatriement des réfugiés vers leur pays d'origine. Il organise également une exposition sur la culture khmère afin que les enfants, pour la plupart nés dans les camps, puissent renouer avec leurs racines. Au Cambodge, Krousar Thmey construit des écoles : les enfants pris en charge y seront scolarisés, ainsi que des enfants des villages alentours, un moyen de les intégrer localement. Ainsi sont formés les trois volets de l'action de Krousar Thmey : aide sociale, éducation, actions culturelles.

La prise en charge des handicaps sensoriels

Un jour, un enfant aveugle est amené dans l'un des centres de Krousar Thmey. Très vif, celui-ci veut aller à l'école avec les autres et demande à de nombreuses reprises pourquoi c'est impossible. Au terme d'une réflexion et une fois la recherche d'autres enfants aveugles effectuée, la première classe est ouverte. L'alphabet braille est adapté aux spécificités de la langue khmère, même si celle-ci est extrêmement complexe. L'un des élèves a pu entrer à l'Ecole Royale d'Administration. Cette logique d'intégration se répète avec la prise en charge d'enfants sourds : une langue des signes cambodgienne doit être inventée. Progressivement, ces enfants privés d'éducation du fait de leur handicap peuvent être scolarisés et possèdent les moyens de mieux appréhender le milieu dans lequel ils vivent.

A partir de l'année 2000, Benoît Duchâteau Arminjon passe le relais. Aujourd'hui, l'ONG emploie 400 personnes, toutes cambodgiennes, à l'exception de trois volontaires français pour des questions administratives. Ce sont plus de 1.200 enfants qui sont pris en charge en permanence, 3.000 si les enfants scolarisés par Krousar Thmey sont pris en compte. Environ 20.000 personnes sont passées par l'association. Cette même année, le fondateur de Krousar Thmey reçoit également la nationalité cambodgienne, pour bons et loyaux services rendus à la nation. En avril 2011, il est fait Grand Officier de l'Ordre Royal du Sahametrei Cambodge. Demain, il recevra l'Ordre du Mérite français.

Laure Delacloche (
www.lepetitjournal.com/cambodge) Jeudi 8 décembre 2011

Toutes les informations nécessaires à propos de la publication d'Un humanitaire au Cambodge : TEMOIGNAGE - Un humanitaire au Cambodge

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Publié le 8 décembre 2011, mis à jour le 5 janvier 2018

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