Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 1

BUCAREST CENTENAIRE - Les périples de la maison Manu

image3image3
Source: Wikipedia
Écrit par Bucarest/Centenaire
Publié le 15 septembre 2018, mis à jour le 15 septembre 2018

A en croire les sources historiques, aux origines de la lignée Manu – l’une des plus grandes familles de boyards de Valachie – se trouve un ancien chevalier sicilien de la deuxième moitié du XIIIe siècle. Ainsi, le culte militaire semble avoir coulé dans le sang des hommes de la famille Manu, la meilleure preuve étant l’existence du général Gheorghe Manu (1833-1911), descendent direct du seigneur Constantin Brâncoveanu. Il a été scolarisé à Postdam et à Berlin, conformément aux principes de l’école militaire prussienne, et à son retour au pays, un an avant l’Union des Principautés Roumaines, il était déjà sous-lieutenant. Il est élevé au rang de général avant le début de la Guerre d’Indépendance de 1877-1878 où il a joué un rôle important, étant l’un des principaux piliers de la victoire de l’armée roumaine, et il a même obtenu la capitulation de Plevna. Il occupe plusieurs fois la position de Ministre de la Guerre, il est ensuite élu maire de la Capitale, et l’Ecole Supérieure de Guerre de Bucarest figure parmi les grands héritages qu'il lègue à la Roumanie.

 

 

Son fils, Ioan (Iancu) Manu, préfère lutter pour la justice de manière pacifique, embrassant la profession de magistrat. Suivant l’exemple de son père qui avait épousé Alexandrina Cantacuzino, il choisit une femme de la même famille, Elisabeta (Zetta), la nièce du renommé Nabab, le prince Grigore Gheorghe Cantacuzino.


Quelques années plus tard, en 1915, le couple Manu-Cantacuzino inaugure une nouvelle résidence qu’ils commandent à l’ancien ingénieur en chef de Bucarest, Grigore Cerchez. La décision a été très inspirée : l’architecte avait créé un bijou architectural, reproduisant exactement le célèbre Palais Biron de Paris, où le sculpteur français Auguste Rodin avait trouvé refuge. Petit à petit, sur le plan culturel, la Roumanie se ralliait à l’Occident et anticipait, dans une certaine mesure, la participation à la Première Guerre Mondiale du côté de la Triple Entente.
 

 

L’original parisien date de la première moitié du XVIIIe siècle, étant érigé dans le style rocaille, avec des accents de baroque français. L’édifice roumain préserve ces éléments, préférant pour l'intérieur un décor plus opulent dans le style Louis XIV. Une symétrie parfaite est établie entre les éléments de la façade et le toit haut, adapté parfaitement aux corps du bâtiment. La forme canonique des palais baroques de France est respectée, car, tant le Palais Biron que sa miniature bénéficient de trois ailes, celles latérales sont marquées d’une infériorité hiérarchique et mises en relief de manière plus modérée. L’absence de l’influence du baroque italien est visible au niveau des décorations extérieures, Cerchez misant sur l'ordre colossal, à la base duquel se trouvent l’ordre et l’équilibre. Ainsi, l’entrée principale, du type portal, est marquée par deux structures qui se complètent de manière réciproque : un escalier monumental et un frontispice haut, soutenu par des pilastres.

 


La maison Manu a hérité de son prédécesseur français l’harmonie volumétrique et le destin tumultueux : après la faillite de la Banque Marmorosch Blank, en 1931, Iancu Manu se voit obligé de vendre sa résidence. Son nouveau propriétaire, l’industriel Max Auschnitt (ou Ausschnitt) va entreprendre quelques travaux de consolidation et rénovation, y habitant jusqu’en 1948, année à laquelle l'immeuble est nationalisé.
 

 

Pendant dix ans, la Maison Manu-Auschnitt a appartenu à l’ancien premier ministre communiste, Petru Groza. Après sa mort, elle est devenue l’une des maisons de protocole du Parti et a accueilli de nombreux invités étrangers. Elle sera retournée à ses propriétaires de droit après 1989, et finalement revendue en 2006.

 

Sources: Adevarul.ro, Musee-rodin.fr, Bucurestiivechisinoi.ro

 

Ana Maria Rosca

 

Article réalisé dans le cadre du Programme Culturel București - Centenar avec le soutien de Primăriei Municipiului București à travers Administrația Monumentelor și Patrimoniului Turistic 

 

AMPT-logo
PMB-logo

 

Flash infos