Son Altesse Royale la princesse Norodom Buppha Devi, ancienne danseuse étoile du Ballet Royal (Crédit: A.C.)
Considéré dès 1970 comme une marque évidente du pouvoir féodal, le Ballet Royal disparait sous le régime khmer rouge. De nombreux danseurs et musiciens ont péri exécutés. Dans les années 1990, le Ballet royal se reconstitue sous l'égide de Son Altesse Royale la princesse Buppha Devi, fille du roi Norodom Sihanouk. Avec le soutien d'anciennes maîtresses de ballet, les centaines de mouvements de danse sont répertoriés et filmés. Le 7 novembre 2003, le Ballet royal du Cambodge est classé par l'Unesco au patrimoine oral et immatériel de l'humanité, une reconnaissance qui salue ces années de minutieux travail de mémoire.
Une nouvelle chorégraphie pour une histoire légendaire
Le spectacle présenté par le Ballet conte l'histoire de "Preah Thong et Neang Neak, la légende de la création de Kok Thlok, le royaume khmer". Chorégraphié par Son Altesse Royale la princesse Norodom Buppha Devi, il reprend une chorégraphie originale de la reine Kossamak Nearyrath Sereivoddhna de 1968. La légende raconte que, renvoyé par son père de son royaume, Preah Thong part à travers l'océan et échoue sur une île où pousse un arbre, un thlok sous lequel il décide de se reposer. Neang Neak, la fille du roi des Nagas, vient fréquemment se promener sur cette île. Lorsqu'il la voit, Preah Thong tombe amoureux d'elle, la séduit et la demande en mariage. Sept jours plus tard, le mariage se tient en présence des parents de la jeune princesse. En cadeau, le roi des Nagas aspire l'eau de l'océan et leur offre l'île-royaume qui en émerge, Kok Thlok, le royaume khmer.
Aujourd'hui encore, on retrouve cette légende dans la cérémonie du mariage khmer. En effet, la cérémonie traditionnelle se termine par le jet des fleurs d'aréquier sur les mariés au moment où le jeune homme, tenant le bout de l'écharpe de son épouse, la suit jusqu'à la chambre nuptiale. Cette dernière étape de la cérémonie symbolise Preah Thong s'accrochant à la queue de Neang Neak.
Les cinq actes de ce somptueux spectacle nous plongent au c?ur des traditions les plus raffinées de la culture khmère. Les apsaras, danseuses célestes des temples d'Angkor, semblent s'incarner dans la grâce des danseuses d'aujourd'hui. Offrandes aux dieux, encens pour communiquer avec l'au-delà, métamorphose des danseuses en créatures célestes, nous entrons ici dans le monde du sacré.
Aurélie COLLADON. (www.lepetitjournal.com - Cambodge) mardi 20 mai 2008{mxc}