Notre correspondant à Iasi, Sébastien Teissier, est allé à la rencontre du maire de Iasi, M. Mihai Chirica. Ils abordent ensemble le sujet de l'installation des étudiants francophones à Iasi mais aussi la question de l'accueil des réfugiés ukrainiens.
Que fait la ville de Iasi pour faciliter l’installation des étudiants étrangers ici ?
Nous faisons des efforts communs avec l’UMF et les associations d’étudiants pour répondre au mieux aux attentes des nouveaux arrivants, notamment en termes d’installation et de facilitation des démarches administratives. Toutes ces démarches sont en collaboration avec le consul honoraire de France à Iasi ainsi que l'Ambassade de France de Bucarest. Localement nous travaillons avec l’Institut Français de Iasi pour diverses occasions, ayant comme fil rouge l’amitié entre nos deux pays. L’Institut Français permet entre autre une meilleure intégration, ainsi que la corpo étudiante AMSFI (l'Association Médicale des Etudiants Francophones de Iasi). Malgré le fait que l’actualité est dominée par le conflit en Ukraine, nous organisons le « printemps des comédiens » et autres activités culturelles, ouvertes sur l’art, l’échange linguistique à destination des étudiants mais aussi de la population locale intéressée par la culture française. En effet les entrées dans les musées et le jardin botanique sont à 1 Lei (environ 20 centimes d’euros). Un point important soulevé par les associations étudiantes, auquel nous avons répondu, est la question du transport, toujours compliquée. Les transports pour les étudiants sont gratuits.
La ville de Iasi se mobilise aussi pour venir en aide aux réfugiés ukrainiens ?
Notre ville est consciente des difficultés que vit le peuple Ukrainien, c’est donc avec responsabilité et humanisme, que nous faisons tout ce que nous pouvons avec les associations locales et les corpos étudiantes pour fournir ce que nous pouvons en fonction de nos réseaux et de nos ressources. Nous accueillons deux types de réfugiés : les premiers sont en transit en Roumanie pour rejoindre leurs proches dans un autre pays européen, les seconds sont ici sans famille ou connaissances en Europe. Nous venons en aide à tous, et nous faisons une collecte à grande échelle, afin de récolter des aliments et du matériel non médical, envoyés ensuite en Ukraine, tels que des groupes électrogènes, des tentes… La ville de Iasi a mis en place dans différents endroits de la ville des points de collectes, et nous sommes en contact avec les ONG afin d’optimiser le challenge logistique dans ces temps de crise. La ville de Iasi compte le plus grand centre de réfugiés, avec 500 personnes accueillies à ce jour. La ville a décidé de prendre en charge une grande partie des coûts liés à l’accueil des réfugiés. Nous bénéficions aussi d’un soutien sans faille de la part de dirigeants d’entreprises locales, qui participent à cet élan de solidarité. Au-delà de l’aide apportée, je mets un point d’honneur à porter secours aux réfugiés qui on été séparés des membres de leurs famille, pour pouvoir retrouver les leurs. Retrouver les familles est un enjeu majeur des réfugiés qui arrivent chez nous.
Pourquoi avez-vous décidé de vous impliquer dans l'aide des réfugiés ?
C’est en tant que père, mari, frère, que je parle. Je n’ai pas connu les deux guerres mondiales, cependant je ressens le besoin d’utiliser toutes les ressources que mon poste de maire de la ville de Iasi me donne, pour aider directement, ou indirectement par le biais des associations étudiantes, ONG, regroupement d’entrepreneurs, ces personnes qui ont tout perdu en l’espace d’un instant. Je suis, à l’heure actuelle, inquiet pour nos voisins et amis de la République de Moldavie. Je suis conscient que ce conflit, ne peut se résoudre sans un processus de paix. La voie diplomatique est une voie sage, et nécessite des échanges équilibrés. J’évite tout parti pris, car je ne suis qu’un spectateur du conflit, mais je veux être un acteur dans l’aide que je peux apporter aux réfugiés. Je ne peux m’empêcher de penser aux souffrances des populations, aux enfants devenus subitement orphelins, ou aux parents qui voient leurs enfants partir avant eux. J’adresse un message d’espoir et de soutien aux victimes de ce conflit et notre profond soutien à tout processus de paix.