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Des combattants de l'Armée de l'ArakanDes combattants de l'Armée de l'Arakan
Des combattants de l'Armée de l'Arakan
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 16 mars 2020, mis à jour le 17 mars 2020

Impossible de savoir exactement ce qu’il se passe dans l’Arakan ou dans le sud de l’état de Chin puisque ses zones sont fermées aux journalistes et que les connections internet y sont également cadenassées. Mais les victimes, elles, finissent par se compter lorsqu’elles arrivent dans les centres de soins locaux – hôpitaux, dispensaires… - avec des blessures par balles et par éclats de mortier… A ce jour, au moins 20 morts civils sont rapportés de manière certaine, et au moins 30 blessés.

Le 13 mars dernier, l’Armée de l’Arakan (AA), un groupe de combattants réclamant officiellement plus d’autonomie pour l’état de l’Arakan, aurait tendu une embuscade à des soldats de l’armée régulière birmane (la Tatmadaw), capturant 30 militaires dont des officiers dans la région de Mrauk-U. C’est ce que l’AA affirme, déclarant répondre ainsi aux agissements de l’armée régulière car « au moins 15 civils accusés d’être des sympathisants de l’AA sont morts en détention dans des prisons militaires », selon les dires d’un porte-parole de l’AA à Radio Free Asia. De son côté, le général Tun Tun Nyi, numéro 2 de l’agence de communication de l’armée, dont le nom officiel est l'extraordinaire « Les vraies informations », dit n’être au courant de rien.

Plus de 100 000 réfugiés dans des camps de fortune

Un triste jeu de sourds qui aboutit à une chaîne de violence sans interruption à laquelle presque plus personne ne prête attention. La Tatmadaw aurait ainsi lancer des représailles aériennes sur des villages de l’état de Chin, autour de Paletwa, où se cacheraient des combattants de l’AA. Et l’armée régulière d’affirmer que « les frappes aériennes ne sont pas des choses qui se font au hasard. Ce serait imprudent ». Pourtant, témoins et victimes ont bien vu des avions militaires et les frappes ont tué au moins 12 personnes. « Sûrement des combattants de l’AA déguisés en civils », reprennent les autorités militaires birmanes, « le problème est que ces combattants se déguisent souvent en civil et se cachent dans les villages, ce qui fait que pour les aviateurs il est difficile de distinguer qui est qui ». Ce qui ne les empêche apparemment pas de tirer… Et l’AA de bien sûr répondre qu’au grand jamais ses combattants ne font ou ne feraient une telle chose, s’habiller en civil et se cacher dans des villages… Les civils eux confirment à la fois les frappes aveugles des militaires et l’hypocrisie de AA. « Nous n’en pouvons plus, nous les renvoyons dos-à-dos, les deux côtés mentent », déplore un militant d’une ONG locale. Au moins 500 personnes ont fui leurs villages pour se refugier dans des monastères ou des écoles alentours.

Sur la route entre Mrauk-U et Kyauktaw, même tragédie. Selon ce que de nombreux villageois rapportent à Radio Free Asia, « l’armée a conduit une attaque à l’arme légère et au mortier sur des villages autour de Tainnyo, sur l’hôpital et sur un camp de déplacés internes. Ils ont tiré au hasard et ont expliqué aux villageois que cette attaque se faisait en représailles de celle de l’AA sur leurs troupes dans la région ». D’autres villageois témoignent que « des convois militaires ont juste déchargés leurs armes sur des villages en circulant sur la route ». La Tatmadaw répond que tout cela est impossible puisque ses forces respectent scrupuleusement les règles d’engagement et ne tireraient donc pas sur des villages sans raisons. « Les combattants de l’AA se réfugient dans ces villages et ces camps et ils provoquent nos soldats. Nous nous contentons de répliquer… » ; à quoi l’AA répond « ne jamais s’abriter derrière les civils ». Une ritournelle à deux indéfiniment répétée en chœur. L’hôpital de Tainnyo a été temporairement fermé et les villageois du coin sont allés gonfler la masse des plus de 100 000 réfugiés dans des camps de fortune depuis que le conflit entre Tatmadaw et AA a commencé.

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