Notre rédaction est allée à la rencontre de Oana Georgescu, une Roumaine vivant en France où elle a fondé la marque A L’EST DE PARIS, une boutique en ligne faisant la promotion de l'artisanat roumain et de son authentique savoir-faire. Une manière de garder un lien vivant avec ses racines et de valoriser le précieux patrimoine de son pays.
Le "vrai" artisanat roumain a besoin d’être sauvegardé car menacé par la contrefaçon et par l'artisanat industriel, de masse, peu qualitatif et destructeur pour les petits artisans. Pour toutes ces raisons, la création de “la route de l'artisanat roumain authentique” est devenue notre mission.
Grégory Rateau: Parlez-nous de votre boutique en ligne A l'est de Paris consacrée au savoir-faire et à l'artisanat roumain ?
Oana Georgescu: A L’EST DE PARIS est une marque de décoration qui redonne à l’artisanat roumain ses lettres de noblesse, en mettant en lumière des savoir-faire d’exception, aujourd'hui en voie de disparition. Porté par une poignée d’artisans qui créent encore tout à la main, dans le respect de la tradition, le patrimoine artisanal roumain mérite d’être valorisé et surtout préservé.
Est-ce un moyen de vous rapprocher de votre enfance, de vos racines roumaines ?
Tout à fait ! A L’EST DE PARIS symbolise l’union entre mes deux cultures : celle de mon pays de naissance - la Roumanie, et celle de mon pays de cœur - la France. C’est un projet qui porte mes valeurs et ma vision d’un entrepreneuriat engagé, avec un impact social concret et qui remet l’humain au centre de tout.
Comment est né ce projet ?
Il est avant tout né d’un rêve et d’une envie, rendus aussi possible par la situation observée en France et en Roumanie. L'artisanat roumain est méconnu en France et en Europe, quasi inexistant en ce qui concerne l’offre de décoration d'intérieur et les choix proposés aux clients. La (triste) réalité en Roumanie c'est que "le vrai" artisanat roumain a besoin d’être sauvegardé car menacé par la contrefaçon et par l’artisanat industriel, de masse, peu qualitatif et destructeur pour les petits artisans. Pour toutes ces raisons, la création de “la route de l'artisanat roumain authentique” est devenue notre mission.
Justement comment sélectionnez-vous les artisans avec lesquels vous collaborez ?
Pour moi, les artisans ne sont pas de simples fournisseurs, ils sont de vrais partenaires. Cela nécessite un incroyable travail de sourcing, qu’on ne voit pas forcément de l’extérieur et qui est la base de toute action. Dans les petits villages de Roumanie, chaque artisan a été rencontré, chaque atelier visité, chaque objet sélectionné avec soin. C’est un véritable travail d’orfèvre. De nombreux voyages ont été nécessaires et le sont toujours pour dénicher ces trésors cachés et le savoir-faire ancestral typique, transmis depuis des générations dans chaque région.
Dans votre projet vous mettez l'accent sur la "rémunération équitable" des artisans et un "impact éthique". Parlez-nous-en.
Notre “Charte d’Engagements et Qualité”, c’est ce qui fait notre différence, la quintessence de la marque. Elle résume notre vision, c’est une boussole pour nos actions et un certificat de garantie pour nos clients. Par exemple, nous avons mis en place une rémunération équitable pour nos artisans : aucune négociation de prix, avec une prime de qualité en plus. C’est une manière directe de les encourager et les aider à préserver leur art. Plus vous soutenez A L’EST DE PARIS, plus nous pouvons promouvoir et valoriser leur travail. Et pourquoi pas, les aider à transmettre leur artisanat au plus grand nombre.
Pensez-vous qu'il y aura encore des jeunes pour prendre la relève ou l'artisanat roumain est en danger ?
J’aime rester optimiste. Dans notre recherche de l’artisanat authentique, nous avons rencontré quelques jeunes talentueux et désireux de faire rayonner leur culture. Par exemple, un de nos artisans de Horezu travaille avec les outils de son grand-père et s’inspire de ses motifs très anciens, révolutionnaires à l’époque, pour réaliser des pièces d’apparence contemporaine. Un autre exemple très touchant, c’est d’avoir trouvé l'unique famille qui crée et perpétue encore l’art de la céramique blanche en Roumanie (avant, c’était toute une région). Les enfants et les petits-enfants sont initiés dès leur plus jeune âge, comme porte-drapeau d’un fort héritage culturel, d’une mémoire personnelle et collective. Ce projet est là pour cela aussi, pour aider la relève et mise en valeur de cette nouvelle génération et contribuer à sa réussite. Les prochaines années seront décisives pour la sauvegarde de ce patrimoine, d’où l’urgence de mon projet.
Trouvez-vous qu'en Roumanie la "route de la céramique" est assez mise en avant en tant qu'objectif touristique ?
Pour avoir parcouru la Roumanie à la recherche de son artisanat perdu, j’ai pu constater qu’il y a encore énormément de travail pour réussir à mettre en avant cette route. A L’EST DE PARIS est l’initiateur de sa propre “route de l’artisanat roumain”, plus globale et centrée sur le patrimoine vivant, encore existant. Je vous invite à nous rejoindre pour la faire rayonner encore plus fort chaque jour.
D'autres projets en cours?
Oui, A L’EST DE PARIS foisonne d’initiatives pour 2024 :
- Lancement imminent de nouvelles collections de céramiques très originales de Transylvanie
- Nouveaux artisans et nouveaux savoir-faire en explorant l’artisanat typique du nord de la Roumanie
- Mise à l’honneur dans un magazine de décoration français historique
- Une offre élargie qui inclut d’autres types d’artisanat comme le travail du bois, du textile et du métal
- Des boutiques éphémères à Paris, des rencontres régulières avec nos clients