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Les Verts allemands en chute libre

Robert Habeck et Annelena Baerbock, symbole des Verts © gruene.deRobert Habeck et Annelena Baerbock, symbole des Verts © gruene.de
Robert Habeck et Annelena Baerbock, symbole des Verts © gruene.de
Écrit par Ambre Lagraulet
Publié le 26 mai 2023, mis à jour le 26 mai 2023

Tensions dans la coalition gouvernementale, perte de popularité, baisse des intentions de vote dans les sondages… Les Verts allemands (Grüne) traversent une crise politique difficile à surmonter.

 

Depuis plusieurs semaines, le parti Vert allemand semble traverser une mauvaise passe. Les journaux du pays n'hésitent d'ailleurs pas à souligner la "crise" que les écologistes traversent. En cause : de nombreuses difficultés qui se sont accumulées, et qui résultent en une perte de confiance des Allemands pour le parti au gouvernement. Ceux qui espéraient placer un chancelier vert à sa tête aux élections législatives de 2025, voient leurs chances s’effondrer.

 

La coalition gouvernementale déchirée

À l’origine des problèmes que subissent les Verts : des tensions grandissantes dans la coalition feu tricolore, notamment avec les libéraux du FDP. Ces dernières se cristallisent, entre autres, autour du projet de loi sur les pompes à chaleur, proposé par Robert Habeck, vice-chancelier, ministre de l’Économie et du Climat et chef de file du parti. C’est d’ailleurs ce dernier qui souffre sans doute le plus de cette baisse de popularité.

 

L’objectif du projet de loi était de décarboner les chauffages, en passant par l’interdiction de l’installation de nouveau chauffage au fioul ou gaz d’ici 2024. Cependant, nombreux sont les Allemands qui s’inquiètent du coût élevé d’une telle mesure, notamment face aux difficultés financières déjà entrainées par l’inflation. Les critiques portent également sur le fait que la loi semble mal exécutée, et les coûts très élevés.

 

Si le FDP avait par ailleurs approuvé le projet de loi en conseil de ministres, les libéraux refusent désormais de le voter au parlement, Habeck les avait alors accusés de "trahir leur parole". Les Verts n’ont donc ni le soutien de la population, ni de leurs alliés. Le ministre s’est ainsi déclaré prêt à apporter des modifications importantes à sa loi, notamment en établissant un échelonnement de la date de démarrage. Il souhaite en outre mener des entretiens avec des associations concernées, afin "d’unir les groupes de la coalition derrière cette loi, mais aussi d'obtenir le soutien de la société pour la protection du climat", selon des propos reportés par le journal Zeit.

 

La révélation de conflits d’intérêts

Déjà fragilisé par son projet de loi qui peine à faire l’unanimité, Habeck a également du faire face à la révélation d’une affaire de conflits d’intérêts au sein du ministère de l’Économie et du Climat. Un proche du secrétaire d’État à l’Énergie, Patrick Graichen, a ainsi été nominé à la tête de l’Agence allemande de l’énergie. Ce dernier aurait joué un rôle dans la nomination de celui qui a été son témoin de mariage, en lui offrant un poste de premier plan. Le ministre a dû reconnaître une faute dans la procédure.

 

Par la suite, à l'issue de l’étude des appels d’offres et de projets, un autre conflit d’intérêt potentiel a été révélé : Patrick Graichen aurait favorisé une association codirigée par sa sœur pour l’attribution d’une subvention. Face à la tourmente, Habeck a du poussé son secrétaire d’Etat à la démission.

 

Ce scandale a fortement entaché la communication du ministre. Selon un sondage commandé par le journal Bild, 50% des Allemands souhaitent sa démission. Il est vu comme le responsable de toutes les difficultés du parti. Il chute aussi à la 16e place dans le sondage de popularité du même journal. Ils sont seulement 28% a souhaiter qu’ils conservent son poste. Auparavant très apprécié des citoyens, Habeck est dorénavant critiqué au sein même de son propre parti.

 

Des mauvais résultats électoraux

Dimanche 14 mai, les Verts ont subi un vrai revers lors des dernières élections régionales à Brême, qui est pourtant une région ancrée à gauche. Ils ont obtenu leur plus mauvais résultat dans la région depuis plus de 20 ans, récoltant seulement 12% des suffrages. Il y a quatre ans, ils réalisaient un score de 17,4%. La sénatrice pour l’environnement et les transports, et tête de liste, Maike Schaefer, a annoncé son retrait à la suite des résultats. Le député écologiste Anton Hofreiter a tenu les tensions au sein de la coalition gouvernementale comme responsables de ce mauvais score.

 

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Sondage paru dans le journal Bild, à propos des intentions de vote pour les partis allemands

 

Dans plusieurs sondages parus récemment, les écologistes subissent une forte baisse de popularité : le taux d’approbation du parti a chuté à 15% Dans un dernier sondage commandé par le journal Bild, le parti est crédité de 14% d’intentions de vote, et passe donc derrière le parti d’extrême droite de l’AFD, qui deviendrait le troisième parti du pays. Il y a encore quelques mois, ils atteignaient les 20%.

 

Ainsi, s’ils ont longtemps bénéficié d’une opinion positive, l’image positive du parti des Verts en Allemagne s’effrite grandement. C’est tout l’avenir du ministre et du parti des Verts qui est compromis par ce projet de loi et la succession de difficultés de ces dernières semaines, selon le journal allemand Der Spiegel. Se pose alors la question de la tête de liste des Écologistes aux législatives de 2025. Annalena Baerbock, ministre des Affaires étrangères, pourrait bien écarter Habeck et prendre sa place.

 

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