Interrogé par Brendan Brady du PP Post, le nouveau chef de la délégation de la Commission européenne David Lipman au Cambodge parle de l'agriculture, l'économie et ses projets pour le Royaume
(Crédit Photo The PPP)
L'an dernier le gouvernement cambodgien a demandé une aide alimentaire aux agences d'aide au développement alors même qu'il signait d'importants contrats d'exportation de sa production de riz. Le gouvernement ne devrait-il pas s'abstenir de vendre ses stocks de denrées si dans le même temps il demande des aides alimentaires ?
Le principal problème du Cambodge concernant sa production alimentaire est que ses autorités ne disposent pas de capacités de stockage suffisantes, et sans celles-ci, vous ne pouvez pas conserver les denrées dans le pays.
Il est donc souvent plus sage d'exporter ce que vous ne pouvez pas stocker. Une des choses que nous allons faire est les aider à augmenter leur capacité de stockage alimentaire.
L'agriculture cambodgienne a t-elle besoin d'être restructurée ?
Pour moi, le principal enjeu est d'essayer de les aider à augmenter leur production. Selon les statistiques, 65% des foyers ruraux sont des acheteurs nets de produits alimentaires, ce qui est énorme.
Le Cambodge a t-il un problème de sécurité alimentaire ?
Il y a un problème. Le seul fait que nous ayons ce mécanisme d'aide financier destiné à soutenir la production signifie qu'il y a un sérieux problème de production. Je ne parlerais pas de crise alimentaire, mais le Cambodge a besoin d'aide.
Une des principales critiques faites à l'économie cambodgienne est qu'elle repose sur deux secteurs : le tourisme et le textile. Comment cette économie peut-elle résister dans un contexte de crise économique globale ?
Nous devons aider le Cambodge à se diversifier. Le pays n'exporte que dans deux secteurs. Le textile représente 80% des exportations, les fabricants de chaussures 11%. Ils ont besoin de fabriquer d'autres choses, et nous devons les aider à se diversifier dans les industries légères. Et il est possible de faire plus dans le secteur agricole, avec notamment les produits agricoles transformés.
Pour la Commission européenne, le Cambodge est-il un de ces pays en besoin de subventions pour répondre aux répercussions locales de la récession globale ?
Subvention, ce n'est pas le terme que nous utilisons. Notre aide se concentre sur les plus démunis des Cambodgiens ? en terme d'aide alimentaire et d'accès à l'éducation primaire. En fait, l'Union européenne (UE) considérée comme un tout, c'est-à-dire la Commission et les Etats-membres, a prévu une enveloppe de 600 millions de dollars d'aide de 2009 à 2010. Nous attachons donc une grande importance à l'aide pour le Cambodge. Les Cambodgiens reçoivent l'aide la plus importante par habitant de la région.
Nos priorités sont le développement rural et le développement agricole. Nous travaillons avec le gouvernement sur sa stratégie;ce qui est important c'est l'accès à la propriété. Nous ne voulons pas agir sans l'accord du gouvernement. Nous voulons nous concentrer sur des choses que les Cambodgiens font eux-mêmes. Nous soutenons l'éducation primaire. Notre programme pour l'éducation est de 35 millions de dollars. Nous nous attachons aussi à aider à la gestion des finances publiques, ce qui est très important, les aider à gérer leurs finances plus efficacement qu'ils ne font à l'heure actuelle. Les droits de l'Homme et la démocratie sont aussi des sujets de grande importance. Et nous devrions prochainement lancer un nouveau programme de 10 millions de dollars de soutien aux tribunaux et à la réforme judiciaire.
On a beaucoup parlé du pétrole cambodgien et de ses possibilités. Certains craignent une « malédiction pétrolière » alors que le gouvernement a demandé aux critiques de se calmer dans l'attente d'un début des extractions. Pensez vous que le Cambodge est prêt à gérer ses ressources potentielles en pétrole ?
Ce qui est important dans tous ces processus, c'est la responsabilité et la transparence. De notre côté, et dans le cadre de nos différents programmes d'aide et de notre soutien budgétaire, nous prenons en compte ces questions de responsabilité et de transparence dans ces domaines, et nous y attachons une grande importance.
Ils n'ont pas encore commencé la production, et, d'après ce que j'ai compris, ne la commenceront pas avant 2011. Mais nous travaillons avec le gouvernement du Cambodge pour assurer que tout est fait de manière transparente et responsable.
Nous n'avons pas été impliqués dans les contrats préliminaires [avec les sociétés concernées].
Brendan Brady de notre partenaire The Phnom Penh Post
Traduit par LePetitJournal.com-Cambodge Jeudi 30 Avril 2009
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