Édition internationale

Discussion : la santé des femmes, cette zone grise de la médecine

Ce mardi 20 mai, se tenait à l’ambassade de France à Berlin, une table ronde sur le sujet de la santé au féminin. Réunissant des spécialistes du secteur de la santé, cette rencontre était organisée par le club local du réseau international Féminin Pluriel. 

les participants du panel sur la santé au féminin organisé par Feminin plurielles participants du panel sur la santé au féminin organisé par Feminin pluriel
© Denis Konovalov
Écrit par Emma Granier
Publié le 22 mai 2025, mis à jour le 29 mai 2025

Féminin Pluriel est une plateforme internationale pour donner l’opportunité aux femmes professionnelles de networker et d’échanger leurs expériences et conseils. L’un des objectifs principaux du club est de créer un espace de discussion pour que leaders et preneurs de décisions se questionnent sur les challenges de la société actuelle : la santé des femmes en fait partie.

 

les participants à la table ronde sur la santé des femmes par Feminin pluriel

 

Une santé encore pensée au masculin

La santé des femmes est un indice de qualité pour l’ensemble de la société selon Prof. Dr. Jalil Sehouli, chef du service de gynécologie de la Charité.
Les standards de santé que nous avons en Allemagne sont bons. Mais ils ne sont pas encore assez bons. Les femmes sont sous représentées dans les groupes de recherche et dans les essais cliniques. Cela conduit à un déficit de données considérable concernant la santé des femmes en général et donc à une discrimination structurée.”

Ce manque de données chiffrées, Dr. Oussama Jabri, directeur général Healthcare Romania, et Christine Kurmeyer, responsable pour l’égalité hommes-femmes à la Charité, le soulignent également.
Quand elle a commencé à la Charité, Christine Kurmeyer explique qu’elle ne s’identifiait pas du tout au matériel ni aux études qui étaient à disposition “il n’y avait qu’un genre dans tous ces outils, le genre masculin. Seulement en gynécologie, tout d’un coup, le genre féminin apparaissait. Je ne me retrouverai pas du tout là-dedans.”
Elle ajoute “Il faut chercher les différences et toujours se demander si il y a des différences.” Après 20 ans à la Charité, elle constate que la recherche de ces différences devient de plus en plus fréquente mais pas encore systématique. 

 

Nous ne pouvons pas pratiquer une médecine de qualité sans reconnaître qu’il n'a pas qu'un seul et unique genre. Christine Kurmeyer, responsable pour l’égalité hommes-femmes à la Charité

Ce biais, qui existe dans les recherches et essais cliniques, il faut que les médecins comme les patients en soient conscients. C’est seulement en 1993 que le congrès des États-Unis a inclus les femmes aux essais cliniques et seulement depuis 2014 que les premiers chiffres peuvent être utilisés explique Oussama Jabri.

Christine Kurmeyer donne l’exemple des défibrillateurs que l’on trouve fréquemment dans les lieux publics. C’est parce que beaucoup d’hommes souffrent de crise cardiaque que l’on en trouve mais l’on ne trouve pas l’équivalent pour les maux fréquents chez les femmes. 


Le système de santé freiné par sa structure économique ?

Dr. Fatima Sanfourche, présidente du club Féminin Pluriel Berlin, pose la question : “S’il y avait plus de femmes dans des postes à responsabilité, est-ce que le paradigme changerait ?
La réponse de Christine Kurmeyer est claire,  toutes les femmes ne sont pas féministes et c’est en travaillant ensemble, hommes et femmes, sur ce sujet, que les choses évolueront. 

Parmi les maladies touchant les femmes et pour lesquelles les données ne sont encore assez suffisantes pour mener à des diagnostiques et des traitements efficaces, les risques cardio-vasculaires, l’endométriose, ou encore les maladies liées à la ménopause ont été évoquées lors de cette discussion. Dr. Anna Bartol, Head of Health Policy chez Bayer vital, le sujet de la ménopause est négligé depuis longtemps. Elle explique d’ailleurs que c’est la première fois (en 78 ans) qu’une conférence sur ce thème est donnée lors de l’Assemblée mondiale de la Santé organisée par l’OMS qui a lieu actuellement à Genève. 

Prof. Dr. Jalil Sehouli rappelle qu’il faut replacer cette thématique dans le système actuel pour comprendre les freins au développement de la recherche pour la santé des femmes. Plus on fait d’actes médicaux, plus on génère des revenus au secteur. Cela entraîne un raccourcissement du temps des consultations (8 minutes en moyenne en Allemagne pour une consultation gynécologique), alors que la santé et la prévention seraient certainement bien meilleures si plus de temps était accordé aux consultations pour expliquer et informer les patientes et patients. 

Pour réduire les inégalités en matière de santé des femmes, les panélistes ont convenu que la technologie joue un rôle essentiel. Elle peut améliorer l'accès aux soins, limiter les biais dans la recherche médicale et proposer des solutions adaptées aux besoins des femmes. Des innovations comme la FemTech et les diagnostics basés sur l'intelligence artificielle offrent de meilleures informations sur la santé et des options de traitement, contribuant ainsi à combler ces disparités. Cependant, la technologie repose sur des données qui doivent provenir d'essais cliniques ou de sources du monde réel pour garantir des solutions précises et efficaces.

 

Pour suivre l'actualité du club Féminin Pluriel à Berlin et rejoindre leurs prochains événements, rendez-vous sur leur site internet
 

 

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