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Ce couple de septuagénaires français a parcouru 620 km à pied à travers la Roumanie

Cette semaine notre rédaction est allée à la rencontre de Marie-Claude (70 ans) et Pierre-François Lhuillery (76 ans), un couple de Français qui viennent de finir un long périple de 28 jours sur la Via Transilvanica, le plus long sentier de randonnée du pays. Nos deux marcheurs originaires du Limousin ont parcouru environ 620 km à pied, de Putna (Suceava) jusqu'à Tarnava (Sibiu) et comptent revenir l'année prochaine pour la suite du sentier. La passion pour l'aventure n'a donc pas d'âge.

Marie-Claude Lhuillery Via TransilvanicaMarie-Claude Lhuillery Via Transilvanica
Écrit par Grégory Rateau
Publié le 23 octobre 2023, mis à jour le 31 octobre 2023

En choisissant la Via Transilvanica nous avons traversé et découvert plusieurs régions, toutes plus belles les unes que les autres mais aussi l'hospitalité des habitants chez qui nous avons été reçus comme des rois.

Comment vous est venu l'idée de faire ce périple en Roumanie ?

En fait, c'est un peu par hasard: nous sommes tombés sur un article à propos de la Via Transilvanica sur Facebook  et tout de suite nous avons su que c'était fait pour nous car ça alliait le plaisir de la marche et notre passion du voyage. D'ailleurs le jour même, nous avons réservé nos billets d'avion pour Suceava. Nous avons toujours marché et voyagé, y compris quand nos enfants étaient petits. Nous étions attirés par le voyage et les écrivains voyageurs et avions envie de traverser les pays à pied. Mais surtout, le voyage à pied est pour nous le meilleur moyen pour découvrir un pays. De plus nous pratiquons l'itinérance et avons parcouru de nombreuses voies telles que Le Camino de Santiago sur environ 1500km, la Via de la Plata, une partie de la Via Francigena et les chemins du Portugal dont le Camino de Torres qui s'est révélé être un bon entrainement pour la Via Transilvanica

 

Connaissiez-vous un peu le pays avant de vous lancer ?

Non, nous ne connaissions pas du tout la Roumanie mais avions envie justement de la découvrir de l'intérieur et au plus près des habitants. En choisissant la Via Transilvanica nous avons traversé et découvert plusieurs régions, toutes plus belles les unes que les autres mais aussi l'hospitalité des habitants chez qui nous avons été reçus comme des rois.

Marie-Claude Lhuillery Via Transilvanica
PF LHUILLERY

Vous avez plus de 70 ans et comme vous l'avez dit, vous vous êtes embarqués dans cette aventure en choisissant de la faire à pied. Comment vous êtes-vous préparés ?

Avec un sac minimaliste. On a appris à se dépouiller et à ne garder que le strict nécessaire. Tant que nous marchons on se prouve qu'on est bien vivant! Pour se préparer, ça n'a pas été difficile car nous avons toujours été très sportifs. Nous avons pratiqué la course à pied sur longue distance( marathon, 100km, diagonale des fous) et la marche. Maintenant, nous pratiquons la marche nordique qui nous permet d'avoir un bon rythme. Nous marchons quotidiennement entre 5 et 10 km en variant la vitesse, et nous sommes expérimentés sur ce type de trajet puisque nous avons fait de multiples parcours longs. Vous parlez d'aventure et vous avez raison car oui c'est une aventure cette voie. D'abord on a rencontré très peu de monde, on a passé des journées à traverser les massifs forestiers en chantant pour éloigner les ours, on a téléphoné pour réserver des hébergements à des gens qui ne parlaient que le roumain et nous, nous ne le parlions pas, mais ça a fonctionné quand même la plupart du temps! On a eu la chance de faire de belles rencontres et de trouver des hôtes adorables. Le travail de l'association Tasuleasa Social est admirable, tout a été pensé pour le marcheur, que ce soit le balisage, les points d'eau, les hébergements ...C'est une organisation exceptionnelle et nous avons eu plaisir à rencontrer les bénévoles et le personnel sur le campus à Tasuleasa et nous sommes fiers de contribuer au développement que va générer cette voie dans l'avenir. 

 

Une rencontre, une anecdote que vous souhaiteriez partager avec nos lecteurs ?

Quand nous nous sommes arrêtés à Tarnava, nous avons continué notre périple en train jusqu'à Cluj Napoca. Au détour d'une petite rue en revenant de la gare nous sommes tombés sur Kitty Bojan, qui travaille pour la Via Transilvanica et qui nous avait accueillis sur le campus trois semaines avant. Cette rencontre improbable nous a laissés sans voix, mais tellement heureux de se revoir. Kitty habite Cluj quand elle n'est pas sur le campus et nous ne le savions pas, c'est un pur hasard qui nous a permis de passer une très bonne soirée à son domicile. 

 

Qu'avez-vous appris lors de votre séjour ?

On apprend beaucoup en marchant car on a le temps de penser, on apprend à se dépouiller des choses qui parasitent l'existence, on va vers l'essentiel, les besoins primaires, et, même sans parler la même langue, le courant passe! D'ailleurs le slogan de la Via Transilvanica est très significatif: “la voie qui unit”.

Marie-Claude Lhuillery Via Transilvanica
PF LHUILLERY

C'est difficile à expliquer mais on a eu l’impression de faire un retour dans le passé, avec le foin qui sèche sur des pieux, les charrettes bien présentes dans ces régions et les bergers et leurs troupeaux qui nous ont parfois guidés pour ne pas avoir d'ennuis avec les chiens. Les paysages sont assez majestueux, pas aussi spectaculaires que dans certaines contrées où les sommets sont élevés comme en Inde ou au Népal par exemple, mais nous avons aimé le côté pastoral de la région.

Jean-Pierre Lhuillery Via Transilvanica
PF LHUILLERY

Quelles particularités avez-vous remarqué en Roumanie par rapport aux autres pays que vous avez traversés ?

Au départ c'est le côté extrêmement sauvage qui nous a frappés, il n'y avait pratiquement pas de villages, surtout de la montagne et des prairies, la nature dans toute sa splendeur avec un côté presque irréel tellement elle semble préservée. C'est difficile à expliquer mais on a eu l’impression de faire un retour dans le passé, avec le foin qui sèche sur des pieux, les charrettes bien présentes dans ces régions et les bergers et leurs troupeaux qui nous ont parfois guidés pour ne pas avoir d'ennuis avec les chiens. Les paysages sont assez majestueux, pas aussi spectaculaires que dans certaines contrées où les sommets sont élevés comme en Inde ou au Népal par exemple, mais nous avons aimé le côté pastoral de la région. Ensuite nous avons commencé à voir des villages dont le plan est à peu près toujours identique : les maisons sont de part et d'autre d'un petit cours d'eau qui sépare le village en deux et il y a une particularité c'est l’orientation : contrairement à beaucoup d'autres pays, c'est le pignon qui donne sur la rue du village et du coup les bâtiments sont perpendiculaires à la rue et alignés pour former des sortes de blocs. Ce sont des construction inspirées par l'architecture  hongroise et allemande sans doute. Quant aux habitants nous avons observé que ce sont surtout les hommes et les enfants qui sont dehors dans les villages, et on se demandait où étaient donc les femmes ?

 

Quelle était la réaction des locaux en vous rencontrant et en découvrant votre périple?

Nous avions fait un post de présentation sur Facebook, qui a été extrêmement commenté et il est arrivé que les gens nous reconnaissent et nous interpellent par nos prénoms. Autrement nous pensons que les gens comme partout ailleurs où nous sommes allés sont surpris par notre démarche... On nous a même proposé avec insistance de nous emmener en voiture. On nous a aussi demandé où on garait notre voiture et quand la personne comprenait qu'on était à pied, on voyait bien qu'elle était perplexe.

 

De nouveaux voyages en projet ?

Toujours des projets, c'est le moteur de l'existence! Nous souhaitons revenir l'année prochaine pour finir cette belle voie, si la forme est encore là.

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