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SAISON ROUMANIE-FRANCE 2019 - Rencontre avec Andrei Tarnea

Rencontre avec Andrei Tarnea commissaire roumain saison France Roumanie 2019Rencontre avec Andrei Tarnea commissaire roumain saison France Roumanie 2019
Andrei Tarnea, commissaire roumain de la saison Fr/RO à gauche et son homologue français à droite, Jean-Jacques Garnier
Écrit par Grégory Rateau
Publié le 22 avril 2019, mis à jour le 22 avril 2019
Après notre rencontre avec le commissaire français de la saison France-Roumanie 2019, Jean-Jacques Garnier, nous sommes à présent allés à la rencontre de son homologue roumain, Andrei Tarnea, qui a lancé depuis la semaine dernière le coup de départ de la saison à Bucarest et dans tout le pays. Nous souhaitions approfondir avec lui les enjeux de cette saison, faire un bilan de la fin de la saison en France et parler des retombées possibles pour nos deux pays.
 
 
 
 
 
Grégory Rateau: Quels sont les enjeux de cette saison France-Roumanie?
 
Andrei Tarnea: Premièrement, un enjeu politique car la saison a une vocation politique. Elle a été ouverte en présence des deux présidents, c'est donc un évènement avant tout politique où la France et la Roumanie, à tous les niveaux, affirment leur coopération dans un contexte européen. Deuxièmement on a un enjeu de communication et de redécouverte de la France en Roumanie, de la Roumanie en France où l'on utilise tous les outils à notre disposition, scientifiques, culturels... pour inciter les deux publics à se parler plus, à échanger pour se découvrir ou à se redécouvrir véritablement. Troisièmement et c'est peut-être la vocation la plus longue, on vise une coopération institutionnelle, on sollicite des opérateurs français et roumains pour imaginer des contenus, pour créer ensemble, et pas seulement dans le domaine des arts, mais aussi dans le domaine de l'industrie et de l'économie.

 

La saison en France s'achève et elle démarre ici en Roumanie. Qu'en attendez-vous? Est-ce une continuité du travail effectué par votre homologue français, Jean-Jacques Garnier?

Évidemment car les deux pays ont un partenariat stratégique. Avec Jean-Jacques nous avons travaillé main dans la main, la saison fait partie de la feuille de route signée par les deux gouvernements. La dimension bilatérale et sociétale est importante. On espère que la saison soit plus qu'un moment de grâce mais qu'on aura un après-saison qui va perdurer, que les relations vont continuer et se solidifier. Il faut savoir que la Roumanie et la France, en termes de communes jumelées et de relations structurelles entre les communautés locales, se trouvent sur la deuxième place après l'Allemagne et la France. Cette belle solidarité française a commencé après la Révolution. Trente ans après la chute du régime communiste en Roumanie, il y a maintenant une nouvelle génération d'élus français et roumains, il y a des communautés qui se retrouvent aujourd'hui pour des nouvelles coopérations, et cela fait chaud au cœur. Il y avait à Lyon un focus sur la jeunesse, important selon moi, qui a été mis en place, sur l'environnement et les nouvelles technologies car l'un des liens à renforcer doit être aussi centré sur les domaines qui font et feront le futur comme l'économie digitale et cette nouvelle dimension entre homme et nature, sur notre façon de vivre qui doit aussi s'adapter...
 
 
 
Pensez-vous que cette manifestation soit aussi l'occasion de redécouvrir de grands artistes?
 
Justement, je pense à Gherasim Luca, Tristan Tzara, Isidore Isou, Victor Brauner... Ils sont Roumains, vivants en France et on les redécouvre aujourd'hui dans leur contemporanéité absolue. Parce que, si on regarde le travail de cette avant-garde roumaine des années 20 jusqu'aux années 60, on se rend compte qu'elle est si contemporaine, et on imagine sans difficulté les collages de Gherasim Luca aujourd'hui présentés à Pompidou être "instagrammisés". Ils représentent une source d'inspiration inépuisable pour les nouvelles générations car tous ces artistes étaient en avance sur leur temps. Ils parlaient déjà d'identités personnelles, d'identités collectives, de la sexualité... On les exposera d'ailleurs en avril ici à Bucarest au Musée de la Littérature.


 
Quel est le bilan de la saison française car elle est tombée en plein pendant les manifestations des Gilets jaunes?
 
On a même eu des projets qui ont dû être annulés ou déplacés à cause des manifestations, une soirée gastronomique a été interrompue, on avait 300 personnes présentes durant cet évènement. Ce sont les aléas mais cela n'a pas facilité les choses c'est évident mais on a fait avec. On comprend les revendications des gens, on s'est donc adapté comme on pouvait. Sur la totalité, la saison a été un immense succès médiatique, on a eu plus de 250 mentions dans la presse quotidienne française, dans la presse régionale, dans les médias, les réseaux sociaux. Le public était là et ça c'est véritablement le plus important. On attend vraiment énormément de personnes en Roumanie pour venir à la rencontre d'un artiste dont je ne peux pas encore donner le nom mais qui devrait fédérer un maximum de gens.

 
 
C'est le travail que nous essayons de faire mes collègues et moi-même à travers notre média et à notre petite échelle, valoriser les deux cultures, tisser un pont entre elles et redonner aux gens la fierté de leurs origines. Pensez-vous que la saison pourra aider à cela?
 
Je lis régulièrement LepetitJournal.com de Bucarest et je tiens à saluer votre travail qui est unique. Cela montre que les médias doivent s'adapter, qu'ils ont besoin d'un public actuel et un milieu de communication contemporain et exigeant comme le vôtre. Pour répondre à votre question, il faut réinventer la tradition ou la culture, et une façon de la réinventer, c'est de la voir via les yeux de l'autre. De revoir en Roumanie ce que nous-mêmes avons transformé en clichés. Prenons l'exemple des sarmale, on peut les transformer sans les dénaturer, jouer sur les traditions mais en les replaçant dans un autre contexte. Mêmes les Roumains qui trouvent certaines choses poussiéreuses peuvent redécouvrir leur culture remise au goût du jour. On a par exemple mélangé le métal et les musiques folklorique et ça a été un énorme succès public. Le public n'existait pas, il a donc dû être réinventé et cela c'est magique. On a essayé de relever ces défis dans tous les domaines de notre programmation. Nous avons souhaité tisser cette passerelle entre les genres, entre les personnes, créer un dialogue interdisciplinaire et je crois que nous avons réussi. 
 
 
grégory rateau
Publié le 22 avril 2019, mis à jour le 22 avril 2019

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