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CINE - «A beautiful day» ou la figure du colosse brisé

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Écrit par Découvrez Bucarest
Publié le 1 mars 2018, mis à jour le 18 février 2021

Pour cette nouvelle recommandation critique, Grégory Rateau vous invite à découvrir un film noir, très noir, au titre français volontairement ironique prononcé par la jeune héroïne du film it's «A beautiful day» de la réalisatrice Lynne Ramsay. Joaquim Phoenix, habité comme jamais, donne l'impression qu'il s'apprête à jouer son dernier rôle; il y incarne un vétéran abîmé, ex-flic traumatisé, engagé dans une guerre privée qui s’avèrera être un vrai parcours de croix pour cet ange déchu.

 

La presse a souvent comparé ce film à «Taxi Driver» de Martin Scorsese mais la comparaison s’arrête à des archétypes déjà largement empruntés dans le cinéma de genre. Ce film est différent de son modèle, écrasant à tous les niveaux, tant l’esthétisme est ici relayé au second plan, pour se concentrer sur son acteur, Joaquim Phoenix, qui ne cesse de se renouveler de film en film, pour se mettre totalement à nu dans le rôle de Joe. De sa silhouette empâtée et tatouée de cicatrices, Joaquim est insaisissable, il dépasse littéralement des bords du cadre. Le titre original du film donne le ton: «Tu n’as jamais vraiment été là», oui, Joe, le héros, est une ombre, un ange vengeur qui ne trouvera aucune rédemption en punissant de son marteau les bourreaux responsables d’une enfance à jamais brisée. En nous entraînant dans les abîmes sans fond d’un réseau de prostitution pédophile, Lynne Ramsay interroge le présent mais les réminiscences, volontaires ou non, au cinéma du "Nouvel Hollywood" ne doivent en rien masquer l’actualité brulante de son propos. Elle choisit de filmer des âmes en peine se débattant dans un monde froid et brutal, où, malheureusement, la seule réponse possible est de rendre les coups donnés, ce qui n’effacera en rien, bien au contraire, les séquelles, les traumas à venir. La lumière ne semble pas se trouver au bout du tunnel et cette plongée dans un enfer bien incarné peut se résumer à cette pensée de Nietzsche : "Celui qui doit combattre des monstres doit prendre garde de ne pas devenir monstre lui-même. Et si tu regardes dans un abîme, l'abîme regarde aussi en toi".

 

Grégory Rateau

 

Joaquin Phoenix
Joaquin Phoenix 


Cinema Elvire Popesco, București

Vendredi, 02 mars 2018 / 20:30

Samedi, 03 mars 2018 / 20:30

Dimanche, 04 mars 2018 / 18:15

Mercredi, 07 mars 2018 / 18:30

 

 

2017 (1h 30min)
De Lynne Ramsay
Avec Joaquin Phoenix, Ekaterina Samsonov, Alessandro Nivola
Genres Thriller, Drame
Nationalités Britannique, Français, Américain

 


Critiques:

Positif: «Le quatrième long métrage de Lynne Ramsay [s'ouvre sur la] promesse d'un film de genre électrisant, avec invitation à partager l'intimité d'un as du crime. Cette promesse sera tenue, mais le programme chamboulé en cours de route. Ce qui permettra de passer de l'exercice de style brillant et maîtrisé à un film étonnant, attachant et dérangeant qui ne ressemble à aucun autre.»

Bande à part: «Le voyage au bout de la nuit d'un tueur à gages bordeline et la rencontre inoubliable entre Lynne Ramsay et Joaquin Phoenix. Un choc.»

 

 

Synopsis:


La fille d’un sénateur disparaît. Joe, un vétéran brutal et torturé, se lance à sa recherche. Confronté à un déferlement de vengeance et de corruption, il est entraîné malgré lui dans une spirale de violence...


auteur-gregory-rateau

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