Pour cette rentrée, la rédaction est allée à la rencontre d'un couple franco-roumain qui va vous redonner du peps, une Française, Amandine, illustratrice indépendante et Laurentiu, un acteur roumain qui joue au théâtre mais aussi au cinéma. Ensemble ils vivent avec leurs enfants à Timisoara. Rencontre avec ce couple d'artistes atypiques!
Grégory Rateau: Pouvez-vous nous présenter brièvement votre parcours?
Amandine: Brièvement c'est difficile (rires).
Laurențiu: C'est vrai que c'est une histoire très longue, avec plein de déménagements et de voyages. De Bucarest à Sibiu, et maintenant à Timisoara. Je fais un peu de théâtre, Amandine dessine beaucoup...
Amandine: En gros, Lau est acteur. Il a commencé au lycée, puis sur les planches du Green Hours à Bucarest avec Peca Stefan. Maintenant, il travaille avec la compagnie de théâtre indépendant Aualeu et il fait aussi du cinéma. Moi, j'ai fais des études dans la publicité à Paris, et mon stage de fin d'études dans une agence de Bucarest. Puis j'ai rencontré Lau, les enfants sont arrivés ensuite... Alors j'ai quitté la publicité et je suis devenue illustratrice indépendante (vous trouvez mon portfolio ici pour les curieux behance.com)
Laurențiu: Bref, à présent on habite à Timisoara avec nos trois enfants, on s'implique tant qu'on peut à l'école et on s'occupe du jardin, en surfant entre nos différents projets.
Parlez-nous de votre première rencontre?
Amandine: Alors, le soir de mon anniversaire, une copine vient avec un copain, qui m'offre un CD des Beatles sans sa boîte, mais les Beatles quand même!
Laurențiu: Et quand on a découvert que le lendemain c'était MON anniversaire, on a continué à faire la fête et on est restés ensemble depuis.
Qu’est-ce qui vous a plu chez l’autre ?
Amandine: Sa cuillère à café et son "ibric" (bouilloire), la variété des amis qui défilaient boire le café. Sa playlist, son sourire et sa manière d'aborder les choses. L'absence de commentaires. La gentillesse!
Laurențiu: No comment (rires). Non, son esprit dynamique et positif. Et ses cheveux c'est vrai.
Amandine, avais-tu des a priori sur la Roumanie avant de venir pour la première fois?
Amandine: Je ne savais rien sur ce pays, il m'aurait donc été difficile d'avoir des a priori. Je l'imaginais probablement comme un pays pauvre et rural. A l'époque je cherchais un stage dans la publicité, et je me souviens que mes collègues de l'école me demandait si j'étais sûre qu'il y avait des agences de pub en Roumanie, mais je ne me souviens plus bien du reste!
Vous êtes tous les deux dans le secteur artistique (design/cinéma-théâtre), est-ce que cela a renforcé votre couple ou au contraire l'a-t-il mis à l'épreuve?
Amandine: Je n'étais pas encore vraiment dans le domaine artistique quand on s'est rencontrés. Mais l'envie était là et c'est Lau qui m'a tenté en partageant son expérience... inconsciemment, il m'a montré le modèle de l'artiste indépendant (rires).
Laurențiu: Des fois c'est difficile, mais ça arrive quelque soit le métier. Les satisfactions qu'on en retire sont un peu différentes et elles nourrissent aussi ta vie de couple. On discute beaucoup, on se remet tout le temps en question, on se rappelle ce qui est important. Le rapport qu'on a avec les arts, toutes ces réflexions, nous aident beaucoup à garder de la cohérence dans le suivi de nos projets et à nous encourager mutuellement.
Comment vos familles respectives ont-elles réagi à votre union mixte? Comment vos enfants s’accommodent-ils de leurs deux cultures?
Amandine: Nos papas ont un peu saigné du nez au départ, mais ils n'en sont pas morts!
Laurențiu: Pour eux c'était l'inquiétude, la peur de l'inconnu, quant à nos enfants ça n'existait même pas. Ils ont adopté les deux cultures sans se poser trop de questions.
Amandine: Ils commencent même doucement à en saisir les avantages!
De manière un peu plus légère, y-a-t-il chez l'autre un trait de caractère proprement français, et proprement roumain que vous aimez ou que vous détestez ?
Amandine: Lau se frotte le corps à la țuica quand il est malade! Ca me fait rigoler!
Laurențiu: Amandine s'agite trop au quotidien, je pense qu'elle n'a pas encore réussi à embrasser l'esprit balkanique (rires).
Un cliché lié à vos deux cultures respectives que vous avez su dépasser chez l'autre?
Laurențiu: Même si je n'aime pas quand les gens parlent avec excès, je peux dire que j'apprécie beaucoup la pratique du débat à la française. On devrait nous aussi un peu plus la cultiver dans les familles, ça peut contribuer à changer ou du moins faire évoluer une société.
Une expression, un dicton que vous avez appris dans les deux cultures ?
Amandine: Quand on casse un objet fragile, Lau dit: "S-a spart un ghinion!", je trouve ça super chouette de transformer une "boulette" en un "coup de bol"!
Laurențiu: C'est pas français, mais Amandine le rappelle des fois aux enfants et j'adore: "Qui ne fait rien ne casse rien". Et j'aime bien celle-là aussi: "Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il le croit."
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