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Le « Français fondamental » à la conquête du monde

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Écrit par FLEcible
Publié le 24 décembre 2020

« T’inquiète, je te tiens au jus par texto ». Français au rabais ? Non, « Français fondamental » ! Car comme l’a écrit le Suisse Ferdinand de Saussure, l’un des pères de la linguistique comme science, « c’est la langue telle qu’elle est parlée par une communauté à un moment donné qui est la réalité ». Dans les années 1950, forte de ce savoir – Saussure est un savant du passage du 19 au 20ème siècle – une équipe de chercheurs en linguistique appliquée se lance dans des études sur le français parlé afin de déterminer ce qu’il faut savoir de notre langue orale afin de l’acquérir rapidement, et plus précisément il s'agit d'identifier les structures grammaticales les plus usitées par les locuteurs. De ces travaux naîtra le « Français fondamental » et la création en 1959 puis le développement du Centre de Recherche et d’Etudes pour la Diffusion du Français (CREDIF), l’une des phases les plus importantes de l’expansion du français dans le monde.

Derrière l’expression de Français fondamental se trouvent les notions grammaticales, lexicales, syntaxiques de base nécessaires à connaître afin d’être autonome dans son apprentissage. Par exemple, ce Français fondamental ne consiste pas en un vocabulaire à connaître par cœur mais en des mots placés dans un contexte de la vie quotidienne que l’apprenant est capable d’utiliser dans la situation adéquate. Certains diront que l’on déprécie la langue, mais du point de vue pédagogique il s’agit d’acquérir des notions suffisantes, avant d’aborder l’apprentissage du « Français complet » si on le souhaite. Le Français fondamental a été conçu pour un public varié allant des enfants aux adultes. C’est l’équivalent du « Basic English ».

Il est important de bien noter que ce n’est pas une langue qui diffère du « Français complet » mais plutôt une première étape pour rendre l’apprentissage utile, pratique et agréable, avant de passer pour ceux qui se prennent au jeu à l’acquisition de la langue dans toute sa complexité et sa richesse. Comme pour la plupart des langues, l’oral s’apprend rapidement en français, et il est donc possible grâce à l’approche du Français fondamental de parler assez vite un peu. Avec cette technique, on va à l’essentiel. Ce qui prime dans cet apprentissage est la fréquence d’usage des mots (lesquels sont les plus usités ? Des verbes - être, avoir, aller, venir… - et peu d’adjectifs) et leur disponibilité (que les apprenants connaissent ces mots). Le Français fondamental permet donc d’apprendre l’essentiel des conditions réelles d’utilisation d’un terme et de laisser dans un premier temps de côté le superflu. Il doit de surcroît s’adapter aux besoins des apprenants, selon les régions et les circonstances.

Les linguistes à l’origine du Français fondamental et les responsables de l’Education nationale impliqués dans cette approche pédagogique leur donnèrent comme définition, en tant que but ressenti comme impératif, d’assurer « la diffusion la plus large et la plus efficace possible du français hors de France », l’idée essentielle étant à l’époque de « dépoussiérer » la langue… Plusieurs ouvrages de Français fondamental ont alors été édités par les équipes, notamment « Le Français fondamental pour l’Afrique ». La modernisation de l’enseignement du français est née, on assiste à une véritable « révolution » didactique puisque désormais on enseigne le français non pas tel qu’il est écrit mais tel qu’il est parlé par les natifs. La référence devient donc la langue parlée du quotidien, Coluche plutôt que Molière…

Au niveau de l’Hexagone, la notion de Français fondamental a ainsi modifié la didactique des langues. D’abord dénommée « linguistique appliquée », elle deviendra de la « didactique des langues étrangères » à partir de 1983 et son impact amènera à changer les progressions lexicales et grammaticales dans les méthodes de FLE. A la suite de ces constatations et changements, on donnera la priorité au langage quotidien, celui utilisé le plus souvent. Cela rejoint donc la pensée de Saussure qui formulait de manière un peu savante que « l’aspect synchronique (de la langue) prime sur l’aspect diachronique ».

Le saviez-vous ?

Le son « u » du français, qui se note phonétiquement [y], est très rare dans le monde, ce qui le rend difficile pour les non-natifs, qui l’écorchent souvent et le prononcent la plupart du temps comme un [ou], ce qui donne « ma voiture est dans la roue » au lieu de « ma voiture est dans la rue ».

FLE
Publié le 24 décembre 2020, mis à jour le 24 décembre 2020

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