MICRO-TROTTOIR - De la France à la Roumanie, changement de vie?

Par Grégory Rateau | Publié le 27/03/2019 à 00:00 | Mis à jour le 27/03/2019 à 10:50
Photo : Pixabay.com
France Roumanie changement de vie expatriation

Il y aurait plus de 3000 Français inscrits sur le Registre Officiel des Français de Roumanie et plus de 5000 Français sur le territoire. Notre rédaction est allée à la rencontre de cinq Françai(se)s de différents âges et de différentes professions pour leur poser cette question simple qui nous taraude tous et toutes : qu'est-ce qui a changé dans votre vie depuis que vous avez quitté la France pour venir vivre en Roumanie?

 




Ma vie a changé du tout au tout le jour où notre famille s’est envolée pour Bucarest. Même si j’adore Paris, ma vie d’avant c’était : métro, boulot, dodo, marmots. Depuis 5 ans en Roumanie, mon rapport au temps, mes priorités ont changés. Je suis beaucoup plus patiente et centrée sur l’essentiel : je prends conscience que j’ai de la chance et que finalement peu de choses me suffisent… Ce qui compte, c’est de partager avec les autres quand j’ai et de passer du temps avec ceux que j’aime. Ce sont ces personnes merveilleuses qui, une fois qu’elles vous ont adoptés, sont d’une générosité incroyable et qui font ressortir le meilleur de vous-même. J’ai découvert des paysages magnifiques (Maramures, Magura…) et des lieux insolites dans Bucarest et le tout sous un soleil annuel quasi permanent. J’aime cette vie où l’énergie passe et où tout devient possible !

Géraldine, 44 ans, (photographe à Bucarest)

 

 

Et bien j'ai quitté Paris il y a un peu moins de 4 ans parce que là-bas j'étouffais littéralement. Les gens se plaignaient au quotidien et je faisais comme eux jusqu'au jour où j'ai décidé de dire stop et de partir pour me réinventer ou tout du moins essayer de le faire. Ce qui nous manque parfois c'est du courage, l'endroit a son importance bien sûr mais il ne fait pas tout, si on ne saisit pas les opportunités qui se présentent à nous, on passera toujours à côté et cela quelque soit l'endroit où l'on est. Quand je déprime un peu, que je me sens seul, isolé de mon chez moi, je me rappelle que l'éden n'existe pas, c'est à nous de changer pour changer notre environnement. Il faut aussi savoir sortir de sa zone de confort le plus souvent possible. En Roumanie, je me suis rapproché de la terre, des traditions, j'ai rompu avec une certaine routine pour me fixer de nouvelles habitudes qui ont considérablement changé mon mode de vie. Je prends mon temps à présent, je fais ce que j'aime vraiment, j'évite de stresser pour rien, je marche pour éviter la circulation, je sors pour voir mes amis, prendre notre apéro traditionnel tous ensemble, être là pour eux sans me donner toujours les mêmes excuses "je manque de temps", "demain juré on va se voir" ou je ne sais quoi encore pour ne jamais vivre l'instant présent. Je travaille parfois à Bucarest mais chaque week-end je vais à la montagne pour faire des treks ou dans des petits villages autour de Brasov, là-bas je vis ici et maintenant sans me projeter et cela fait un bien fou.

Laurent, 33 ans (illustrateur à Brasov)

 

 

Ici on peut rouler à 120 sur la nationale sans être montré du doigt comme étant un danger public, on est suffisamment nombreux pour que ce soit perçu comme normal, d'autant que la répression est molle, les amendes pas trop chères. On peut également manger à sa faim sans mauvaise conscience et s'entendre dire que l'on nuit à l'environnement. Quant à l'alcool, étant plus préoccupé de boire beaucoup que de bonne qualité, je peux entretenir ma couperose à peu de frais. Pour l'amour, on trouve également son bonheur je ne vais pas le cacher, j'ai même poussé la fraternité franco-roumaine jusqu'à faire un enfant. La vie ici est moins prise de tête voilà pourquoi je me permets ces traits d'humour un peu graveleux mais qui viennent du coeur (rires).

Paul, 39 ans (entrepreneur à Cluj)

 

 

L’expatriation en Roumanie a changé mon mode de vie : je ne travaille pas ici. J’ai pu en revanche, me consacrer de façon plus « professionnelle » à ma passion, la photographie et développer ma créativité et ma technique. En terme de qualité de vie, la découverte d’une nouvelle culture et le mélange culturel que permet la vie d’expatrié, est une vraie source d’enrichissement. Enfin, les deux points problématiques ici par rapport à la France sont pour moi, d’une part la conduite, trop dangereuse ici, et la qualité du système de santé en cas d’urgence.

Nathalie, 54 ans (graphiste à Bucarest)

 

 

 

La vie en Roumanie m'a permis de me confronter au statut d'étranger, mêlant tantôt solitude et ennui, tantôt un sentiment d'être à part aux yeux des autres, une sorte d'extraterrestre, à venir dans ce pays, à milles lieues de la France pour les autochtones. Pourtant, en Roumanie, j'ai pu poursuivre une vie sociale et culturelle riche et découvrir l'art de la relativisation. Au quotidien, j'ai apprécié la notion de familiarité qui marque les relations humaines, et la confiance qui existe entre les individus. C'est très facile d'obtenir de l'aide de la part des Roumains qui ont toujours une solution à tout, à plus ou moins à court terme. Toutefois, ce recours au système D révèle des services publics fragiles, où, quand on y a affaire, la confiance n'est plus de mise, ce qui me conduit à rentrer en France quand les besoins sont urgents. En quelques mots, la vie en Roumanie est fraîche, pleine de surprises, mais parfois aussi agaçante et fatigante, tant il faut lutter pour bénéficier de droits fondamentaux, un problème que je n'ai pas rencontré en France.

Aline, 32 ans (journaliste à Timisoara)

 

 

grégory rateau

Grégory Rateau

Rédacteur en chef et directeur du média LePetitJournal.com/Bucarest, ancien chroniqueur à RRI et écrivain
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roundtrip mar 21/05/2019 - 11:45

En 2005 combien était grand le Bonheur que j'éprouvais à prendre l'avion à Beauvais pour me rendre en Roumanie . A chaque fois que j'en avais la possibilité je venais à Bucarest car j'éprouvais pour cette ville une attirance incompréhensible. L'aéroport de Baneassa accueillait des milliers d'entrepreneurs de tout poil qui tout comme moi pensaient qu'un nouvel El Dorado était en train de naitre dans ce pays. J'ai passé de très bon moment teuf et restos à Gogo mais j'ai surtout trouvé ma compagne qui est aujourd'hui ma femme et une nouvelle famille qui m'a ouvert les bras comme seuls les Roumanins sont capable de le faire. J'y ai monté une entreprise ce qui m'a permis de parcourir tout le pays de Iasi à Turnu Severin de Oradea à Tulcea les monasteres le cimetiere joyeux les portes de fer la beauté des forêts des Maramures et de Transylvanie. Puis en 2007 la Roumanie a rejoint l'Europe et tout ce qui semblait facile pour un investisseur est devenu compliqué avec surtout les psychorigides de l'administration roumaine parfois gravement corrompue et le pompon qui a finit de briser le rève est arrivé en 2008 avec la crise financière . Les vautours prédateurs charognards que sont les fonds de pensions ne trouvant plus de rentabilité maximale ont migré vers d'autres cieux en laissant derrière eux une cohorte d'entreprises en déconfiture des commerces fermés et la mouise qui s'en suit. Maintenant j'alterne sporadiquement entre Bucarest et ma résidence française et à chaque fois que je retourne à Bucarest je suis estomaqué de constater que la grande distribution à pris le dessus sur le petit commerce que les prix s'envolent de jour en jour que les roumains qui ne se plaignaient jamais n'arrètent pas de languir le communisme quand tout le monde avait un job et que la montée du nationalisme est profondément ancrée.et que surtout il est très difficile de trouver du personnel qualifié car 20% de la population est partie vers d'autres cieux. Tout compte fait je crois bien que nous finirons notre vie en France .

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