Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

CULTURE - La légende d'Angkor Vat

Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 13 octobre 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

De nos jours encore, les contes et légendes ont une place toute particulière dans la culture khmère. Principalement contées de manière orale, ces histoires transmises de génération en génération comportent autant de mystères que de réponses à la question: Qui sont les Khmers et qu'est-ce que le Cambodge d'hier et d'aujourd'hui ?

 

(crédit: www.flickr.com)

Voici la légende fondatrice des temples d'Angkor, d'après le texte de Khing Hoc Dy :

En 544 de l'ère bouddhique, Neak Vong et Néang Téav, un couple de roturiers aux mérites divins, fut installé à la tête du Royaume. Le nouveau roi prit alors le nom de de Préah-Bat-Sâmdach-Tévavong-Aschar, « Merveilleux-Souverain-de-la-Lignée-Divine».

Installé dans le palais royal de Mohanokor, la « Grande-Cité », le couple régnait paisiblement sur son territoire sans qu'aucun ennemi n'osât le déranger. Mandarins, brahmanes et peuple vivaient calmement grâces aux mérites et à la puissance de leurs souverains.

Cependant, le monarque n'avait eu d'enfant et ordonna donc à la reine d'observer les préceptes bouddhiques afin qu'elle lui donne un héritier. Elle accepta et commença le rituel de demande d'un fils.

Sept jours s'écoulèrent et la reine rêva qu'Indra, le suprême roi des dieux, descendait des cieux pour toucher son ventre et lui offrir une guirlande de fleurs avant de retourner dans sa résidence céleste.

Dès son réveil, elle conta son rêve à son époux qui fit venir un devin pour l'interpréter. Après réflexion, le devin dit : « La reine va avoir un fils comblé d'une puissance qui vaincra tous les ennemis de toutes les directions ». On apprit la grossesse de la reine peu de temps après.

Lorsque la grossesse arriva à terme, la reine donna naissance à un fils d'une grande beauté. L'excellent et royal père lui donna le nom de Kétoméaléa, « Lumineuse-Guirlande-de-Fleurs », en raison du songe de la reine.

Lorsque Kétoméaléa eut six ans, Indra ordonna au dieu Méatolei de prendre le char divin pour aller le chercher et le conduire au Ciel des « Trente-Trois ». Le jeune héritier avait été, dans une vie antérieure, le fils du roi des dieux Indra qui l'avait envoyé renaître parmi les mortels afin qu'il protégeât la religion bouddhique et qu'il prît soin du Royaume dans la gloire, la prospérité et la paix.

Quand la nuit tomba, Méatolei monta sur le char divin Pichayon, descendit sur Terre, entra dans le palais et prit avec soin dans ses bras Kétoméaléa. Puis il le déposa dans le char divin Pichayon qui s'envola vers le Ciel.

Le matin, le roi Tévavong-Aschar et la reine ne trouvèrent pas leur fils. Très affligés, ils firent venir un devin pour faire des calculs magiques. Celui-ci prédit : « En ce qui concerne l'auguste enfant qui a disparu, il suffit que le peuple, les mandarins, les brahmanes de tout le royaume observent les préceptes bouddhiques pendant sept jours, alors on retrouvera l'auguste enfant dans le palais. ». Le monarque ordonna donc à tout le royaume d'observer les préceptes bouddhiques, ce que le peuple entier se hâta de faire.

Pendant ce temps, dans les Cieux, Indra, suprême souverain, enseignait à Kétoméaléa les dix devoirs royaux. Il le baigna sept fois par jour pendant sept jours dans un bassin parfumé de son jardin. Puis, il invita sept brahmanes divinisés à venir réciter des formules magiques et asperger d'eau merveilleuse le jeune héritier afin qu'il ait une vie de plus de cent ans.

Les rituels achevés, Indra fit monter Kétoméaléa sur l'auguste char divin et survola ses palais pour que celui-ci en appréciât toute la beauté. Puis le cocher emmena l'enfant visiter les écuries célestes. Indra lui demanda :
- Est-ce que tu es content de ce que tu viens de voir ?
- J'en suis émerveillé, répondit-il.
Indra ajouta :
- Bien ! Je te confierai le royaume du Cambodge. Pour cela, si un de mes palais que tu viens de voir te plaît et si tu souhaites en faire bâtir un au Cambodge de la même beauté, tu n'as qu'à en formuler le v?u. Je vais t'envoyer un architecte afin qu'il le construise immédiatement dans ton royaume.
Le jeune prince, très émerveillé et très impressionné par Indra, réfléchit :
- Il ne faut pas que je fasse construire dans mon royaume un palais plus beau ou aussi beau que les palais d'Indra. Cela risque de provoquer le mécontentement de ce dernier. Kétoméaléa, ayant ainsi réfléchi, répondit :
- J'aimerais faire  bâtir un palais qui ait une beauté comparable à celle de vos écuries.
Le souverain des dieux dit en souriant :
- La beauté de mes écuries te plaît-elle ?

Le dieu suprême s'empressa alors de convoquer Pisnouka, fils de la danseuse céleste Tip-Soda-Chan, « Fille-Divine-de-la-Lune » et du vieux Lim-Séng. La mère de Pisnouka l'avait emmené au ciel chez un dieu, le grand maître des arts plastiques et de l'architecture, où il s'était efforcé d'apprendre à dessiner, à sculpter, à jouer de la musique auprès de son divin maître. Il savait construire un bateau pouvant se déplacer sur la terre ferme, sculpter sur l'argent et sur l'or, faire fondre tous les métaux et mélanger de l'eau avec de l'argile pour les transformer en pierre...

Quand Pisnouka fut arrivé, Indra dit :
- Toi, tu es de naissance humaine, tu ne peux pas demeurer éternellement au paradis. Je vais t'envoyer au Cambodge et tu y bâtiras, pour mon fils Kétoméaléa, un palais aussi beau que mes écuries. Quand tu en auras achevé la construction, je descendrai présider la cérémonie du couronnement de mon fils afin qu'il monte sur le trône.

Après sept jours, grâce aux préceptes bouddhiques suivit par les habitants de tout le Royaume, Indra ordonna à Méatolei de ramener Kétoméaléa et Pisnouka au Cambodge. Le couple royal fut très content de revoir le prince et Pisnouka put commencer à construire le palais d'Angkor-Vat. Il peignit chacun les bas-reliefs de différentes couleurs afin que la beauté de ce palais soit comparable à celle des écuries d'Indra.

Kétoméaléa, très satisfait, combla Pisnouka de louanges et lui demanda d'en bâtir d'autres, décorés également de superbes bas-reliefs.

Indra, le suprême souverain, accompagné en cortège par de nombreuses divinités, descendit dans le monde inférieur afin de donner l'ondoiement à son auguste fils et de lui conférer le nom de sacré de Arittha-polapéa-hano, « Destructeur-puissant-des-ennemis ». Enfin il donna à notre pays khmer le nom de Kampuchea (Cambodge) qui reste encore de nos jours.

Texte rapporté et adapté par Emilie TÔN (www.lepetitjournal.com/cambodge) Vendredi 14 octobre 2011

SyzMrqo__400x400
Publié le 13 octobre 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

Flash infos