

La mort d'un étudiant de 23 ans à la faculté dentaire de Nancy lors d'un week-end d'intégration, bien que non explicitée relance le débat sur le bizutage en ce mois de rentrée dans les grandes écoles. Et vous, qu'en pensez-vous ? Fait divers ou véritable problème de société ? Le bizutage, est-ce si terrible que ça ?
Photo AFP/JEAN-PHILIPPE KSIAZEK
(rédaction internationale) - A 23 ans, ce jeune étudiant de la faculté dentaire de Nancy participait au week-end d'intégration organisé par ses camarades lorsqu'il a disparu vendredi soir. Son corps a été retrouvé flottant sur le plan d'eau de Saulxures-sur-Moselotte, dans les Vosges. Son décès est imputé à une noyade suite à une forte alcoolisation. Même si les circonstances exactes sont encore à déterminer, on parle déjà d'un bizutage qui aurait mal tourné. Classes prépa, grandes écoles, classes de BTS? c'est la rentrée et le bizutage est d'actualité et le restera jusque début octobre. Objectif : intégration. Comment ? Des étudiants déjà avancés dans leurs cursus font subir diverses épreuves aux nouveaux venus. Mais ce qui est un simple jeu flirte souvent avec l'humiliation et tourne parfois en dérapage complet.
Le bizutage est interdit par la loi
Depuis la loi du 17 juin 1998*, le bizutage est un délit. Il est interdit "d'amener autrui, contre son gré ou non, à subir ou à commettre des actes humiliants". Pas de consentement possible donc. Et cette activité si elle est "liée au milieu scolaire, est punie de six mois d'emprisonnement et de 7.500 euros d'amende". Les victimes peuvent témoigner au 119, le numéro national de l'enfance maltraitée. Ces nouvelles mesures si elles ont limité les excès, n'ont pas fait disparaître la pratique qui se perpétue sous le couvert du terme "intégration". A Angers, cette semaine, ce sont 6 étudiants de l'ESSCA (Ecole supérieure des sciences commerciales) qui ont été arrêtés transportant deux étudiants ligotés, dont un dans le coffre de leur voiture. Après s'être assuré du consentement des victimes, les policiers les ont laissés repartir.
Selon Marie-France Henry, présidente du comité national contre le bizutage la loi peine à être appliquée car "il n'y a jamais de plaintes. Les victimes ont peur des représailles, et doivent faire face à des écoles qui ont de gros moyens de pression."Pour elle, il faudrait un encadrement par les équipes pédagogiques mais aussi une réelle application de la police à faire appliquer la loi sur la voie publique. Reste la question de tout ce qui échappe à ce contrôle extérieur, et qui est bien souvent le cadre des véritables dérapages.
L'esprit de corps
Faire sienne l'identité de l'école, le sentiment d'appartenance et de la reconnaissance de cette appartenance à un groupe est une des démarches essentielles à la bonne intégration des nouveaux et à la formation de ce que les sociologues appellent "l'esprit de corps". Et cela passe par des rites, la répétition simple de ce que toutes les sociétés primitives font depuis la nuit des temps. Un rite est défini comme "un ensemble ordonné de gestes et de paroles stéréotypées", ici dans un cadre profane. Doit- il pour cela être excessif ou même l'est-il par nature ? Lorsque des étudiants en classe préparatoire déambulent dans les rues, en demandant aux passants de les recouvrir de crème chantilly, puis sont attachés aux grilles de l'établissement et aspergés de soupe de poisson, est-on encore dans le rite ou dans l'humiliation pure et simple ?
De l'intégration
Une autre façon d'appréhender le phénomène semble néanmoins possible et se développe. A l'Insa (école d'ingénieurs) de Haute-Garonne, on parle d'intégration et pour la cinquième année on l'envisage d'une façon citoyenne avec découverte de la ville et nettoyage de la forêt, concours à la clé. Cette initiative a pour but de créer une cohésion de groupe en répondant à un enjeu écologique. "Toutes les activités que l'on propose sont ludiques"confie Morgan, organisateur de la semaine d'intégration. Frédéric, en deuxième année renchérit "Plus de la moitié des élèves de première année ne sont pas d'ici. Pour qu'ils ne soient pas isolés, il est donc nécessaire de créer des liens".
Alors, le bizutage est-il un simple jeu ou un "mal nécessaire"? Que faire pour endiguer le phénomène ? Faut-il faire appliquer la loi interdisant ces pratiques, voire être plus stricte ? Si oui comment ? Comment éviter les accidents ? Racontez-nous vos expériences et donnez votre avis en nous envoyant un e-mail à votreavis@lepetitjournal.com en nous indiquant vos noms, âge et lieu de résidence.
Laetitia Gueugnon (www.lepetitjournal.com) mardi 28 septembre 2009
*article 225-16-1 du code pénal
Voir aussi :
L'article de La dépèche : Bouconne. Le bizutage écolo des étudiants de l'INSA
L'article de Larep.com : Adieu bizutage, bonjour soirées d'intégration...
La tribune de Genève : Un bizutage de collégiens dérape. Procès
































