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Michel Soulard : 40 années de passion pour la Roumanie

Michel Soulard roumanieMichel Soulard roumanie
Écrit par Grégory Rateau
Publié le 13 avril 2020, mis à jour le 20 janvier 2025

Aujourd'hui, notre rédaction a décidé de donner la parole à un très vieil amoureux de la Roumanie, le Français Michel Soulard. Né en 1933, ce pharmacien de profession, engagé dans l'humanitaire et depuis longtemps à la retraite, n'a cessé de vouer un culte pour ce pays et a toujours essayé de le faire connaître aux autres par les moyens dont il disposait. Rencontre...

 

 

Grégory Rateau: Vous avez une longue histoire avec la Roumanie. Pouvez-nous nous raconter comment a eu lieu cette rencontre, et depuis quand?

Michel Soulard: Si je remonte dans mes plus lointains souvenirs c’est durant toute ma vie que la Roumanie m’a attiré, et ce depuis avant la Seconde Guerre à cause de l’attirance que j’avais pour toute l’Europe Orientale et particulièrement pour la Russie. A la fin des années 40 j’ai suivi de près ce qui se passait à Bucarest: départ du Roi Michel 1er et arrivée du communisme. Puis, silence ! Jusqu’à ce jour du mois d’août en 1980 quand j’ai remis les pieds en Roumanie sur la route d’Istanbul. Mais peu de contact avec la population, surveillée de très près par la Securitate, malgré les attroupements provoqués par une voiture immatriculée en France !

 

Vous avez d'ailleurs consacré plusieurs ouvrages auto-édités sur ce pays. Pourquoi passer par l'écrit? A qui vous adressiez-vous réellement?

J’ai en effet écrit pas loin d’une dizaine de livres parlant de la Roumanie ou ayant un rapport avec la Roumanie que, depuis longtemps, je considère comme ma Patrie de coeur et d’adoption même si la citoyenneté roumaine m’a été refusée plusieurs fois ! Beaucoup de Roumains me considèrent comme un Roumain et beaucoup qui ne me connaissent pas me prennent pour l’un des leurs ! Mon 1er livre “Petite soeur des Carpates”, a été préfacé par mon amie, l’écrivaine roumaine Paula Romanescu. Si j’ai écrit tout ça c’est pour répondre au vieil adage: ”Les paroles s’envolent mais les écrits restent”. La Roumanie est bien trop chère à mon coeur pour tolérer qu’on puisse l’oublier !

 

La Roumanie a beaucoup évolué. Avez-vous suivi ces changements de l'intérieur? Quand vous êtes vous rendu pour la dernière fois en Roumanie?

C’est sûr que la Roumanie a beaucoup évolué et j’en était le témoin depuis l’époque de Ceausescu, époque bénie pour certains de mes vieux ami(e)s. Mais vous trouverez tout ça au fil de mes livres ! Avec Pharmaciens sans Frontières et mes élèves nous n’avons débarqué que 2 ans après la Révolution du 21 décembre 1989, à une époque où on manquait encore cruellement de tout !

 

Quelle ville et quelle période chérissez-vous le plus? Pourquoi?

J’ai d’abord connu Bucarest que j’ai arpentée pendant 10 ans, à travers mes attaches avec les Hôpitaux Universitaire, Coltea et Colentina, et la Faculté de Pharmacie. Je suis d’ailleurs membre de la S.R.I.F., la Société Roumaine d’Histoire de la Pharmacie, depuis de nombreuses années. Mais la ville qui me tient le plus à coeur est Iasi, bien entendu, où se trouve précisément la moitié de mon coeur. Ma vie à Iasi remplirait et a déjà rempli tant de pages et tant de chapitres de ma vie !

 

Des rencontres, des expériences qui vous ont marqué et que vous aimeriez nous raconter brièvement?

Les rencontres que j’ai faites en Roumanie sont si nombreuses que si je les évoque ici je risque d’en oublier. Mais mes livres en sont remplis et dans le dernier “Pharmacien du Monde et sans Frontières”  il y a au moins 2 ou 3 chapitres consacrés à mes séjours en Roumanie. Mon prochain livre s’appellera d’ailleurs “Ma Route du Rrom”. En France et par dérision on m’appelle parfois “Le Rrom”, ce qui pour moi est un vrai compliment puisque dans la langue Rromani le Rrom est un Homme accompli et qui a réussi sa vie! Une des principales rencontres que j’ai faite est, en mars 1993, avec le Monde roumain de la Francophonie, grâce à mes très chers amis Paula ROMANESCU, Nicolae DRAGULANESCU, Ana CARATA,  la famille NICOLAU, et Constantin IUGULESCU qui a traduit mon livre sur le savant AL-BIRÛNI ! Mais ma vie a vraiment changé avec ma compagne roumaine de Iasi, Daniela: nous sommes maintenant ensemble depuis 2008, soit 12 ans !

 

Constatez-vous une évolution dans la manière dont sont perçus les Roumains et la Roumanie à l'étranger?

C’est sûr que depuis 40 ans j’ai vu beaucoup évoluer la Roumanie mais, malheureusement, pas toujours dans le bon sens. Quand je suis arrivé pour mon long séjour de l’hiver 2004-2005, Traian Basescu venait d’être élu Président de la Roumanie et j’avais mis beaucoup d’espoirs dans ses annonces, malgré les fortes hausses des prix de certains produits et fournitures et malgré la baisse des salaires. J’avais très peur qu’il soit victime d’un attentat car il s’était engagé dans tant de réformes essentielles.

Malheureusement l’image de la Roumanie à l’étranger n’évolue pas assez vite et pas dans le bon sens. Celles et ceux à qui je dis que je suis Roumain partent d’un grand éclat de rire et me disent : ”Ah! oui ! Le pays de Dracula, des Rroms et de Ceausescu !” Voilà à quoi se réduit la Roumanie pour tant de gens de France qui refusent de réfléchir et de voir la vérité en face.

 

Quels sont vos projets d'avenir?

Les trois projets qui me tiennent à coeur sont la création d’un salon du livre francophone à Iasi, la création d’un espace culturel roumain à Poitiers ou à Montmorillon et faire connaitre Henri Coanda à Poitiers et sa région où il a habité et fait ses 1ers essais d’avion à réaction !

 

 

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