Édition Buenos Aires

Quel bilan pour la 26e édition du BAFICI ?

Le plus grand festival de cinéma indépendant d'Amérique latine s’est terminé ce dimanche 13 avril. L’occasion de revenir sur une édition marquante, avec pas moins de 300 productions indépendantes, de genres et de longueurs divers. Pourtant, le gouvernement argentin sert toujours la vis, en coupant dans le budget du cinéma...

Grand Prix de la ville de Buenos Aires, Film : LS83 - @BAFICI.orgGrand Prix de la ville de Buenos Aires, Film : LS83 - @BAFICI.org
Écrit par Clara Monteiro
Publié le 15 avril 2025

 

Ce n'était pas gagné : Milei, fin 2024, usait une nouvelle fois de sa tronçonneuse, symbole de son projet d’austérité économique, afin de conditionner plus durement l'accès aux subventions au cinéma indépendant argentin. Il publie alors un décret établissant que les films produits en Argentine ne recevront des subventions de l'État uniquement à condition de réunir en salle au moins 10 000 spectateurs. Un coup dur pour l’INCAA, l’Institut National du Cinéma et des Arts Audiovisuels, à quelques mois de l’ouverture du festival de cinéma le plus attendu d’Argentine, voir d'Amérique latine. 

Des résultats plus que probants

Cependant, il semblerait que cette édition ait été de nouveau une réussite : "Pour l'édition de cette année, les films ont été produits avant le décret, donc le festival a pu se tenir comme prévu", explique Sol, responsable de l’accueil des spectateurs au Cine Teatro Alvear, partenaire du festival. Mais le véritable enjeu, selon elle, concerne les éditions futures : sans les financements nécessaires pour préparer les prochains BAFICI, la continuité artistique du festival et sa capacité à découvrir de nouveaux talents sont aujourd’hui en péril.

Le public était rendez-vous cette année encore : au théâtre Alvear, où quatre projections ont été programmées chaque jour, les 240 sièges disponibles par salle ont systématiquement été occupés en soirée et les week-ends. Un succès indéniable, renforcé par un prix d’entrée attractif (3000 pesos), rendu possible grâce au soutien de la Ville de Buenos Aires, qui subventionne les théâtres et cinémas municipaux dans les sept lieux accueillant le BAFICI.

Une ode au cinéma argentin

En ce qui concerne les résultats de cette compétition, le cinéma argentin fut sans surprise largement mis à l'honneur à la cérémonie de remise des prix ce samedi à l’Usina del Arte : le BAFICI a présenté un nouveau prix inédit, le Grand Prix de la ville de Buenos Aires, octroyé au meilleur film argentin à travers les trois compétitions du festival (internationale, argentine ainsi que cinéma d’avant garde). Il est remporté par le documentaire LS83 qui combine une lecture des souvenirs d’enfance de l'écrivain Martin Kohan, entrecoupée d’images d’archives inédites issues du journal diffusé sur le Canal 9 de la télévision argentine à la même époque, entre 1973 y 1980, période de dictature en Argentine. 

Si le grand prix du festival est décerné à Juanjo Pereira pour son essai documentaire Under the Flags, the Sun [Bajo las banderas, el sol], portrait d'Alfredo Stroessner pendant ses trois décennies de dictature au Paraguay ; le cinéma français n'est pas en reste et remporte le Prix du Meilleur Long Métrage avec Le rendez-vous de l'été de Valentine Cadic.

Le festival s’est clos ce dimanche par un dernier hommage à l'art argentin, avec la projection de Quinografía, retraçant la vie du dessinateur Quino, créateur de Mafalda. La 26e édition, forte d’engagement, a pu célébrer la richesse et la diversité d’une production nationale en pleine effervescence, avec des salles combles et une sélection saluée par la critique. Cependant cette réussite, portée par des films produits avant le décret restrictif de fin 2024, reste fragile : sans soutien économique ni financement pérenne, l’avenir du BAFICI reste suspendu, ainsi que celui d’une scène indépendante pourtant essentielle à la culture argentine.

 

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