L'Autriche a émis des objections à l'admission complète de la Roumanie et de la Bulgarie à l'espace Schengen, la décision devant être formalisée d'ici la fin de cette année au sein du Conseil Justice et Affaires intérieures (JAI).
Les contrôles aux frontières terrestres entre la Hongrie et la Roumanie et entre la Roumanie et la Bulgarie seront toutefois maintenus pendant une période initiale d'au moins six mois, selon une déclaration commune signée par l'Autriche, la Roumanie, la Bulgarie et la présidence hongroise du Conseil de l'UE, publiée par cette dernière samedi.
La Roumanie et la Bulgarie ont rejoint l'espace Schengen avec des frontières aériennes et maritimes en avril, mais l'Autriche a opposé son veto à l'admission complète des deux pays à l'espace européen de libre circulation, les accusant de ne pas suffisamment lutter contre l'immigration illégale.
La décision du Conseil du 30 décembre 2023, par laquelle la Roumanie et la Bulgarie ont été admises dans l'espace Schengen avec frontières aériennes et maritimes, a ensuite été accompagnée d'une déclaration commune signée le 29 décembre 2023 par l'Autriche, la Roumanie et la Bulgarie sur la poursuite des efforts de lutte contre la migration illégale, en vue d'accueillir les deux pays dans l'espace européen de libre circulation également avec des frontières terrestres.
Une évaluation de la pleine application de l'acquis de Schengen par la Roumanie et la Bulgarie a été faite lors de la réunion du Conseil JAI du 10 octobre 2024. Toutes les parties ont confirmé les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la déclaration commune convenue en décembre 2023 et ont reconnu une diminution des mouvements irréguliers et du nombre de demandes d'asile grâce à l'application des mesures convenues conjointement, rapporte la présidence hongroise du Conseil de l'UE.
L'assistance de l'agence européenne FRONTEX aux frontières extérieures de la Bulgarie et de la Roumanie a été constamment renforcée, le soutien financier européen a été augmenté et des progrès ont été réalisés dans la réalisation d'investissements pour le renforcement technique des frontières (navires de patrouille, véhicules de patrouille sur le terrain, drones, détecteurs de mouvement, caméras thermiques, etc.), l'initiative de coopération régionale Schengen a été lancée pour améliorer l'échange d'informations et la coopération transfrontalière, des conseillers en vérification de documents ont été déployés dans les aéroports de Bucarest et de Sofia, et la coopération visant à appliquer le règlement européen de Dublin a été considérablement améliorée, selon le document publié par la présidence hongroise du Conseil de l'UE.
Ainsi, en comparant les trois premiers trimestres de 2023 et 2024, les entrées illégales en Bulgarie ont diminué de 47 %, en Roumanie de 53 % et en Autriche de 67 %. Au cours de la même période, les demandes d'asile déposées par les migrants en Bulgarie ont diminué de 40 %, en Roumanie de 75 % et en Autriche de 57,3 %.
Dans ces circonstances, la présidence hongroise du Conseil de l’UE, la Roumanie, la Bulgarie et l’Autriche ont conjointement reconnu le 22 novembre 2024 les progrès réalisés dans la réduction de la migration illégale vers l’Europe et vers ces États membres. Les trois pays ont convenu d’un ensemble de mesures pour poursuivre ces efforts, tandis que l’Autriche a soulevé ses objections à l’admission complète de la Roumanie et de la Bulgarie dans l’espace Schengen. Les trois pays ont ainsi convenu de poursuivre les efforts conjoints pour lutter contre la migration illégale vers l’Europe en général et vers ces pays en particulier, de poursuivre ces efforts conformément à la déclaration commune signée par l’Autriche, la Roumanie et la Bulgarie le 29 décembre 2023, de prendre toutes les mesures pour empêcher les mouvements secondaires de migrants à travers ces pays et de procéder aux retours et transferts de manière cohérente conformément aux accords pertinents.
Exceptions temporaires
Toutefois, afin d’atténuer le changement potentiel des schémas migratoires qui pourrait survenir comme conséquence immédiate de la levée des contrôles aux frontières terrestres et de prévenir toute menace grave pour l’ordre public ou la sécurité intérieure, même après l’admission complète de la Roumanie et de la Bulgarie à l’espace Schengen, les contrôles aux frontières terrestres entre la Hongrie et la Roumanie et entre la Roumanie et la Bulgarie seront maintenus pendant une période initiale d’au moins six mois, en application de l’article 25a (4) et (5) du code frontières Schengen. En outre, dans un esprit de solidarité, la Bulgarie continuera d’être soutenue dans la protection de la frontière terrestre extérieure de l’UE avec la Turquie, en déployant un contingent de police multinational de 100 gardes-frontières, 40 de Roumanie, 25 de Bulgarie, 20 de Hongrie et 15 d’Autriche.
Source : Romania Journal.ro