Seboh Creation, Sébastien Nayener de son vrai nom, parcourt les rues de la capitale à ses heures perdues, à la recherche de matériaux de récupération en tout genre pour les transformer en oeuvres d'art. Nous l’avons suivi pendant une matinée.
En ce mardi matin, j’ai rendez-vous avec Sébastien dans le quartier autour de la Boxhagener Platz, à Berlin-Friedrichshain. Deux à trois fois par mois, cet artiste originaire de Franche Comté arpente les rues de Berlin dans ce qu’il appelle des « sessions freestyles » : posé sur son vélo, il pédale en quête d’objets voués être jetés, et abandonnés sur les trottoirs et dans les parcs de la ville. Miroirs, commodes, tables, planches… rien ne lui échappe.
Mais alors pourquoi ? Depuis le mois de décembre 2023, Sébastien réalise ces « sessions freestyles » dans le but de donner une deuxième vie à des objets et ainsi de les offrir aux passants, sous forme d’œuvres d’arts entièrement gratuites. « C'est une manière de proposer une autre facette de mon travail, tournée vers la spontanéité et la capacité d'adaptation, de donner l'occasion d'avoir des oeuvres gratuites à toutes celles et ceux qui n'auraient pas les moyens de se payer des oeuvres originales conçues en atelier et c'est aussi une façon de contribuer à l’environnement à ma façon. »
"Ça fait du bien, c’est comme une bulle d’oxygène."
Arrivé au lieu de rendez-vous, je retrouve Sébastien qui me montre déjà deux planches en bois qu’il vient de repérer en arrivant. Après un instant de réflexion et à la recherche d’inspiration, Sébastien sort ses bombes sprays de son sac à dos et commence à pulvériser la première planche. En seulement quelques dizaines de minutes, il réalise deux planches, sur lesquelles il vient écrire un message, une punchline, pour venir donner un tout autre sens à ses œuvres.
En un tour de vélo, nous rejoignons une rue voisine ou Sébastien a repéré une longue planche noire, sans doute partie apparente d’une armoire, qu’il dispose dans un petit parc, au calme, afin de réaliser sa troisième œuvre de la matinée. Pour Sébastien, ces sessions improvisées ont une tout autre approche que son travail en atelier ou pour des commissions. Passant maximum une heure par œuvre à chaque sortie, il explore des thèmes différents, actuels ou non, et travaille ainsi son style graphique, sa spontanéité, son improvisation, etc… « L’avantage de travailler avec des plus petits supports que ce à quoi je suis habitué, c'est que ça m’aide fortement à améliorer ma précision dans le maniement des sprays, au niveau de mon style et des détails en particulier. »
Depuis fin 2022, Seboh Creation s’est lancé dans le travail d'improvisation dans la rue, inspiré en partie par le travail d’autres artistes comme l’américain Keith Haring au niveau du style ou encore, au niveau de la manière, par le street-artiste français Lorem, qui a l’habitude de laisser ses œuvres improvisées dans les rues colorées du Marais, à Paris. Sébastien, lui, préfère les donner directement aux passants intrigués qui le regardent faire, toujours preneurs d’une œuvre d’art gratuite réalisée sous leurs yeux.
Pour cette troisième pièce, Sébastien se lance sur le thème actuel de la réalité virtuelle, avec le dessin d’un jeune garçon portant un casque de réalité virtuelle, surmonté du message « Je vois un humain mais aucune humanité », une façon de questionner sur les rapports humains à travers l’explosion aux technologies.
Nous repartons à vélo dans les rues pavées de Boxi à la recherche d’un dernier support intéressant sur lequel travailler. Jetant un coup d’œil sur chaque trottoir et recoin du quartier, Sébastien tombe finalement sur deux grandes planches, appartenant peut-être à une étagère ou une armoire : cela servira pour l’œuvre finale de la matinée. Une fille coincée dans une boîte, et y dessinant des poissons sur ses côtés, surmonté du message suivant : « Votre zone de confort vous tuera », comme une incitation à faire des choses qui au premier abord font peur.
Depuis plus de 7 ans, Sébastien partage son travail et ses création sur son compte Instagram @Seboh_creation et son site internet www.seboh.eu où l’on peut retrouver presque l’entièreté de ces œuvres, comme les portraits de l’artiste américain Tupac, ou encore de Bruce Lee ou du basketteur Kobe Bryant.
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