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BUCAREST CENTENAIRE - La maison Averescu, une leçon de modestie

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Écrit par Bucarest/Centenaire
Publié le 24 octobre 2018, mis à jour le 24 octobre 2018

Les historiens roumains montrent une prédilection toute particulière pour une certaine typologie des sujets ; la participation de la Roumanie à la Première Guerre mondiale, mais aussi la Grande Union de 1918 en font partie. Par exemple, l'historien Lucian Boia, notait dans l'un de ses ouvrages : La reine Marie a joué un rôle important pour encourager les Roumains. Quand personne ne croyait plus que la guerre pourrait être gagnée, elle disait qu'ils seraient victorieux - même si elle n’avait aucun argument logique pour étayer sa thèse. À un moment donné, elle disait au général Averescu : « Générale, tu ne peux pas me comprendre ! Je suis Anglaise, et les Anglais ne sont pas habitués à la défaite ».

 

 


Le général Alexandru Averescu non plus n’avait pas l'habitude de perdre les batailles dans lesquelles il s'engageait. Le militaire originaire de Bessarabie impressionnait par son ingéniosité, il a même été nommé commandant de l’armée roumaine pendant la Première Guerre mondiale. Il était connu au début du XXe siècle pour sa verve et son d’esprit d’initiative, grâce à son mandat de Ministre de la Défense Nationale. De plus, sa carrière politique a été florissante: il a occupé trois fois la fonction de président du Conseil de Ministres. En 1923, Averescu devient membre d’honneur de l’Académie roumaine, recevant sept années plus tard, le plus haut grade militaire.

 


La résidence bucarestoise du maréchal Alexandru Averescu fut élevée au début du siècle, en 1904. Les travaux ont fidèlement suivi les plans de l’architecte roumain Paul Jean (Paul I.) Christinel. Apparemment, ce métier a été transmis de père en fils, suite au fait qu’entre 1923 et 1939, son fils, George Cristinel et l’architecte Constantin Pomponiu construisirent le Mausolée des Héros de Marasesti. Le jeune homme s’est affirmé dans la période de l’entre-deux-guerres, préférant l’architecture funéraire ou celle moderniste avec des tendances rationalistes et des éléments d'Art Déco ; alors que son père semblait guidé par une sorte de précédent historique. Cela s’explique par le fait que Paul Jean Christinel réalise sa formation dans les ateliers de l’élite architecturale de Bucarest : ses maîtres furent Paul Gottereau, Albert Galeron et John Elisée (Jules) Berthet.

 


La maison Averescu peut être considérée comme une preuve de plus de son orientation éclectique. A première vue, l’immeuble nous rappelle l’ancienne tradition des demeures de type wagon, celle-ci représentant une version plus compacte. On remarque de suite la perspective verticale dominante, le toit polygonal abritant : le sous-sol, le rez-de-chaussée, le premier étage et la mansarde. Le décor extérieur se trouve à la limite entre l’austérité de l’académisme européen et la sobriété du néo-classicisme français. On découvre des ornements sculpturaux seulement au niveau supérieur, grâce à la ceinture soutenant la mansarde - chaque façade étale la même triade de lucarnes. Un mélange modéré de principes architectoniques néo-classiques et néo-Renaissance marque l’entrée principale ; ainsi, dans le prolongement du ressaut, un balcon rectangulaire marque subtilement la partie centrale du bâtiment. Probablement, pendant la période de gloire de la résidence et de son commanditaire, le même balcon abritait un vestibule ; le modèle de petits pilastres qui forment la balustrade est repris sur toutes les façades, en dessous de chaque fenêtre du niveau supérieur.  

 


Un dernier et ample regard jeté vers la maison du maréchal Alexandru Averescu peut nous offrir une valeureuse leçon de modestie ; en y rajoutant les œuvres historiques et les témoignages de l’élite sociale bucarestoise de cette époque, on découvre peu à peu la personnalité controversée de son propriétaire. Cependant, pour le peuple roumain, il restera toujours un des héros auxquels on doit l’union de la patrie. 

 

 

Sources : E-architecture.ro, Dictionnaire de l’architecture roumaine moderne (XIXe, XXe, XXIe siècle,) Lettres A-C (consulté sur le site Issuu.com) 

 

Ana Maria Rosca 

 

 
 

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