Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

BUCAREST CENTENAIRE - La Gare du Nord, l’union entre les Principautés

urlurl
Flickr / Gabriel
Écrit par Bucarest/Centenaire
Publié le 27 juillet 2018, mis à jour le 27 juillet 2018

Le 13 janvier 1868, dans une lettre adressée à son père, Karl Anton de Hohenzollern-Sigmaringen, ancien Premier ministre de la Prusse, le roi Carol I affirmait : " Ce n'est qu'à travers une voie ferrée entre Bucarest et Iaşi que va se faire en réalité l'union entre la Moldavie et la Munténie et que va disparaitre toute tendance séparatiste " ; huit mois plus tard, les travaux de construction de la Gare du Nord ont commencé. Au fil du temps, il deviendra le nœud ferroviaire principal du pays, et l'un des noyaux socio-économiques et industriels de Bucarest, mais aussi une porte ouverte vers l'Europe.

 

 

Quelques années après la Petite Union, la nécessité d'un moyen de transport rapide sur le territoire roumain s’est imposée, rendant efficaces à la fois les déplacements entre les extrémités du jeune Etat mais aussi le commerce de masse national et international,  car il y avait une vraie volonté de mise en valeur des productions locales. Ainsi, l'idée de mettre en place un système ferroviaire roumain fut d'abord soumise au débat parlementaire en 1862 ; pour des raisons financières, le projet sera temporairement abandonné, le prince Carol I le ramenant cependant au coeur des discussions en 1867.

 

L'actuelle rue « Calea Grivitei » portait initialement le nom de « Calea Targovistei », rappelant l'ancienne capitale valaque. On raconte que celui qui a choisi le vieux terrain de  Constantin ( Dinicu ) Golescu pour la construction de la Gare du Nord était le futur roi des Principautés Unies, la pierre de fondation étant placée en sa présence le 10 septembre 1868. Quatre ans plus tard, le 13 septembre, «  Gara Târgoviştei » était inaugurée et l'ouverture de la circulation sur la nouvelle ligne de chemin de fer se faisait sur le trajet Roman-Galaţi-Bucarest-Piteşti, prévu en quatre sections, et destiné à unir les parties nord et sud du pays.

 

L'édifice se composait de trois bâtiments, placés en forme de U, dont le pavillon central soutenait la symétrie du tout au moyen de deux tours identiques ; placé perpendiculairement, élevé dans le style néoclassique, il était destiné aux voyageurs, marquant la voie d'accès principale. Après la faillite du Consortium Strousberg, le bâtiment et les chemins de fer rentreront en possession de l'Etat roumain en 1880. Ce qui aurait dû contribuer au progrès financier de la Roumanie s'est transformé en un scandale majeur, prouvant que les travaux avaient été basés sur de nombreuses illégalités ; selon des sources historiques, la reconnaissance officielle de l'indépendance de la Roumanie, déjà proclamée au Parlement en 1877, dépendait du règlement de "l’affaire Strousberg" en faveur des concessionnaires allemands.

 

Après les premiers travaux de consolidation et d'extension, la construction définitive s'appellera la Gare du Nord, se transformant progressivement en un noyau démographique. À partir de 1883, fera escale sur le quai principal, le célèbre train l'Orient Express, principal moyen de transport des intellectuels roumains de l'émigration.

 

Durant l'entre-deux-guerres, le point ferroviaire le plus important du pays était devenu un véritable ensemble architectural, grâce au nombre croissant de chemins de fer qui nécessitaient la construction de nouveaux quais. Les trois corps du bâtiment ont été agrandis, au pavillon central a été ajoutée une grande voûte métallique, des ateliers, des entrepôts et des postes de travail ont été construits.

 

Au début des années 1930, Victor Ştefănescu donne une nouvelle façade à l'édifice. Bien qu'il était un adepte déclaré du style néo-roumain, l'architecte a choisi de se concentrer sur une dominante néoclassique, garantissant la continuité des principes architecturaux d'origines. Les éléments de la modernité reposent sur l'harmonisation des colonnes géantes classiques aux tendances cubistes prononcées.

 

Après plus d'un siècle d'existence, on pourrait dire que la Gare du Nord représente le complice le plus discret de l'histoire des Roumains, ayant résisté aux tremblements de terre, aux guerres et aux changements de régime politique, assistant au passage de dizaines de générations de Roumains, mais aussi de monarques, d’hommes de culture, de militaires ou de simples touristes…

 

Sources: Historia.ro, Societatesicultura.ro, Zf.ro

 

Ana-Maria Roșca

 

Traduction : Lucas Cosset

 

Article réalisé dans le cadre du Programme Culturel București - Centenar avec le soutien de Primăriei Municipiului București à travers Administrația Monumentelor și Patrimoniului Turistic 

 

AMPT-logo
PMB-logo

 

 

Flash infos