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PEINTURE - Dominique Tricoire, l’artiste-caméléon ou grand nomade qui court de temple en temple

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 27 février 2014, mis à jour le 28 février 2014

Difficile de brosser un portrait de Dominique Tricoire, artiste-peintre de renom installé au Cambodge depuis 2 ans, tant les chemins qu'il emprunte au cours de sa carrière sont sinueux, véritable lacis de découvertes, risques et aventures sur lequel celui-ci surfe avec aisance.

On essaye tant bien que mal de le suivre à la trace, on se perd on le retrouve, et quand on croit l'avoir cerné, le voilà qui vous échappe : le voyage est étourdissant. Que dire donc, de cet artiste vendéen qui dessine depuis l'âge de 10 ans, brave les appréhensions familiales en entrant à l'Ecole Pivaut à Nantes pour emprunter l'exigeante voie des beaux-arts, sinon qu'il semble être l'homme aux mille et une vies, l'homme de toutes les vocations, lesquelles sont mouchetées de toiles où souffle un vent d'Asie, envoûtant et visionnaire.

A Paris, avant d'embrasser sa carrière de peintre indépendant, il s'occupe du design de discothèques, travaille à des configurations de  vitrines, puis dans la mode, puis au décor de théâtres, puis de spectacles, organise enfin des soirées underground, des mises en scène? Quatorze années de polyvalence, quatorze années de vie de bohème à Montmartre, à côtoyer sur la butte écrivains, peintres et musiciens?

C'est ce qu'il quitte en s'expatriant au Cambodge, avec comme des envies d'ailleurs, de sobriété, de dépouillement : faire peau neuve pour entrer dans la chair d'une nouvelle toile, renouveler ses inspirations et faire l'expérience de réécrire ailleurs son histoire, s'inventer un énième destin, rebattre les cartes. L'art selon lui exige ce recul, ou enfin une certaine maturation, un temps d'apprivoisement: "L'art demande du temps, il faut prendre le temps or la majorité des gens est toujours pressée :  pressée de manger, pressée de dormir, pressée de vivre." C'est aussi vivre l'expérience d'un temps dilaté qu'il recherche en Asie.

Exposé au prestigieux Sofitel depuis désormais un an grâce à l'aide de son agent Pierre-Antoine de La Gorce, ses toiles qui frisent toujours avec l'abstraction laissent entrevoir entre ombre et lumière quelques temples ciselés, où l'on imagine çà et là, tapies sur quelques pans de murs des chauves-souris, ces "dormeuses de velours" d'après les mots de Pierre Loti, pèlerin d'Angkor. Au cours de ses voyages, en Indonésie, en Birmanie, au Laos, en Inde, au Cambodge et on en passe, les temples, pour les havres de spiritualité et de silence qu'ils représentent le saisissent, tant et si bien que ceux-ci ne quittent plus son art : tantôt les temples deviennent ville, des câbles se détachent dans un ciel comme embrasé pas les feux du couchant, tantôt la ville assagie s'habille de sanctuaires au profil esquissé.

 

C'est au cours de ses visites sur les lieux saints de tout genre qu'il s'est passionné pour l'ésotérisme, les réalités d'en-haut et pratiques occultes. Des vestiges de ses souvenirs lors de ses pèlerinages, des pyramides en passant par les fresques d'église, il construit à la peinture à l'huile, l'encre et l'acrylique pagode et mystique personnelles : "L'idée du sacré est importante parce que malheureusement, on vit dans une époque où l'on a tendance à désacraliser l'espace et l'homme intérieur." Partout, l'artiste part en quête d'univers pétris de mystère, convaincu que des secrets remplis d'étoiles sont partout pour qui sait ouvrir les yeux. Ainsi à Paris, son chez lui est une sorte de partout, un carnet de voyages, une terre d'exil où ses amis aiment à se rendre, pour goûter aux bizarreries fantastiques d'une vie d'artiste, toucher de près son curieux boudoir fantasmagorique.

Dominique Tricoire nous offre donc un kaléidoscope haut en couleurs, couleurs qu'il aime mettre dans sa vie et sur ses toiles, car tout est jeu de correspondances, comme dans celles de Baudelaire  où « Les parfums, les couleurs et les sons se répondent ». Il aime peindre en écoutant la lecture des Les Fleurs du Mal, ou alors c'est Le Cantique des Cantiques parmi tant d'autres qui aident l'artiste à mettre en toile l'éclat de ses émotions, sentir la pulsation des « énergies » vibrer en lui. Parfois il opte pour le silence, ou encore la musique de Bach, et c'est alors l'art qui engendre l'art, tandis que Dominique revisite les grands du passé. Ainsi vécu, l'art est d'après lui « réconciliation avec soi », car l'art exige la plus intimidante introspection, de fouiller dans les tréfonds des grandes peines et grandes solitudes pour les transmuer en beauté épurée. En peignant, il construit le pont qui relie la solitude, l'individualité propre d'un artiste, la sienne, à celle des autres : de là jaillissent réconciliation et partage, la transformation de notre part d'ombre en « creuset de couleurs » donné comme une offrande à la communauté.

A rencontrer Dominique Tricoire, on pense encore aux mots de Pierre Loti, "J'eus cette fois la prescience très nette d'une vie de voyages et d'aventures, avec des heures magnifiques, presque un peu fabuleuses comme pour quelque prince oriental, et aussi des heures misérables infiniment", et on lui souhaite que les heures fastes ou sombres soient d'égale inspiration, afin qu'il puisse nourrir allègrement ses prochaines expositions à Singapour, Hong Kong, Bangkok, Kuala Lumpur et Washington de ses toiles magistrales.

Hélène de La Rochefoucauld ? www.lepetitjournal/cambodge - Vendredi 28 février 2014

Dominique Tricoire fait partie des artistes de l'exposition " La Galerie des Arts " au Sofitel de Phnom Penh dont le vernissage aura lieu demain, samedi 1er mars.

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Publié le 27 février 2014, mis à jour le 28 février 2014

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