C'est une école pas comme les autres qui vient d'ouvrir lundi 11 juin à Phnom Penh. Pionnière dans son genre, Language Institute of Natural Khmer (LINK), bouleverse les techniques classiques de l'apprentissage de la langue Khmer. Affranchis des devoirs à la maison, l'élève devient un auditeur libre. Mais pour saisir l'originalité de LINK et de sa natural approach, l'élève devra apprendre tout d'abord à se terrer dans le silence.
?Don't speak in Khmer, please.? Placardé dans la salle de cours, l'écriteau avertit d'emblée les nouveaux élèves qui franchissent les portes de cette nouvelle école que "ici, on ne parle pas le Khmer avant de le comprendre". De quoi créer l'étonnement chez les futurs élèves de LINK, habitués à plus de conformisme.
L'idée ne date pourtant pas d'hier et peut s'appliquer à toutes les langues. Elle a été développée dans les années 80 par le linguiste américain, Marvin Brown. Et c'est dans sa "version la plus pure" que Sonia Cautain, 50 ans et David Jacobs, 25 ans ont décidé de l'implanter au coeur du Royaume. Elle, est française ayant travaillée de nombreuses années dans les ONG (Handicap International) et lui, est anglais, fraîchement diplômé dans les études européennes. Ils se sont rencontrés à Bangkok entre 2005-2009. C'est là-bas, dans une école thaï (Automatic Language Growth) que le duo a découvert cette méthode.
Un concept frustrant ?
Désireux d'apprendre le Khmer, l'expatrié n'a qu'une seule envie pouvoir prononcer ses premiers mots. Mais à suivre l'idée soutenue par Sonia Cautain et David Jacobs, une période de silence est indispensable "pour que ce nouveau système soit maîtrisé par le cerveau. L'enfant ne parle pas sa langue maternelle tant qu'il n'est pas capable de la prononcer. Nous copions exactement ce même processus avec la langue Khmer. "
Si frustration il y a pour le duo, elle ne vient pas de leur approche mais bien des cours particuliers enseignés et qui n'aboutissent qu'à la connaissance d'une liste de vocabulaire, d'une langue et d'une culture cambodgienne approximative. Le "one to one" est jugé inefficace. Ce constat n'est pas le leur mais ceux des cinquante personnes qui ont joué les cobayes pendant les deux mois de formation des professeurs de l'école.
A l'école comme au théâtre
Originaires de Battambang, Takeo, Siem Reap ou encore Phnom Penh, les professeurs de LINK ont cette particularité d'être tous originaires d'une province différente. LINK veut cultiver sa diversité mais aussi son paroxysme. Sur les 11 professeurs recrutés jusqu'à présent, aucun n'a de formation dans l'éducation. Le diplôme aux oubliettes, l'important est "l'échange, la transmission de la culture à travers des légendes, des blagues, des histoires", explique Sem Fousing, 30 ans, qui a rejoint l'équipe de l'école comme interprète. "C'est un peu comme au théâtre, il y a des jeux de rôles, des mimes : c'est une méthode très ludique."
En plus d'avoir des professeurs jeunes (entre 21 et 34 ans) et dynamiques, Language Institute of Natural Khmer met l'accent sur l'interactivité. Deux professeurs animent à chaque fois les cours. Plus de 600 heures sont à prévoir si vous voulez parler le Khmer comme votre langue maternelle. Une fois la parole libérée, l'étape de la lecture et de l'écriture devrait alors devenir une partie de plaisir.
Lire aussi:
- Dix raisons d'apprendre le Khmer
Julie Cassiau (www.lepetitjournal.com/cambodge.html) Jeudi 14 Juin 2012
Language Institute of Natural Khmer ( LINK) du lundi au vendredi de 7h à 19h et samedi, de 9h à 17h. Jusqu'au 9 juillet 2012, cours dispensés rue 240 au Le Rit's (Chanty Room). Dès le 10 juillet 2012, ouverture de l'école rue 200 au Sovannaphumi School (4e étage).
Prix : 4$ l'heure (1h d'essai gratuit)
Pour plus d'infos : contact@naturalkhmer.com