Le 3 octobre, jour de la fête nationale allemande, 63 œuvres d’art issues de l’Île aux Musées à Berlin ont été dégradées. Vandalismes isolés ou acte symbolique ? Quelles en seraient les raisons ?
Une date symbolique
L’acte n’a toujours pas été revendiqué. Pourtant, cela s’est produit le 3 octobre, un jour très symbolique pour les Allemands puisqu’il s’agit de la date anniversaire de la réunification qui a eu lieu en 1990. Pourquoi et par qui 30 ans plus tard, des pièces issues de l’Île aux Musées de Berlin sont-elles abîmées volontairement ? Le mystère plane autour de cet acte qui a entraîné une enquête policière, encore non élucidée à ce jour.
Trois musées touchés
L’Île aux Musées pourrait être comparée au Louvre parisien. Créée au début du XIXe siècle, l’Île témoigne d’un siècle de politique culturelle engagée par le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III. En 1999, elle a été placée au patrimoine mondial de l’UNESCO. On y trouve cinq musées et le site appartient à la Fondation d’Etat du patrimoine culturel prussien. Les dégradations ont été retrouvées dans trois musées : d’abord au Musée de Pergame (Pergamonmuseum), le musée archéologique ; au Nouveau Musée (Neues Museum) qui regroupe des collections égyptiennes où des sarcophages ainsi que des sculptures ont été dégradés ; enfin, à l’Ancienne Galerie Nationale (Alte Nationalgalerie), musée de peintures du XIXe siècle, où des toiles ont été vandalisées. Un liquide huileux semble avoir été jeté, ce qui a formé des tâches sur les 63 œuvres d’art.
Une « menace pour la culture »
Christina Haak, directrice adjointe des musées nationaux de Berlin a affirmé que des tâches similaires avaient été constatées à l’extérieur des bâtiments et a ajouté « la menace a pénétré à l’intérieur ». Selon elle, il n’y a pas de lien entre les différentes pièces vandalisées, si ce n’est qu’il s’agit d’œuvres moins célèbres et que concernant les toiles, ce sont les cadres qui ont été touchés. Elle déclare que cet acte de vandalisme incarne une « menace pour la culture ». Par ailleurs, il s’agit à ce jour des plus importants dégâts produits volontairement aux bâtiments de l'Île aux Musées de Berlin depuis la Seconde Guerre mondiale.
La ministre d'État à la culture, Monika Grütters a de son côté affirmé que les vandalismes sont« dirigés contre les formes d'expression artistique, contre notre patrimoine culturel à tous, contre les formes civiles de conflit et donc contre les principes de notre image démocratique. »
Qui est le coupable ?
Aucune réelle piste n’a été dégagée par les enquêteurs. Cependant, quelques soupçons se sont portés sur Attila Hildmann, un auteur célèbre de cuisine végane dont les idées conspirationnistes le font qualifier Angela Merkel de « démone » qu’il accuse de génocide dissimulé à travers sa lutte contre la pandémie.
Pour rappel, la chancelière habite en face de l’Île aux Musées. En juin, l’antisémite Attila Hildmann avait fait un rassemblement sur les marches de l’Ancienne Galerie Nationale et en réponse à cela, la fondation s'est engagée en faveur du cosmopolitisme et contre le racisme, l'antisémitisme et le nationalisme en installant une banderole à l’entrée du musée. Attila Hildmann a même déclaré que le musée de Pergame abrite le « Trône de Satan » au sein duquel la nuit, des enfants seraient violés et des gens sacrifiés.
Toutefois, les enquêtes sont encore en cours et il est très difficile à ce jour de trouver le coupable. Enfin, cet événement soulève une nouvelle fois la question de la sécurité des Musées de l’Île.