Édition internationale

Les F16 thaïlandais frappent jusque dans la province de Siem Reap

Les combats le long de la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande sont entrés, lundi 15 décembre, dans leur neuvième jour consécutif. Malgré les appels internationaux à la retenue, les affrontements se sont intensifiés, marqués par l’usage de l’aviation, d’armes lourdes et par un lourd bilan humain et humanitaire.

La province de Siem Reap sous le feu des F-16 thaïlandais 6La province de Siem Reap sous le feu des F-16 thaïlandais 6
photo Ministère de l'Information : Facebook
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 16 décembre 2025

Les combats le long de la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande sont entrés, lundi 15 décembre, dans leur neuvième jour consécutif. Malgré les appels internationaux à la retenue, les affrontements se sont intensifiés, marqués par l’usage de l’aviation, d’armes lourdes et par un lourd bilan humain et humanitaire.

 

Frappes aériennes et usage d’armes lourdes

Dans la matinée du 15 décembre, les forces thaïlandaises ont élargi la zone des hostilités. Selon le ministère cambodgien de la Défense nationale, un avion de chasse F‑16 a mené des frappes entre 10h00 et 10h11 à proximité d’un centre de déplacés dans le district de Srei Snam, dans la province de Siem Reap, ainsi que près du pont O’Chik, dans le district de Chongkal, province d’Oddar Meanchey.

Le ministère a également fait état de tirs d’artillerie, de l’utilisation de bombes à fragmentation, de largages d’explosifs et du déploiement de chars dans plusieurs zones sensibles de la 4e région militaire, notamment autour d’O’Smach, Samrong, Thmar Da, ainsi que près des temples de Ta Moan, Takrabey et Preah Vihear.

Lors d’un point presse, la porte‑parole du ministère, Maly Socheata, a déclaré que les forces thaïlandaises avaient ouvert le feu et utilisé des drones dans les 4e et 5e régions militaires, touchant notamment Boeung Trakoun, le village de Prey Chan, Chouk Chey, O’Phlouk Domrey et le poste‑frontière de Chey Chomneas. Si certaines zones sont restées calmes, les forces cambodgiennes demeurent en état d’alerte élevé.

 

La province de Siem Reap sous le feu des F-16 thaïlandais

Pont détruit la dans l'après-midi du 13 décembre 2025, dans la province de Pursat.

 

Un bilan humain qui s’alourdit

Sur le plan humain, la situation continue de se dégrader. Le ministre de l’Information, Neth Pheaktra, a indiqué qu’au 15 décembre à 14h00, le nombre de civils tués dans le conflit atteignait 15 morts, avec 73 blessés. Quelques heures plus tôt, le ministère de l’Intérieur faisait état de 13 morts civils et 74 blessés, après le décès d’une femme dans la province d’Oddar Meanchey.

Les déplacements de population ont pris une ampleur considérable. Au matin du 15 décembre, 405 758 personnes avaient été contraintes de quitter leur domicile. Le nombre total de déplacés s’élève à plus de 120 000 familles, soit plus de 403 000 personnes, dont environ 208 000 femmes et 96 000 enfants.

Le Petit Journal soutient d’ailleurs un groupe de médecins qui se rendra à la frontière ce week-end. Lien ici.

 

Menace de blocus

Par ailleurs, la Thaïlande envisagerait un blocus du golfe de Thaïlande afin d’empêcher l’acheminement de carburant et de matériel militaire vers le Cambodge. Cette proposition n’a toutefois pas encore été validée par le Conseil de sécurité nationale thaïlandais, qui devait se réunir le 15 décembre pour en débattre. Dans l’attente, la Marine royale thaïlandaise a ordonné la suspension temporaire de la pêche dans quatre zones maritimes jugées à haut risque, au large de la province de Trat.

Au‑delà du champ militaire, les répercussions économiques inquiètent de plus en plus les acteurs internationaux. La Chambre de commerce américaine au Cambodge (AmCham) a officiellement saisi l’ambassade des États‑Unis à Phnom Penh après des déclarations de l’armée thaïlandaise évoquant la possibilité de classer les ports cambodgiens comme zones « à haut risque » et de bloquer les livraisons de carburant.

« Un blocus du carburant aurait des conséquences dévastatrices pour les familles et les entreprises américaines au Cambodge », a alerté Casey Barnett, président d’AmCham. Selon lui, une telle mesure entraînerait une hausse massive des coûts de transport et d’assurance, perturberait les échanges commerciaux entre les États‑Unis et le Cambodge et aggraverait la précarité de plus d’un million de travailleurs vulnérables.

 

Diplomatie régionale et appels à la retenue

Sur le plan diplomatique, la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’ASEAN, prévue le 16 décembre et destinée à présenter les résultats d’une surveillance satellitaire américaine de la situation sur le terrain, a été reportée à la demande des deux parties, a annoncé le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim.

La Chine a, de son côté, appelé à la désescalade. Par la voix de Guo Jiakun, porte‑parole de son ministère des Affaires étrangères, Pékin a exhorté le Cambodge et la Thaïlande à faire preuve de retenue et à œuvrer pour un arrêt rapide des combats. « La Chine continuera à promouvoir des discussions en faveur de la paix et à jouer un rôle constructif pour parvenir à un cessez‑le‑feu », a‑t‑il déclaré.

 

Mobilisation de la diaspora cambodgienne

À l’étranger, la poursuite du conflit a suscité une mobilisation de la diaspora cambodgienne. Des rassemblements ont notamment eu lieu devant la Maison‑Blanche, aux États‑Unis, mais aussi en Australie, au Japon et en Corée du Sud, appelant à un cessez‑le‑feu et à une solution pacifique au différend frontalier.

 

La province de Siem Reap sous le feu des F-16 thaïlandais

Des citoyens cambodgiens résidant à Melbourne, en Australie, ont manifesté leur patriotisme en se rassemblant devant l'Assemblée nationale. Photo Ministère de l'information

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