D’après le rapport annuel du PLCN, la forêt de Prey Lang a continué de souffrir de déforestation massive entre 2017 et 2018, faute de mesures à même d’endiguer ce phénomène.
Selon le rapport annuel du Prey Lang Community Network, la déforestation se poursuit dans les provinces de Kratié, Kampong Thom, Stung Treng et Preah Vihear.
La forêt de Prey Lang, au nord du Cambodge, a mérité son titre de réserve naturelle avec ses sept différents écosystèmes. Ce sanctuaire naturel composé de 431 683 hectares abrite non seulement une faune et une flore en voie de disparition, mais aussi un bassin hydrologique qui afflue vers le lac Tonle Sap, lieu essentiel pour l’écosystème et la pêche du pays. Qui dit réserve naturelle dit lieu protégé, toutefois pour la réserve de Prey Lang, cette appellation reste théorique. Les images satellites mettent en évidence la disparition de milliers d'hectares en 2017, plus particulièrement dans la province de Kratié. Une perte qui correspond à la disparition de la surface de vingt-deux terrains de football par jour. Entre 2000 et 2017, la réserve naturelle a perdu près de 10% de sa zone boisée.
Le PLCN regroupe plusieurs communautés vivant aux alentours de la réserve naturelle. Elles cherchent à protéger la forêt de la déforestation illégale, notamment en récoltant des données sous forme des preuves visuelles, récoltées via une application mobile développée en partenariat avec l'université de Copenhague.
D’après le PLCN, un des principaux moteurs de cette déforestation est le développement de routes forestières qui permettent d’acheminer le bois coupé. Le rapport souligne que depuis 2017, les communautés doivent informer le ministère de l’environnement et les autorités locales en amont afin que des rangers soient assignés aux patrouilles. Une réglementation qui constitue davantage une contrainte qu'une aide efficace, puisque selon les membres du PLCN, certains officiels préviennent les trafiquants de bois. A cause de cette nouvelle régulation, les patrouilles sont moins performantes, un raid prévu en novembre 2017 contre des trafiquants a même été annulé. D'autre part, les communautés ont découvert que de multiples autorisations gouvernementales d'exploitations forestières circulaient, malgré l'interdiction de déboiser une forêt protégée.
Selon le PLCN, des solutions simples permettraient pourtant de réduire la déforestation : il s'agirait de fermer les scieries autour de Prey Lang, de confisquer et d'arrêter les importations de tronçonneuses dans la zone, de renforcer les contrôles à la frontière avec le Vietnam, de stopper les constructions de routes dans la réserve, d’effectuer davantage d'analyses géospatiales... Enfin, les membres réclament la suppression de la législation qui leur demande d'avertir les forces de l’ordre locales pour patrouiller afin qu’ils s'organisent eux-mêmes pour mener des raids.
Si de multiples mesures restent encore en suspens, la mobilisation des communautés n'a toutefois pas été vaine. Selon un porte-parole du PLCN, « l'application a permis non seulement de sensibiliser sur le thème de la déforestation, mais a probablement aussi contribué à faire pression sur le gouvernement cambodgien ».
D’après les images satellites, Prey Lang n’est pas l’unique zone boisée en danger. En 2016 uniquement, le Cambodge a perdu 200 000 hectares de forêt, selon le laboratoire de l'université de Maryland, l’USGS et la NASA.