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BUCAREST CENTENAIRE - L'Athénée Palace, le rendez-vous de la noblesse

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atheneepalace-hotel.ro
Écrit par Bucarest/Centenaire
Publié le 20 juillet 2018, mis à jour le 20 juillet 2018

Les investissements dans le secteur de l’hôtellerie, pendant la période de l’entre-deux-guerres, ont marqué le renouveau socio-économique de la Roumanie réunifiée ; en pleine industrialisation, la capitale commence à exploiter son potentiel touristique, et les hôtels, véritables monuments, embrassaient avec une étonnante légèreté, les principes architecturaux proposés par les tendances avant-gardistes.

 

 

L’hôtel Athénée Palace situé sur Calea Victoriei était et demeure toujours un endroit fréquenté par la noblesse dans le style de Tourgueniev : les travaux ont été réalisés entre 1912-1914, selon les plans de l'architecte français Théophile Bradeau, et l'édifice appartenait à une société française. C'était le troisième bâtiment d'intérêt public construit au même endroit, à la place du petit hôtel de l'homme d'affaires Niculae Neculescu, érigé en 1850 sur les ruines de l'ancienne auberge d'Ivanciu Gherasi. En outre, il se trouvait à côté de l’Athénée roumain et du Palais Royal, formant un triangle architectural mondain au cœur du Petit Paris.

 

Les témoignages de l'époque indiquent qu'il s'agissait du premier bâtiment du pays construit entièrement en béton armé, bénéficiant d'une décoration extérieure de style classique, avec des moulures, des colonnes et des balconnets en fer forgé. Les changements structurels radicaux ont lieu en 1937, sous la direction de l'architecte roumain Duiliu Marcu - l'hôtel montrera enfin sa nouvelle façade en style Art déco, un mouvement artistique typique des années 1920, reposant sur les motifs géométriques et sur la démystification des éléments décoratifs. Ainsi, l'extérieur du bâtiment est «nettoyé» des moulures, abandonnant le frontispice opulent et optant pour une d'image d'ensemble plus simple et plus sobre ;  il y avait, cependant, une harmonie absolue entre les lignes droites et les arcades profondes et arrondies, comprenant les trois premiers étages de l'édifice. Son corps central, abritant l'entrée principale, décrivait un arc de cercle, forme que l'on retrouve au niveau des balcons. À l'intérieur, on a remplacé les installations et les appareillages avec d’autres plus modernes, les décorations étant juste simplifiées, car on souhaitait préserver un parfum de luxe et d’élégance. Le meilleur exemple est la célèbre salle de réception Le Diplomate, qui a gardé la verrière, encadrée par de petites fenêtres rectangulaires, malgré la tendance Art déco de rejeter les rosettes.

 

Au fil des années, au-delà de grandes figures mondaines de la capitale et pas seulement, l'hôtel Athénée Palace accueillit des touristes, des écrivains et d'autres artistes tels que  Octavian Goga, mais aussi « les proscrits de l'époque », comme Iuliu Maniu, pendant la période du règne de Carol II. Pendant l'occupation allemande de la Première Guerre mondiale, il fut le siège du quartier général allemand. Ses portes se sont également ouvertes pour les hôtes les plus distingués, qui avaient traversé un océan pour franchir son seuil: reste célèbre la visite du président américain Richard Nixon et celle du journaliste John Reed, ce dernier se révélant être l'un des critiques les plus acharnés de la Roumanie.
 

On dit que les locaux du bâtiment constituaient un noyau d'espionnage (surtout pendant les deux conflits mondiaux) et le «berceau» des ragots de la haute société bucarestoise, car les murs avaient même des oreilles. La baronne juive d'origine allemande, Rose de Waldeck, logée ici au début des années 1940, nota tout cela dans ses mémoires.

 

L'histoire, mais aussi la nature, marquent fortement le destin de l'hôtel qui nécessitera des travaux de consolidation et de réparation après plusieurs tremblements de terre majeurs, les bombardements de la Seconde Guerre mondiale et les révolutions du peuple roumain. L'emplacement stratégique et la diversité des hôtes hébergés lui ont assuré un rôle de premier plan dans la mémoire collective, une vocation à laquelle il est resté fidèle jusqu'à nos jours.

 

Sources: Bucurestiivechisinoi.ro, Adevarul.ro, Atheneepalace-hotel.ro

 

Ana-Maria Roșca

 

Traduction : Lucas Cosset

 

Article réalisé dans le cadre du Programme Culturel București - Centenar avec le soutien de Primăriei Municipiului București à travers Administrația Monumentelor și Patrimoniului Turistic 

 

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