Pour cette nouvelle recommandation critique, la rédaction vous invite à découvrir le premier film du scénariste de « Oslo, 31 août », Eskil Vogt. Un film sur la cécité d’une jeune femme qui, ne pouvant plus voir, se met à questionner le réel.
Pour ce premier film, Eskil Vogt trouble le spectateur, en lui proposant un objet essayiste et artistique, une expérience sensorielle construite comme une sorte de collage non-linéaire. On plonge avec son héroïne dans sa solitude; ne pouvant plus voir, elle doute de tout ce qui l’entoure. Que ressent-elle à présent qu’elle a perdu la vue ? Comment se reconstruire après avoir perdu un sens qui a conditionné une partie de sa vie ? Que se représente-t-elle à présent ? A quoi vibre-t-elle ? Comment reconstruire mentalement son nouvel environnement ? Des questions qui ont véritablement hanté le cinéaste norvégien suite à la lecture du livre d’un ami, qui a servi de point de départ à cette première tentative cinématographique. En déplaçant la réalité, le spectateur doute, tout comme son héroïne, et doit garder tous ses sens en alerte pour démêler le vrai du faux, le réel du fantasme. En ce sens, Eskil Vogt ne manque pas d’ambition, il a foi dans ces spectateurs qui devront « participer » au film en restant attentifs et disposés à jouer le jeu à fond. L’immersion proposée est bien réelle, elle, il est inutile par contre de chercher à tout comprendre, car la première chose à faire en vous installant dans votre fauteuil, c’est d’être disposé à « sentir », à « ressentir ». Et si le cinéma n’était pas toujours un art du récit mais une véritable expérience sensorielle ? Eskil Vogt semble y croire en tout cas…
Cinema Elvire Popesco, București
Samedi 17 février 2018, 22H
2015 (1h 31min)
De Eskil Vogt
Avec Ellen Dorrit Petersen, Henrik Rafaelsen, Vera Vitali plus
Genres Drame, Thriller
Nationalité Norvégien
20 minutes : « Une véritable expérience sensorielle entre thriller et cinéma expérimental. »
TF1 news : « Premier film aussi séduisant que roublard, naviguant à vue entre réalité et fantasme pour travailler la frustration, l'imagination, la sensualité. »
Synopsis :
Ingrid vient de perdre la vue. Elle quitte rarement son appartement mais se rappelle encore à quoi ressemble l’extérieur. Les images qui étaient autrefois si claires se remplacent lentement par des visions plus obscures. Elle soupçonne son mari Morten de mentir quand il dit aller travailler. Est-il dans l’appartement avec elle à se cacher et l’observer en silence ? Ecrit-il à son amante quand il prétend envoyer des emails à ses collègues ?