Des centaines d'ouvriers ont été licenciés d'une usine produisant pour la marque américaine Nike après une série de manifestations portant sur les salaires, ont dénoncé mardi des responsables syndicaux.
"Ils ont été forcés de démissionner de leurs emplois sans compensation. Cet acte est illégal", a indiqué Mann Seng Hak, un représentant de la Free Trade Union, précisant qu'environ 300 personnes étaient concernées. "C'est une forme de punition pour forcer les ouvriers à ne pas faire grève et à ne pas manifester".
Les propriétaires de l'usine n'ont fait aucun commentaire.
Les exportations de textile, clé pour l'économie du pays, ont rapporté 4,6 milliards de dollars au Cambodge l'an dernier.
Quelque 650.000 ouvriers travaillent dans le secteur, dont 400.000 pour des sociétés exportatrices. Mais des scènes d'évanouissements collectifs ont tiré la sonnette d'alarme depuis deux ans, sur fond de sous-alimentation, de surmenage et de mauvaise ventilation des ateliers.
Les revendications syndicales se sont durcies, face aux autorités parfois accusées de faire un usage excessif de la force. Au moins 10 ouvriers ont été blessés le 3 juin lorsque la police a dispersé une manifestation dans une usine de la province de Kampong Speu (sud) travaillant aussi pour l'équipementier américain, selon des sources syndicales.
Une semaine avant, la police avait utilisé des matraques paralysantes contre des grévistes. Les militants ont affirmé qu'une femme avait fait une fausse couche à l'issue de ces incidents.
Les défenseurs des droits de l'Homme craignent que le gouvernement ne veuille faire taire les critiques et les tensions sociales avant les élections du 28 juillet qui verront, sauf surprise, la victoire du Premier ministre Hun Sen, au pouvoir depuis 1985.
AFP (12 Juin)