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Dans l’Arakan, trois soldats condamnés à 20 ans de prison pour viol

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Une patrouille de l'armée régulière birmane dans l'Arakan
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 14 décembre 2020, mis à jour le 14 décembre 2020

Le 11 décembre, un tribunal militaire à Sittwé a condamné trois soldats à 20 ans de prison pour le viol en réunion d’une femme de 36 ans, isolée avec sa fille de 19 ans dans son village de U Ga, près de Rathedaung, alors déserté à cause des combats entre l’armée régulière birmane et le mouvement combattant rebelle de l’Armée de l’Arakan (AA). « Les trois hommes ont été mis en accusation pour violation des articles 71, 366 et 376 du code militaire, ils ont tous les trois fini par reconnaître les faits et en conséquence chacun d’entre eux a pris 20 ans de réclusion », a déclaré l’avocate de la plaignante, en ajoutant que « c’est la peine maximum que l’on pouvait espérer ».

Le 10 juillet 2020, une femme se rend au poste de police de Sittwé Myoma et porte plainte pour viol, affirmant que trois soldats d’un convoi militaire passant par son village avaient abusé d’elle le 29 juin. La femme raconte alors à la radio RFA l’extrême violence de ce qu’elle a vécu : « Je me cachais avec ma fille de 19 ans, qui venait juste de mettre un enfant au monde et ne pouvait pas encore se mouvoir ». Les trois hommes ont alors pris la victime et l’ont traînée dans une autre maison où ils l’ont violée en la tenant en joue avec leurs armes, puis en lui passant un couteau sur le corps et en la menaçant de la poignarder parce qu’elle « était une rebelle ». Après quoi, toujours selon son témoignage, ses bourreaux l’ont menée devant un autre homme, manifestement de plus haut rang, et l’ont forcée à prendre 20 000 kyats (environ 14 euros), l’homme de plus haut rang lui disant de se taire sinon elle serait tuée, elle et toute sa famille. Un quart d’heure après qu’elle a pu retourner chez elle, l’un des violeurs est revenu pour se saisir de sa fille de 19 ans, affirmant qu’elle devait être « interrogée ». Sa mère a intercédé pour elle, faisant valoir qu’elle venait d’accoucher. Les soldats ont finalement renoncé. Dès le lendemain, les deux femmes ont fui et rejoint Sittwé tant bien que mal.

Dans un premier temps, la réaction officielle de l’armée fut de dénoncer « une histoire fabriquée de toutes pièces afin de nuire à la Tatmadaw [le nom de l’armée régulière birmane] aux yeux du public ». Les responsables de la propagande militaire n’hésitèrent d’ailleurs pas à révéler le nom de la victime, de manière totalement illégale, en l’accusant de mentir et en conservant anonymes les noms des accusés, au nom de « leur droit à la présomption d’innocence », à la plus grande ire de nombreux civils. Mais lorsque les trois bourreaux ont avoué leur crime, le porte-parole de l’armée a alors changé son fusil d’épaule, occultant le dénigrement des premiers jours pour annoncer que « le tribunal militaire allait sévir ». En revanche, l’homme de rang supérieur n’a pas été inquiété et n’est apparu nulle part durant la procédure de justice. Il s’agit du premier procès à l’encontre de militaires depuis les deux ans que dure la guerre civile contre l’AA, et cela malgré les nombreuses exactions documentées et même reconnues par le haut-commandement dans certains cas.

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