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Beat Richner : l’hommage du Cambodge au pédiatre suisse

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Beat Richner dans l'un de ses hôpitaux. Crédits : Kantha Bopha Facebook Page
Écrit par Victor Bernard
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 13 septembre 2018

Le pédiatre Beat Richner est mort le 9 septembre dernier. Il était une figure emblématique de l’aide à l’enfance au Cambodge après y avoir construit cinq hôpitaux depuis 1992.

Le pédiatre violoncelliste s’est éteint le dimanche 9 septembre à Zurich à l’âge de 71 ans. Après avoir travaillé pour la Croix rouge au Cambodge en 1974, il avait fui le royaume lors de l’offensive des Khmers rouges début 1975. Richner était revenu au Cambodge en 1992 sur la demande du gouvernement, qui lui proposait de remettre sur pied l’hôpital Kantha Bopha. S’ensuivront l’ouverture de quatre autres hôpitaux Kantha Bopha, dont l’un (Jayavarman VII) est situé à Siem Reap. Les quatre autres se trouvent à Phnom Penh.

L’ensemble des hôpitaux Kantha Bopha traite gratuitement chaque année 500.000 enfants sans aucune contrepartie. Les maladies les plus sérieuses, comprenant l’encéphalite japonaise, la dengue hémorragique ou encore la typhoïde figurent parmi les plus graves causes d’admission et touchent presque 100.000 des patients. Beat Richner affirmait même que 80% des soins pédiatriques au royaume étaient assurés par ses hôpitaux.

En parallèle, le médecin a écrit trois ouvrages sur son travail au Cambodge. Parfois critiqué par l’ONU pour exercer une médecine de luxe, il a rétorqué que les structures onusiennes, de leur côté, exerçaient une  « médecine pauvre pour des gens pauvres ». Elevé au rang de conseiller auprès du ministre de la santé cambodgien, Richner s’est montré à la fois dur et conciliant avec les autorités cambodgiennes. S’il a accepté ce poste, qui équivaut au statut de secrétaire d’Etat, il s’est également montré dubitatif quant aux autorités sanitaires cambodgiennes avec lesquelles il a refusé de signer des contrats, les estimant peu dignes de confiance. En 2004, son refus de collaborer avec les autorités locales lui a valu le retrait provisoire du soutien financier de la Direction du développement et de la coopération (DDC), l’agence de développement de référence en Suisse.

Beat Richner était considéré comme un héros par de nombreuses familles cambodgiennes, qui se sont empressées de se rassembler afin de réclamer un hommage national au médecin suisse à l’annonce de sa mort. De nombreuse requêtes ont été posées pour voir ériger différentes statues à l’effigie de Richner, notamment devant ses hôpitaux à travers le pays.

Connu pour son engagement médical pour la jeunesse cambodgienne, Beat Richner était également connu dans le monde de la musique pour ses talents de violoncelliste. Cette réputation lui avait même valu le surnom de « Beatocello ». Il avait notamment joué à de nombreuses reprises au Cambodge et en Europe afin de récolter des fonds pour l’entretien et l’avenir de ses infrastructures hospitalières.

Atteint d’une maladie grave, il avait délégué l’administration de ses hôpitaux depuis mars 2017 à son bras droit Peter Studer.

Le centre culturel Bophana de Phnom Penh rendra hommage au pédiatre en projetant aujourd'hui à 18h deux documentaires sur le travail du médecin: 15 ans de Kantha Bopha, de Georges Gachot (2007) et Il est minuit, Docteur Richner, de Thierry Fournet et Patrick Schmitt (2002). Entrée libre.

victor_bernard
Publié le 12 septembre 2018, mis à jour le 13 septembre 2018

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