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PROSTITUTION – A Berlin, le trottoir sous les fenêtres

Écrit par Lepetitjournal Berlin
Publié le 20 février 2008, mis à jour le 13 novembre 2012

La Kurfürstenstrasse à Berlin est une zone de prostitution depuis l'époque impériale. Dans un immeuble de la rue, une association organise des rencontres pour les prostituées et les toxicomanes des environs. Reportage au c?ur du quartier rouge de Berlin

Sex shop sur la Kurfürstenstrasse (photo M.B.)

Les habitants d'un immeuble berlinois presque ordinaire découvrent un soir devant leur porte une plante d'appartement accompagnée d'un petit mot : un point rencontre pour prostituées et toxicomanes ouvre quatre soirs par semaine au rez-de-chaussée. La directrice invite les voisins à boire un café pour faire connaissance? Le jour dit, le public est très maigre : trois voisines ont fait le déplacement. Selon la directrice du centre, Michaela Klose, c'est la bonne réputation de l'association qui a permis l'accord du syndic. La Kurfürstenstraße est connue comme zone de prostitution depuis l'époque impériale. Depuis plusieurs mois, les riverains se mobilisent pour s'opposer à la construction d'un "méga-bordel"de 40 chambres au coin de la Potsdamer Straße. La prostitution étant légale en Allemagne, la municipalité peut difficilement s'opposer juridiquement au projet.

Un quartier "relativement calme"
"Tout le monde dit que c'est devenu plus violent ces derniers temps. Moi, en observant, je trouve ça relativement calme, malgré l'apparence", juge Michaela Klose. L'énergique directrice a travaillé 14 ans au contact de familles, d'enfants et de jeunes en difficulté.
Les prostituées dont elle s'occupe ont entre 20 et 60 ans, la trentaine en moyenne. Les Allemandes sont le plus souvent droguées, alcooliques ou sans domicile fixe. Les Tchèques ou les Polonaises, plus jeunes, envoient l'argent qu'elles gagnent à leur famille, qui les croient souvent jeunes filles au pair. Depuis un an et demi, ce sont les Bulgares qui ont fait leur apparition. "Quand un nouveau groupe arrive, les anciennes se plaignent de façon presque raciste. Elles disent que les nouvelles n'utilisent pas de préservatifs et qu'elles font baisser les prix", explique Michaela Klose à ses voisines.
"Des femmes qui ont l'air extrêmement malades trouvent quand même des clients", s'alarme la directrice. Le Frauentreff Olga propose aux prostituées des examens médicaux gratuits et anonymes, ainsi qu'une aide sociale et juridique. La consommation d'alcool et de drogue est interdite dans les lieux, d'où l'absence de serrure sur la porte des toilettes pour éviter les prises d'héroïne clandestines. Les prostituées entrent par une porte distincte des autres locataires. Les femmes peuvent manger sur place, se doucher et se reposer.

Le magasin LSD, futur bordel ?

S'apprivoiser mutuellement 
Serviable, la jeune locataire du troisième propose à Michaela Klose de descendre quelques vieux vêtements pour la banque de prêt du centre. Les prostituées viennent au Frauentreff en "tenue de travail". Les hommes sont interdits d'entrée, afin de bâtir plus facilement une "relation de confiance". "On voit que beaucoup d'entre elles sont battues", explique la responsable à l'attention des trois voisines présentes. Le déménagement du point accueil permet aux filles de la Kurfürstenstraße d'y venir plus facilement, sans attirer l'attention des éventuels proxénètes. Une grosse trentaine de prostituées étaient présentes les soirs de la première semaine, rapporte la directrice. Le soir tombe déjà. Pendant que les habitantes de l'immeuble s'éclipsent à tour de rôle, deux femmes en minijupe demandent déjà à entrer.
Margot REIS (www.lepetitjournal.com/berlin.html) lundi 18 février 2008

Lire aussi :
Prostitution-Un projet de maison close à Schöneberg contesté par les habitants (16.10.2007)
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Publié le 20 février 2008, mis à jour le 13 novembre 2012

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