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ARCHITECTURE - Restaurer des maisons khmères classiques pour préserver le patrimoine

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 8 février 2018

 

Darryl Collins, Australien expatrié au royaume depuis plus de 17 ans, a décidé de sauver une partie du patrimoine du pays en restaurant des maisons khmères classiques. Rencontre

(crédits photo: Anna Trarieux)

Darryl Collins est historien des arts et professeur. Lorsqu'il arrive à Phnom Penh en 1994, il travaille au Musée National, puis rencontre celui qui deviendra son associé et lui donnera l'envie de restaurer des maisons khmères classiques, l'architecte Sokol Hok. L'année 2007 marque un tournant dans sa vie lorsqu'il décide de quitter sa maison sur Riverside (actuelle Chinese House) pour s'installer à Siem Reap, bien que n'ayant pas encore de logement sur place. C'est alors que Sokol Hok le convainc d'acheter une maison en bois datant de 1915. Et c'est ainsi que démarre l'aventure !

 

Le déplacement de la maison
Cette maison, appartenant à une famille khmère qui ne l'habite plus et souhaite la détruire, se trouve dans la province de Kampong Cham, sur une des îles du Mékong. Mais n'ayant aucunement l'intention de vivre à cet endroit (de plus, le terrain n'est pas à vendre), Darryl Collins se lance le défi de la déplacer à Siem Reap. Les 300km séparant la maison de son futur terrain, et la localisation sur l'île ne seront pas chose aisée pour la manœuvre. Après avoir démonté la maison, l'avoir mise dans un bac pour traverser la rivière, puis chargée à bord d'un camion, la voilà à Siem Reap !  
Entre l'achat et la fin des travaux, seulement 11 mois se sont écoulés.  Mais Darryl Collins n'est pas décidé à en rester là. Il dégotte quelques temps plus tard deux autres maisons, qui suivront le même processus, la deuxième maison n'est déplacée que de deux kilomètres, puisqu'elle se trouvait dans Siem Reap à l'origine. Quant à la troisième maison, elle est déplacée d'une quarantaine de kilomètres, depuis la ville de Kralanh. Cette dernière a un style un peu particulier. Elle appartenait à la famille d'un gouverneur cambodgien durant la période de gouvernance thaïe, ainsi on peut retrouver certains éléments uniques la composant, comme les larges fenêtres et leurs volets coulissants. Cette maison date de la période "pré-1907", de 1905 pense-il.

Un travail minutieux
Pour les trois bâtiments déplacés, il a fallu reproduire à l'identique bon nombre de pièces, et parfois même des pans de cloison entiers, sur la maison de Siem Reap plus particulièrement. Les travaux ont été importants, mais le résultat est impressionnant. D'ailleurs, Darryl Collins est fier du travail de ses charpentiers, qui eux, bien que ravis de travailler sur ce chantier, ne comprennent toujours pas pourquoi le barang s'entête à rénover des maisons en bois sur pilotis, alors que le style actuel est à la brique et aux fenêtres vitrées. Darryl explique qu'en plus du fait qu'il aime le style khmer classique -il a d'ailleurs publié un album sur le sujet, co-écrit avec Helen Grant Ross-, l'architecture est intéressante et si les maisons sont haut perchées sur des piliers en bois, c'est pour favoriser la circulation de l'air autour du bâtiment, et ainsi le rafraichir lors des fortes chaleurs.


Aujourd'hui, Darryl occupe la première maison qu'il a déplacée, les deux autres se trouvent sur un vaste terrain de 7 blocs, le long de la rivière Siem Reap, dans le village de Sbean Cheav. Ainsi, il espère que d'autres amateurs de l'art khmer et souhaitant s'investir dans le même type de projet, viendront poser leurs maisons sur ce terrain, afin de créer un petit village de maisons classiques.
Anaé Pinel (www.lepetitjournal.com) lundi 18 avril 2011

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Publié le 18 avril 2011, mis à jour le 8 février 2018

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