Des projets d’une valeur d’environ 6,3 milliards d’euros ne pourront plus être finalisés d’ici août 2026 et seront donc retirés du Plan National de Relance et de Résilience (PNRR), où ils avaient été initialement inscrits pour financement, a annoncé mardi le ministre des Investissements et des Projets européens (MIPE), Dragoș Pîslaru.
Il a précisé que la Roumanie a jusqu’à la fin juillet pour soumettre à la Commission européenne la version révisée du PNRR, tout en assurant que le pays ne perdra aucun fonds non remboursable.
Mardi, le ministre des Fonds européens et les représentants des ministères impliqués dans les projets financés par le PNRR ont rencontré la cheffe de la task force PNRR, Celine Gauer, pour poursuivre la renégociation du Plan – notamment afin de décider quels projets resteront financés et lesquels perdront leur financement.
Le ministre Pîslaru a qualifié la discussion, qui a duré environ trois heures, de « très bonne ».
Dragoș Pîslaru a expliqué que, sur le plan technique, les discussions entre la Roumanie et la Commission européenne avaient été suspendues car, malgré les retards, les représentants roumains refusaient de reconnaître politiquement que certains projets pourraient ne plus être éligibles au financement du PNRR, préférant faire passer leur retrait comme une décision imposée par Bruxelles.
« La Commission européenne avait, sur le plan technique, suspendu les discussions avec la Roumanie parce que la partie roumaine refusait d’assumer politiquement les retards. Même si ces retards étaient bien réels, la Roumanie n’admettait pas que certains projets pouvaient “tomber à l’eau”, et attendait plutôt une sorte de décision de la Commission pour pouvoir dire que Bruxelles avait éliminé les projets. C’est un vrai problème d’attitude, car la Commission n’élimine rien – elle constate simplement les retards et l’absence de justification technique prouvant que les projets peuvent encore être achevés d’ici août 2026 », a déclaré Pîslaru.
Il a refusé de désigner les responsables de ces retards.
« Quand j’ai pris mes fonctions, il n’y avait même plus de discussion technique sur ces questions. Les négociations ont commencé en août 2024. Les retards avaient été plus ou moins reconnus publiquement. Mon rôle est uniquement de constater que la partie roumaine a tenté de faire croire que les choses pouvaient encore être interprétées autrement », a-t-il ajouté.
Le ministre a précisé que, même si la renégociation du PNRR n’est pas encore finalisée et qu’aucune décision définitive n’a été prise quant aux projets conservés ou supprimés, la Roumanie a inscrit dans le plan des projets d’une valeur de 6,3 milliards d’euros qui ne pourront pas être réalisés avant la date limite d’août 2026. La version révisée du PNRR devra être remise à la Commission d’ici fin juillet.
« Actuellement, sur la base des analyses techniques, les projets représentant environ 6,3 milliards d’euros ne peuvent être finalisés d’ici août 2026. Donc, sur les 15 milliards, il resterait 8,7 milliards dans le PNRR, auxquels s’ajoute un ensemble de mesures liées à la résilience », a précisé Dragoș Pîslaru.
Concernant les projets qui seront retirés du financement et ceux qui seront maintenus, le chef du MIPE affirme que les ministères ont formulé des propositions et des arguments, et que les négociations se poursuivent :
« Lors de la discussion avec la Commission européenne, les ministères concernés ont présenté leurs arguments pour démontrer la faisabilité des investissements, des documents supplémentaires seront envoyés. La Commission évalue actuellement que certains projets sont plus réalisables que d’autres. Nous n’avons pas encore tranché. D’ici la fin de la semaine, toutes les preuves seront présentées. Ensuite, la semaine prochaine, auront lieu les dernières discussions techniques. »
Interrogé sur les investissements susceptibles d’être retirés de la liste, Pîslaru a répondu que celle-ci n’était pas encore définitive, car les négociations continuaient, mais que les projets non encore entamés seraient parmi les éliminés.
« La liste (des projets éliminés) sera rendue publique dès que nous aurons le mémorandum d’accord, ce n’est pas un secret, mais les négociations sont en cours. Il s’agit de tous les projets qui, tout simplement, n’ont pas encore démarré », a-t-il expliqué.
À la question de savoir ce qu’il adviendra des projets retirés du PNRR – s’ils seront mis en conservation ou abandonnés –, Pîslaru a indiqué que des sources de financement alternatives pourront être identifiées, en fonction des priorités et de la trésorerie.
« Il y a plusieurs cas de figure. Il y a des projets pour lesquels seuls les contrats ont été signés mais rien n’a commencé. Pour ceux-là, évidemment, il vaut mieux résilier les contrats et chercher d’autres sources de financement. Mais il y a aussi des projets mûrs, en cours de mise en œuvre ou tout juste lancés, mais essentiels pour la modernisation du pays, comme les autoroutes A7 et A8. J’ai déjà discuté avec le ministère des Finances et celui du Développement. Nous mettrons en place un mécanisme de hiérarchisation, pour trouver d’autres financements : la politique de cohésion, le Fonds de modernisation, la Banque européenne d’investissement… Tout cela doit se faire en parallèle. Une fois qu’on a clarifié ce qui est ou non dans le PNRR, il faut aussi vérifier l’espace budgétaire disponible, placer les autres projets en fonction, et voir les besoins en trésorerie pour l’année en cours », a expliqué le ministre.
Dragoș Pîslaru a toutefois assuré qu’à ce stade, la Roumanie ne perdra pas un seul euro de la composante non remboursable du PNRR. « Nous avons la confirmation que la Roumanie ne perdra pas un seul euro des fonds non remboursables. Il n’y a aucun risque que des projets ne soient pas prêts d’ici août 2026 », a-t-il conclu.
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